NEW YORK — C’est la première fois en 175 ans d’histoire que le magazine Scientific American appuie un candidat présidentiel, mais son éditrice en chef a confié mardi qu’il n’y a pas eu de grands débats à l’interne avant de se ranger derrière Joe Biden.
Laura Helmuth a expliqué que l’administration du président Donald Trump a été encore pire pour la communauté scientifique que ce qu’elle craignait.
Le magazine a annoncé son choix en ligne mardi, 24 heures après que M. Trump eut remis en question la science des changements climatiques en lien avec les incendies qui ravagent la Californie. Mme Helmuth assure toutefois qu’il s’agit d’une coïncidence et que l’éditorial a été composé au cours des deux derniers mois.
Scientific American écrit que «les preuves et la science démontrent que Donald Trump a fondamentalement endommagé les États-Unis et son peuple en rejetant les preuves et la science».
L’éditorial condamne vertement la gestion de la pandémie de coronavirus par M. Trump. On lui reproche aussi d’avoir sabré dans le financement scientifique et d’avoir nui à la réponse américaine aux changements climatiques.
M. Biden, poursuit le magazine, «a démontré qu’il suit les données et se laisse guider par la science».
La campagne Trump n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.
La décision du magazine n’est pas passée inaperçue. Mme Helmuth dit avoir reçu quelques demandes d’annulation d’abonnement — dont plusieurs de la part de gens qui n’étaient même pas abonnés de toute manière.
Une commentatrice conservatrice bien en vue, S.E. Cupp, a dit sur Twitter qu’elle est d’accord avec les arguments du magazine et qu’elle compte voter pour M. Biden, «mais je me demande si c’est une bonne utilisation de l’influence et de la crédibilité de la science».
À ceux qui lui reprochent d’avoir fait une croix sur 175 ans de neutralité et de bipartisanerie, Mme Helmuth rappelle la Commission de l’énergie atomique a brûlé 3000 copies du magazine dans les années 1950, quand il a pris position contre la bombe à hydrogène.
Scientific American publie davantage de papiers d’opinion depuis un moment. Un éditorial publié en 2016 remettait en question les qualifications de M. Trump pour être président, mais n’endossait pas Hillary Clinton.
«Une partie de la mission de notre magazine est d’expliquer aux gens comment fonctionne le monde, qu’il s’agisse des trous noirs, de l’évolution, des virus ou du racisme systémique, a dit Mme Helmuth. Nous croyons qu’il y allait de notre devoir, dans le cadre de cette mission, de prévenir les gens que Trump a été désastreux pour la recherche, la science, la santé et l’environnement.»
Le magazine espère ne plus avoir à endosser de candidat présidentiel, a-t-elle ajouté.
Questionné au sujet des changements climatiques et des feux en Californie lundi, M. Trump a prédit que la Terre se refroidira.
«J’aimerais que la science soit d’accord avec vous», a répliqué Wade Crowfoot, le secrétaire de l’Agence californienne des ressources naturelles.
«Eh bien, je pense que la science n’en sait rien, dans les faits», lui a répondu M. Trump.
David Bauder, The Associated Press