L’image de Didier Drogba flanqué de Guus Hiddink et de Roman Abramovich dans la loge présidentielle à Stamford Bridge, dimanche dernier, était forte.
Moins de 24 heures après que l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique eut lancé une rumeur selon laquelle le magnat russe aurait contacté l’Ivoirien afin de le convaincre de se joindre au staff technique du successeur de José Mourinho «au plus vite», il s’agissait d’une carte postale bien peu rassurante pour tout partisan de l’Impact de Montréal.
Si, bien sûr, la situation peut comporter son lot d’inquiétudes, je ne crois pas qu’on en soit au point de devoir offrir son maillot floqué «Drogba» au beau-frère pour Noël, ou de verser quelques larmes sur ses billets de saison 2016.
Un peu comme il l’a fait pour sa Côte d’Ivoire chérie en temps de guerre civile, l’Éléphant donne surtout l’impression de jouer les médiateurs pour son club de cœur. La crise que traverse Chelsea est profonde, et le congédiement du Special One ne suffira pas à l’atténuer, bien au contraire: bon nombre de supporters des Blues répudient cette décision, qu’ils voient comme une trahison envers l’entraîneur le plus titré de l’histoire de la maison.
En habile politicien, Abramovich sait mieux que quiconque que le fait d’associer Drogba à Hiddink, aussi superficiellement que ce soit, lui donne un répit et une certaine tranquillité pour entamer son intérim. S’éloigner le plus rapidement et paisiblement de cette improbable zone de relégation et trouver le bon entraîneur pour la saison prochaine : voilà très certainement les principales inquiétudes du propriétaire de Chelsea à l’heure actuelle.
Il est clair qu’en termes de ressources et de pouvoir d’attraction, l’Impact ne peut rêver de rivaliser avec le club londonien. La bonne nouvelle pour ceux qui espèrent voir le numéro 11 continuer de faire tourner son compteur sous le maillot fleurdelisé, c’est que l’Impact peut offrir à Drogba la seule chose que Chelsea ne peut pas lui donner : un rôle important sur le terrain. À moins d’un revirement de situation aussi improbable qu’incompréhensible, il continuera donc de terrasser les lignes défensives de la MLS pour au moins une autre saison.
Les portes de Stamford Bridge lui seront grandes ouvertes, peu importe à quel moment il décidera d’accrocher ses crampons. Ce serait bien mal avisé de sa part de hâter l’inévitable, dans un contexte institutionnel aussi volatil de surcroît.
Pour le moment, bien qu’on doive se contenter de regarder tout ça depuis les lignes de touche, tout me laisse croire que cette saga se limite à une opération de relations publiques habilement ficelée, et à laquelle Drogba se prête non sans un certain plaisir. Après tout, connaissant la loyauté de l’homme, ça reste bien peu pour «le club qui [lui] a tant donné».
Il ne reste plus qu’à espérer que cette qualité fasse aussi partie du souvenir qu’on gardera de lui de ce côté de l’Atlantique, une fois que son aventure montréalaise aura pris fin.