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L’insécurité alimentaire règne dans le Grand Nord

A price tag lists the price and subsidy of a 4 L jug of milk at a grocery store in Iqaluit, Nunavut on December 8, 2014. A researcher has found that a federal subsidy intended to reduce astronomical food prices for northern families has resulted in stale-dated, unreliable food on store shelves without making grocery bills more affordable. Tracey Galloway of the University of Toronto, whose findings are to be published in a scientific journal later this month, says the Nutrition North program should be reformed with mandatory price caps on essential food. THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick Photo: THE CANADIAN PRESS

Un programme fédéral de subvention visant à réduire les coûts astronomiques des produits alimentaires vendus dans les épiceries du Grand Nord canadien est jugé inefficace par une chercheuse, qui estime que plus d’aliments périmés se retrouvent sur les tablettes.

Une professeure assistante de l’Université de Toronto, Tracey Galloway, considère que le programme Nutrition Nord Canada (NNC) devrait inclure des prix plafonds obligatoires pour les produits de première nécessité.

Elle a présenté les conclusions de sa recherche —parues plus tôt ce mois-ci dans une publication scientifique— dimanche à Iqaluit.

Sans un plafond obligatoire, les détaillants ont la liberté d’établir les prix comme ils l’entendent, a-t-elle fait valoir, ajoutant n’avoir observé aucune baisse des coûts.

Les prix des produits alimentaires vendus dans le Nord sont de deux à trois fois plus élevés que dans le sud du pays. Les raisins, par exemple, coûtaient récemment plus de 28$ le kilo au Nunavut.

De tels coûts sont source d’une importante insécurité alimentaire dans la région. En 2014, une nutritionniste du Nunavut évaluait que les trois quarts des élèves inuits de niveau préscolaire vivent dans des foyers secoués par l’insécurité alimentaire. La moitié des jeunes âgés de 11 à 15 ans se couchent avec la faim au ventre, concluait-elle.

Le NNC —auxquels 77 millions ont été injectés— a été lancé en 2011 pour remplacer l’ancien programme Aliments-poste. L’initiative a pour but de réduire les coûts des produits alimentaires en finançant l’expédition de ceux-ci dans 121 communautés disséminées sur les trois territoires canadiens ainsi que dans les régions nordiques des provinces.

Ottawa révise actuellement le NNC et a mené des rencontres publiques un peu partout dans le Nord.

Le gouvernement soutient que le prix du panier d’épicerie moyen d’une famille de quatre personnes a chuté d’environ cinq pour cent de 2011 à 2015. Il avance par ailleurs que le poids des items acceptés pour l’expédition a augmenté d’environ 25 pour cent.

Or, Mme Galloway n’attribue pas la réduction des coûts au NNC, mais au fait qu’il y a eu un écart entre la date d’entrée en vigueur du programme et la fin d’Aliments-poste.

La baisse reflète donc, selon elle, la différence de coûts entre les aliments qui sont subventionnés et ceux qui ne le sont pas. Elle ne permettrait toutefois pas de comparer les effets des deux différentes mesures gouvernementales.

«Hier, je me suis rendue à l’épicerie pour acheter une soupe en canne. Quand j’ai regardé en dessous, (j’ai remarqué) la date d’expiration qui remontait à 2015», a par ailleurs raconté la chercheuse.

Les prix varient grandement d’une communauté à une autre, a-t-elle également relevé, citant à l’exemple Iglookik et Hall Beach, où Mme Galliway dit avoir remarqué un écart de 10 pour cent. Les deux localités situées à 70 kilomètres de distance sont desservies en denrées alimentaires par les mêmes avions, a-t-elle précisé.

Mme Galloway propose que la liste des articles inclus dans le NNC soit revue et que des plafonds soient établis pour les prix des produits de première nécessité.

Aucun porte-parole du ministère des Affaires autochtones et du Nord n’était disponible pour commenter l’étude de Mme Galloway, dimanche.

Les conclusions de la chercheuse font, en outre, écho à des critiques formulées par le passé par les Inuits.

«(Son étude) prouve au-delà de tout doute ce que nous dénonçons tous: le programme Nutrition Nord échoue», a dit le représentant de l’organisme Nunavut Tunngavik —qui dit être formé par des Inuits—, James Arreak.

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