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Les logiciels libres à nouveau écartés

Photo: Archives Métro

La Ville de Montréal a publié le 24 juillet un appel d’offres dirigé vers Microsoft, écartant de nouveau les avenues offertes par le logiciel libre.

«C’est un appel d’offres scandaleux, passé en catimini en plein milieu de l’été», déplore Cyrille Béraud, président de la Fédération québécoise des communautés et des industries du libre (FQCIL).

En 2008, ce dernier avait piloté un recours judiciaire contre la Régie des rentes du Québec, qui avait publié un avis similaire un 25 décembre. Deux ans plus tard, la Cour lui avait donné raison, ce qui avait fini par ouvrir quelques portes aux entreprises qui proposent des solutions orientées vers les logiciels libres.

Avec le logiciel libre, on ne paie pas de licences. Seuls l’installation et le paramétrage comportent des coûts, qui sont «nettement moindres» que ceux des logiciels sous licence, clame Cyrille Béraud. Celui-ci dirige aussi l’entreprise Savoir-faire Linux, un des leaders du logiciel libre au Canada.

Même si la Loi 133 force l’étude des solutions offertes par les logiciels libres lors d’appels d’offres publics, cette loi est souvent contournée et ne s’applique pas aux municipalités.

Ainsi, le nouvel appel d’offres publié fin juillet par la Ville restreint l’entente cadre aux produits Microsoft. «C’est un faux appel d’offres, car il n’y a pas vraiment de concurrence», clame M. Béraud, qui demande , au nom de la FQCIL, l’annulation de l’entente concernant l’achat de 43 000 licences en deux ans.

La Ville de Montréal a toujours justifié sa position en invoquant la complexité de changer les suites informatiques reliées à Microsoft, les économies liées aux escomptes  qu’elle obtient en continuant de faire affaire avec cette compagnie et le respect des droits d’auteur. Elle précise en outre qu’elle utilise déjà 33 logiciels libres, notamment pour son site web.

Un des élus de Projet Mont-réal, Marc-André Gadoury, connaît bien la question. Il note qu’il y a 20 ans, «Mont-réal était un chef de file des logiciels libres» et avait notamment créé Evalweb, un logiciel d’évaluation municipale. «Mais les années Tremblay ont quasiment réduit cela à néant», dit-il. Il note toutefois que les Services informatiques sont en train de redevenir un service d’architecture de réseau et non pas un simple exécutant. «On n’en voit pas encore les fruits, mais il semble qu’un virage soit pris», dit-il.

S’il convient que faire migrer une administration telle que celle de Montréal de Microsoft vers le libre ne se fait pas en cliquant sur un bouton de souris, M. Béraud croit que la Ville peut et doit faire plus. «À Munich, en Allemagne, on vient de terminer la migration. Il a fallu plusieurs années, mais les économies sont importantes», dit-il.

Selon les données publiées par la ville allemande, en faisant migrer 80 % de ses 15 000 ordinateurs vers LibreOffice, elle a économisé 33 % des coûts, soit 11 millions d’euros (15 M$). Des économies contestées par Microsoft, qui n’a toutefois pas voulu rendre publics ses calculs. Le projet, à Munich, s’est en outre étalé sur neuf ans.

AJOUT: Le candidat Coderre a réitéré son ouverture aux logiciels libres, réagissant ainsi à une nouvelle de mardi selon laquelle la Ville de Montréal a publié un appel d’offres dirigé vers Microsoft.

«Les logiciels libres sont tout aussi bons, mais l’innovation, la recherche et le développement sont faits ici et appartiennent à tout le monde. Beaucoup de recherche se fait à Montréal dans le logiciel libre et ça voudrait dire investir dans le savoir d’ici. Je demande qu’on se retienne un peu dans cet appel d’offres et qu’on m’explique pourquoi les logiciels libres sont exclus. Je crois qu’il y a une zone de confort», a-t-il lancé.

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