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Une pétition pro-pipeline illustre à quel point l’enjeu divise le pays

Photo: Archives Métro
Fannie Olivier, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Une pétition demandant de faire de la construction des pipelines une «priorité nationale», signée par plus de 34 000 personnes au Canada, illustre à quel point le pays est divisé sur cet enjeu. En effet, seulement 674 Québécois ont apposé leur nom à cette pétition électronique lancée par des représentants de l’industrie pétrolière.

Sans surprise, la majorité des signataires habitent l’Alberta.

Plus tôt cette année, une pétition parrainée par le Bloc québécois pour demander de mettre un terme au projet d’oléoduc Énergie Est comptait plus de 16 000 signatures, presque exclusivement du Québec.

Dans un point de presse à Ottawa mardi, l’instigateur de la pétition en faveur du pétrole, le président de la Canadian Association of Oilwell Drilling Contractors (CAODC), Mark Scholz, a demandé au premier ministre Justin Trudeau de se faire le «champion» des pipelines.

Il a soutenu que d’approuver l’expansion du pipeline Trans Mountain de Kinder Morgan — un projet qui a déjà obtenu l’aval de l’Office national de l’énergie et pour lequel le fédéral doit trancher avant la fin de l’année — serait un bon départ.

«L’une des choses que nous demandons au gouvernement fédéral est de défendre cette industrie, de commencer à indiquer, montrer et exprimer aux Canadiens qu’il s’agit d’une industrie que nous devons avoir pour l’économie canadienne à long terme», a-t-il insisté.

Celui qui est également porte-parole de la campagne «Oil respect» dit vouloir contrer la «désinformation et les demi-vérités» des détracteurs des oléoducs.

«Il s’agit d’une industrie canadienne et ses bénéfices économiques et sociaux s’étendent partout au pays», a-t-il soutenu.

À ses côtés, le directeur de l’Association pétrolière et gazière du Québec, David Lefebvre, a réfuté l’argument selon lequel le Québec ne trouverait pas son compte dans la construction du pipeline Énergie Est. Selon lui, la construction de nouveaux oléoducs serait une bonne nouvelle pour les industries pétrochimique et manufacturière du Québec.

«Je pense que l’ensemble de l’industrie manufacturière au Québec va être contente peu importe (quels pipelines seront développés), a-t-il avancé. Nous, comme industrie, on souhaite qu’il y en ait le plus possible, parce que notre industrie en a besoin, et le Canada en général en a besoin.»

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui regroupe 82 municipalités, s’oppose formellement au projet Énergie Est, qui vise à transporter 1,1 million de barils de pétrole par jour de l’Alberta jusqu’au Nouveau-Brunswick. Elle estime que les retombées économiques pour la région seraient minimes, alors que les coûts en cas de déversement seraient astronomiques.

La pétition est parrainée aux Communes par la députée albertaine conservatrice Shannon Stubbs.

Selon le chef intérimaire du Bloc québécois, Rhéal Fortin, il est normal que l’enjeu de la construction des pipelines reçoive un accueil différent au Québec que dans l’Ouest du Canada.

«C’est révélateur de la dichotomie de ce pays-là», a-t-il signalé. «On va passer 1,1 millions de barils de pétrole à chaque jour le long du fleuve, à travers 600 cours d’eau, et puis on ne dirait rien, on laisserait passer ça?», a-t-il demandé, en faisant référence au projet Énergie Est.

Interrogé sur la pétition en faveur des pipelines, le ministre des Finances, Bill Morneau, a indiqué que le gouvernement regardait tous les moyens d’améliorer l’économie canadienne.

«Notre premier ministre a dit que nous sommes vivement intéressés à trouver une façon de nous assurer que nos ressources sont acheminées aux marchés d’exportation et nous avons besoin de le faire par un processus de dialogue avec les Canadiens», a-t-il noté.

L’étude du projet Énergie Est de TransCanada par l’ONÉ a été mise sur la glace quand les commissaires chargés d’évaluer le projet se sont récusés devant les allégations de conflit d’intérêts.

Le gouvernement libéral doit nommer de nouveaux commissaires qui reprendront les travaux. C’est toutefois le cabinet de Justin Trudeau qui aura le dernier mot sur l’approbation ou non du projet.

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