Vendredi dernier, l’adoption sous bâillon de la loi 100 par le gouvernement Couillard a ébranlé l’industrie du taxi. Pourtant, l’ubérisation de notre économie est là pour de bon.
Je ne sais pas qui conseille l’industrie du taxi, car, dans sa guerre de survie contre l’entreprise Uber, elle cafouille. Non seulement elle ne peut pas gagner la bataille de l’opinion publique, mais elle risque même de perdre son seul appui dans les circonstances, le gouvernement!
Faire appel au service du taxi n’est pas à la portée de tous. La majorité des gens y réfléchit à deux fois avant de se résoudre à susciter une course à un taxi. Alors, si un concurrent propose un service de transport moins cher que le taxi traditionnel, la messe est dite.
Dans ce contexte, l’industrie du taxi a plus à gagner si elle ramène sa bataille sur le terrain des impôts et taxes qui renflouent les caisses de l’État.
En effet, l’ubérisation de l’économie mondiale est en marche, mais elle traîne comme un boulet un seul défaut: elle risque de vider les caisses des États.
Dans le numéro de janvier dernier d’Envoyé spécial de la télévision publique française, le journaliste Pierre-Olivier Labbé a ubérisé sa vie à 100%.
Dans Ma vie ubérisée, pendant des semaines, Pierre-Olivier Labbé a décidé de vivre uniquement grâce à des applications. De Paris à San Francisco, il a rencontré ceux qui inventent cette économie de partage, ceux qui l’utilisent et comment elle commence à faire trembler les États.
Le journaliste français nous montre ainsi comment Uber a donné son nom à un nouveau modèle économique qui se propage dans tous les secteurs: l’ubérisation. Un modèle qui supprime les intermédiaires entre l’offre et la demande. Le téléspectateur mesure ainsi comment désormais plusieurs humains se logent, dorment, se nourrissent ou travaillent autrement, avec des applications géolocalisées et des téléphones intelligents.
Dans ce monde ubérisé, l’entreprise traditionnelle avec des salariés est censée disparaître. Donc, ce ne sont pas seulement les taxis qui risquent de migrer vers un grand marché noir, mais aussi les hôtels, les restaurants et des pans entiers de l’économie. Les caisses de l’État en pâtiront et les services publics essentiels aux citoyens seront privés de ressources, surtout dans un modèle de société comme le nôtre au Québec.
Au lieu de se mettre à dos le gouvernement, l’industrie du taxi a plus à gagner si elle s’approprie le modèle d’Uber et milite pour une nouvelle économie qui ne doit échapper ni aux lois, ni aux taxes.