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Fierté Montréal, les bras grand ouverts

Village Montréal compte près de 300 entreprises réparties sur Sainte-Catherine Est, entre Saint-Hubert et Cartier, et sur Atateken, entre René-Lévesque et Robin. Photo: Yves Provencher/Métro

MONTRÉAL — Fierté Montréal compte accueillir les membres de minorités ethniques avec les bras «particulièrement grand ouverts» lors de la 10e édition de son festival, qui se met en branle ce lundi.

«Les LGBT qui proviennent de communautés culturelles vivent une double stigmatisation. Par leur orientation sexuelle, par leur expression de genre et aussi par la couleur de leur peau», déplore Éric Pineault, président de Fierté Montréal.

«En tant qu’organisme qui prône la défense des droits de la personne, on se doit de faire quelque chose», ajoute-t-il.

C’est d’ailleurs le contingent de l’organisme Arc-en-ciel d’Afrique qui ouvrira le traditionnel défilé du 14 août, arborant des photos des victimes de la tuerie du Pulse, à Orlando — la plupart hispaniques.

«La Fierté a toujours lieu bon an, mal an. Cependant, c’est certain que la tragédie d’Orlando nous affecte particulièrement cette année», souligne M. Pineault, dont l’organisme a organisé une vigile à la mémoire des 49 victimes au mois de juin.

Il indique qu’un endroit commémoratif leur sera par ailleurs dédié à la place Émilie-Gamelin, et ce, tout au long des célébrations.

À la suite de l’interruption du défilé gai de Toronto par des militants du mouvement Black Lives Matter, Fierté Montréal s’est livrée à une réflexion interne pour tailler une place de choix aux LGBT issus de communautés culturelles.

L’organisation a notamment désigné comme présidents d’honneur la militante inuk Mona Belleau et l’intervenant auprès des nouveaux arrivants LGBTQ Hector Gomez.

Ils présideront les festivités aux côtés de l’adolescente transgenre Olie Pullen, qui a inspiré le projet de loi 103. Adoptée de manière unanime cet été, la loi permet aux Québécois mineurs de modifier leur mention de sexe sans avoir à subir de chirurgie.

À cet égard, Fierté Montréal propose aux festivaliers d’assister à un panel sur les enjeux trans.

Selon M. Pineault, «beaucoup de chemin reste à faire» en matière de droits des minorités sexuelles. Il évoque le cas des résidents permanents qui, avec ou sans chirurgie, doivent composer avec leur ancienne identité de genre puisque leur statut de personne trans ne peut toujours pas être reconnu.

«Les acquis juridiques et sociaux, ce ne sont pas tous les LBGT qui les ont», martèle Éric Pineault, ajoutant que ce combat se trouvera au coeur du festival LGBT pancanadien de 2017 — un événement inspiré de l’«Europride» qui se tiendra à Montréal, à l’occasion de son 375e anniversaire.

Parmi les nouveautés de l’édition 2016 figure également un spectacle d’humour gratuit, assuré par André Sauvé qui a lui-même révélé son homosexualité plus tôt cette année.

Si M. Pineault se réjouit de la présence du premier ministre Justin Trudeau, qui deviendra le premier dirigeant canadien en fonction à assister au défilé montréalais, c’est son «ouverture» qui lui procure la plus grande joie.

«C’est un changement de garde important. Les conservateurs n’étaient pas vraiment pro-LGBT, mais ça semble maintenant très, très différent avec le premier ministre Trudeau», affirme le président fondateur de Fierté Montréal.

Quant aux mesures de sécurité, le commandant du Service de police de Montréal (SPVM) Simon Durocher souligne que Fierté Montréal ne souhaite pas une «forteresse».

«Suite aux événements de Nice et d’Orlando, naturellement, on met des mesures en place, concède-t-il. On a augmenté le personnel, ça c’est sûr, mais on ne veut pas non plus créer un climat de peur.»

Tandis que s’est dissipée l’ambiance tendue qui régnait sur le Village gai après une série d’agressions en 2014, le SPVM fait des pieds et des mains pour inciter les citoyens à dénoncer les crimes homophobes, indique le commandant Durocher.

Celui qui dirige le poste de quartier 22, qui couvre la majeure partie du Village, reconnaît que les citoyens hésitent à signaler les crimes haineux par peur de représailles.

Le commandant Durocher exhorte les victimes de crimes haineux à les signaler au SPVM, précisant qu’un onglet sur son site web permet de le faire en ligne.

Il ajoute que les propos homophobes méritent également d’être dénoncés puisqu’ils sont ensuite entrés dans le système de données des policiers pour servir à une éventuelle enquête.

«Un agent de liaison relit tous les rapports de voies de fait ou de violence qui peuvent avoir un caractère homophobe», lance le commandant, ajoutant que cette mesure est en place afin «qu’on n’en n’échappe pas».

Ainsi, le seul crime homophobe répertorié dans le Village en 2016 a eu lieu en début d’année, lorsqu’un édifice à logements a été vandalisé par des jeunes à l’issue d’une fête.

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