Si la tendance se maintient, la Société de transport de Montréal (STM) aura assuré 405 millions de déplacements en 2011 par rapport à 363 millions en 2006. Elle dépassera ainsi le record d’achalandage atteint en 1947, soit 398 millions de déplacements.
Battre un record qui date de 1947 pourra sans doute susciter des commentaires du genre : «Big deal! 1947… Ils disent n’importe quoi ces écolos!» Et pourtant… Malgré les apparences, battre le record de 1947 constitue un véritable exploit. On renverse ainsi la tendance lourde qui prévalait depuis plus de 60 ans!
Vous le savez aussi bien que moi, en Amérique du Nord, depuis cette lointaine époque, l’automobile gagne en popularité année après année, aux dépens des transports collectifs. Ce n’est donc pas exagéré de dire que ce renversement constitue un moment historique.
Ce n’est pas tout : la distance moyenne parcourue par les automobilistes a plafonné au tournant des années 2000, pour diminuer chaque année au cours des six dernières années. Ces chiffres sont vrais pour l’Europe, l’Australie et le Japon.
En ce qui concerne le Canada, les données ne sont pas disponibles. Quant aux chiffres fournis par le gouvernement états-unien, ils laissent croire qu’une bonne proportion des plus jeunes de la génération Y n’apprendront même pas à conduire. En fait ces «non-aspirants» à la voiture sont plus nombreux que les «non-aspirants » de toutes les générations qui les ont précédés.
Pour qualifier ce phénomène, les analystes parlent d’un «changement de culture». Bien sûr, le prix de l’essence, la congestion routière et les hécatombes dont les moins de 25 ans sont victimes sur les routes y sont pour quelque chose. Mais le plus important, c’est que les valeurs changent.
On peut se voir comme utilisateur des transports en commun ou on peut se voir au volant d’une grosse voiture rutilante qui brûle 15 litres au 100 km (25 dans les embouteillages). Ce que les analystes nous disent, c’est que la première image est de plus en plus populaire.
Si ces savants observateurs ont raison, eh bien, croyez-moi, nos affaires iront bien! Et ce sera plus facile de forcer la main des gouvernements dans le «bon sens».
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