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Chris Nilan : «Je n’ai jamais voulu arrêter de me battre»

L’ancien dur à cuire est la tête d’affiche du documentaire The Last Gladiators. En entrevue avec Métro, il aborde avec candeur ses années de gloire avec le Canadien, mais également les aspects plus noirs de sa vie.

Comment avez-vous été approché pour participer à ce documentaire?
D’abord, les producteurs m’ont demandé si je serais intéressé à être interviewé pour un film sur les bagarres au hockey. J’ai accepté. Ils m’ont ensuite recontacté pour savoir si je voulais être le sujet principal du film.

Je venais de mettre fin à ma consommation de drogue et d’alcool et ça me donnait quelque chose à faire. Le film a fini par être une extension de ma thérapie et de mon traitement. Le projet a été positif pour moi.

Durant le film, vous parlez justement des problèmes de consommation que vous avez eus après votre carrière. A-t-il été difficile pour vous de vous ouvrir à ce point?
Ce que les gens pensaient de moi à l’époque où je consommais ne me dérangeait pas, alors pourquoi ça m’aurait dérangé que les gens me voient tenter d’améliorer ma vie?

Le film est bon, car il ouvre une fenêtre sur le monde d’un dur à cuire, mais aussi sur la vie d’un toxicomane. Il donne de l’espoir. Peu importe à quel point les choses vont mal, c’est possible de retomber sur ses pieds.

Est-ce que votre rôle d’homme fort dans la LNH, de 1979 à 1992, vous a poussé vers la toxicomanie?
Tout le monde essaie de faire des liens avec cela, mais je n’achète pas cette théorie. Je n’ai jamais pris de drogue quand je jouais. Si mon rôle de bagarreur m’avait influencé à ce point, j’aurais consommé durant ma carrière. Toutes les étapes de ma vie ont probablement eu un impact sur ma dépendance, pas seulement ma carrière au hockey.

On parle aussi beaucoup de votre carrière dans le film. On oublie parfois qu’en plus d’avoir été un bon bagarreur, vous avez aussi été un bon joueur de hockey.
La bagarre, pour moi, c’était facile. Devenir un joueur de hockey a été difficile. J’ai travaillé fort pour y arriver. Claude Ruel et Jacques Lemaire m’ont beaucoup aidé.

Ces deux entraîneurs ont eu un gros impact sur votre carrière?
Le plus important est qu’ils me faisaient jouer. Ils me plaçaient dans des situations où des bagarreurs ne se retrouvaient jamais : en avantage numérique, sur une mise en jeu en zone défensive. Ils avaient assez confiance en moi pour m’envoyer dans ce genre de situation, et cela m’a donné confiance en moi.

J’aurais eu de la difficulté à assumer mon rôle de dur si je n’avais eu qu’une présence par match sur la glace. Mais le Canadien ne voulait pas seulement d’un bagarreur, il voulait un joueur de hockey. Dans ce sens, je dois beaucoup à l’organisation.

Vous avez été échangé aux Rangers de New York au cours de la saison 1987-1988. La transition a-t-elle été difficile?
J’ai continué à faire mon travail et à protéger mes coéquipiers, mais ma loyauté n’était pas la même. Rien ne se comparait à Montréal. Je n’ai jamais été le même joueur après mon départ. Il manquait le CH, le logo sur mon chandail. J’étais dévasté quand j’ai été échangé. Je ne m’en suis jamais remis. Je n’ai jamais voulu partir.

Avez-vous déjà eu peur de perdre votre poste si vous arrêtiez de vous battre?
Non, car je n’ai jamais voulu arrêter de me battre. J’aurais seulement pu perdre mon poste si je n’avais plus été capable de jeter les gants. Je ne regrette pas cela. Il y a un feeling que tu ressens seulement quand tu te bats.

Je me sentais mieux après avoir marqué un but qu’après m’être battu, mais il y a quelque chose d’enivrant à gagner un combat, à aider ses coéquipiers.

Le film
The Last Gladiators (Les derniers bagarreurs) est un documentaire du réalisateur oscarisé Alex Gibney, qui prendra l’affiche le 26 octobre au Québec.

Chris Nilan
Le dur à cuire a disputé 13 saisons dans la LNH.

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