WASHINGTON — Deux jours après un premier débat électoral acrimonieux, le président Donald Trump et son rival démocrate Joe Biden devaient participer jeudi soir à un événement annuel destiné à promouvoir la collégialité et la bonne humeur.
L’exercice sera probablement facilité par le fait qu’ils y participeront à distance. Les deux candidats à la présidence des États-Unis sont les têtes d’affiche du 75e dîner annuel de la Fondation Alfred E. Smith Memorial, qui se tient de façon virtuelle cette fois-ci en raison de la pandémie.
L’apparition de Donald Trump au dîner il y a quatre ans avec sa rivale démocrate Hillary Clinton avait provoqué quelques rires, mais aussi plusieurs malaises. Lorsque M. Trump avait affirmé que Mme Clinton était corrompue, il avait dépassé les limites aux yeux de plusieurs et avait été hué bruyamment.
Quatre ans plus tard, MM. Trump et Biden doivent relever le défi de se moquer d’eux-mêmes et l’un de l’autre, deux jours seulement après un débat au cours duquel M. Biden a qualifié M. Trump de «clown» et de «pire président que les États-Unis aient jamais eu», tandis que M. Trump a remis en question l’intelligence de M. Biden et a attaqué son fils Hunter.
Le dîner, qui vise à amasser des millions de dollars pour des œuvres caritatives catholiques, a permis de montrer au fil des ans que ceux qui rivalisent pour diriger le pays peuvent s’entendre, ou faire semblant de s’entendre, pendant une soirée.
L’événement est devenu une tradition pour les candidats à la présidence depuis que Richard Nixon et John F. Kennedy y ont participé ensemble en 1960. En 1996, l’archidiocèse de New York avait décidé de ne pas inviter le président de l’époque, Bill Clinton, et son rival républicain, Bob Dole, apparemment à cause de la décision de M. Clinton de mettre son veto à l’interdiction de l’avortement tardif.
Séduire les électeurs catholiques
Le dîner de cette année survient alors que les deux candidats font des pieds et des mains pour séduire les électeurs catholiques, un groupe qui couvre tout le spectre politique américain, et qui comprend une tranche importante d’électeurs indécis dans les États pivots.
L’ancien vice-président Biden parle souvent de ses racines catholiques irlandaises. Il assiste régulièrement à la messe, y compris lors de ses déplacements, et il parle souvent du rôle que sa foi a joué dans sa vie, disant notamment que cela lui a donné un «but» et un «espoir» après la mort de sa première femme et de leur fille dans un accident de voiture en 1972, et après la mort de son fils Beau en 2015.
Néanmoins, l’événement pourrait être une source de tensions pour M. Biden. L’hôte, le cardinal Timothy Dolan, archevêque de New York, représente la base conservatrice sociale du catholicisme américain. Le cardinal Dolan a pris la parole lors de la dernière convention républicaine et pendant des années, notamment lorsqu’il a dirigé la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, il est apparu à de nombreuses reprises dans les médias pour souligner l’opposition de l’Église au mariage homosexuel et à l’avortement.
Joe Biden met l’accent sur d’autres aspects de la foi. Dans une publicité de campagne, on le voit en train de parler du pape François, qui a exhorté les catholiques à ne pas se concentrer avec autant de véhémence sur l’opposition de l’Église à l’avortement et au mariage homosexuel au détriment de la justice sociale.
Donald Trump, de son côté, a gagné la faveur de nombreux catholiques pour ses politiques antiavortement et son soutien aux «choix scolaires».
Kevin Freking et Bill Barrow, The Associated Press