Alors qu’ils vidaient leurs casiers au Centre Nutrilait et rencontraient les médias pour la dernière fois de l’année, en octobre dernier, les joueurs du Bleu-blanc-noir ont analysé la dernière campagne à leur façon.
Chacun y allait, suivant son prisme personnel, de sa théorie sur ce qui avait fonctionné et sur ce qui n’avait pas tourné rond pour l’Impact, qui venait de rater les séries éliminatoires pour une deuxième campagne d’affilée. Le début de saison désastreux, dû principalement au grand renouveau de l’entre-saison, avec la nomination de Rémi Garde et l’arrivée d’une bonne douzaine de nouveaux visages revenaient très souvent, tout comme l’importance de garder le même noyau en 2019, question de maintenir cette bonne chimie qui avait bien failli leur permettre de se qualifier in extremis au bal d’après-saison.
Mais lorsqu’était venu le temps de se prononcer sur les positions à améliorer lors du mercato hivernal, les avis s’étaient faits plutôt timides, renvoyant naturellement la balle vers Garde et Joey Saputo. Seul Samuel Piette avait alors osé nommer l’éléphant qui avait élu domicile dans le vestiaire des Montréalais tout au long de la saison 2018: l’absence la plus totale d’un avant-centre capable de faire la différence dans un match.
Bien que ce noyau soit aujourd’hui quasi intact, mis à part Rod Fanni (toujours sans contrat) et Alejandro Silva (transféré à Olimpia, au Paraguay, pour quelque 4M$), et malgré l’acquisition de l’attaquant Maxi Urruti, le dossier de l’avant-centre demeure à mon avis une source d’inquiétude.
Il va sans dire que la présence d’Urruti représente à elle seule une amélioration nette par rapport au trio Mancosu-Jackson-Amarikwa, qui s’est partagé la tâche la saison dernière pour un gros total de six(!) buts. Mais l’Argentin ne possède pas le profil idéal pour évoluer seul en pointe, et quand il a eu du succès dans ce rôle, il avait derrière lui ses compatriotes Diego Valeri (à Portland) et Mauro Díaz (à Dallas), deux des milieux les plus créateurs que la MLS ait connus.
Qui plus est, la saison dernière Urruti a connu ses meilleurs moments placé derrière l’attaquant, récoltant 2 buts et 9 passes en 13 matchs à cette position.
Urruti semble être le seul joueur de l’effectif de Rémi Garde à avoir ce qu’il faut pour dynamiser offensivement un milieu de terrain qui a cruellement manqué de créativité l’an dernier.
Malgré tout, l’idée de Rémi Garde semble faite: Urruti sera son avant-centre en 2019 et le mercato hivernal est, à une ou deux petites emplettes près, terminé. On peut donc oublier ce fameux 9 d’envergure dont on a rêvé tout au long de l’année passée. Cette présence dominante dans la surface, qui compléterait justement à merveille le profil fort d’Urruti et, bien entendu, celui de Nacho Piatti.
L’entraîneur semble avoir des plans bien précis pour son nouveau poulain, et je suis loin d’être inquiet de son raisonnement à cet égard. Ce qui me chicote cependant, c’est cette impression d’occasion ratée, alors que l’Impact vient de mettre la main sur un joueur qui, avec le bon compagnon devant lui, peut être ce fameux 10 que le club n’a jamais eu depuis son entrée en MLS, un profil beaucoup plus coûteux et difficile à dénicher qu’un pur attaquant.
En octobre dernier, j’écrivais dans ces pages que «l’Impact devait donner à Garde les moyens de ses ambitions». À quelques jours du coup d’envoi du camp d’entraînement, j’ai encore l’impression que le Bleu-blanc-noir est à une grosse signature près d’avoir la qualité et la profondeur offensive requises pour gagner régulièrement dans cette «nouvelle MLS» aux attaques vitaminées.
En espérant me tromper… sinon, il restera toujours le mercato estival.