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Le gouvernement fédéral ne serait pas étranger à la crise du logement

Photo: Métro

Montréal n’est pas à l’abri d’une bulle spéculative immobilière. Le manque de logements abordables et la construction des condos font partie du problème, mais la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a sa part de responsabilité. C’est ce que conclut l’Institut de recherche et d’information socio-économique (IRIS) qui s’est penché, à quelques jours du 1er juillet, sur la crise du logement, dans une note économique publiée mercredi.

Le manque de logements abordables qui caractérise la crise du logement depuis 1999 au Québec s’explique notamment par la flambée de construction de condos plutôt que de logements locatifs. «Or, ce boom immobilier a été causé, au moins en partie, par les politiques de la SCHL», explique la note. En voulant devenir rentable pour le Trésor canadien, la SCHL privilégie l’accès à la propriété au détriment de l’accès au logement, depuis une vingtaine d’années. «Ces politiques ont pour conséquences de doper le marché immobilier», a expliqué Philippe Hurteau, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques.

En favorisant l’accès à la propriété par des prêts hypothécaires, la SCHL stimule l’endettement des ménages canadiens ce qui à terme peut fragiliser l’économie canadienne, croit Louis Gaudreau, chercheur-associé à l’IRIS et professeur à l’UQAM.

En résumé, davantage de personnes ont accès à la propriété, ce qui stimule la construction de condos. S’ensuit un engrenage où la pénurie de logements locatifs encourage la hausse des loyers. À cela s’ajoute le fait que les prix des condos continuent d’augmenter, notamment en raison de l’embourgeoisement de certains quartiers montréalais. Pourtant, ce marché montre des signes de saturation avec près de 1800 unités achevées inoccupées dans la métropole.

Rappelons que la crise économique américaine a débuté avec une crise immobilière, aussi appelé la crise des subprimes, lorsque des prêts immobiliers garantis par une hypothèque ont été octroyés de façon massive et que trop de ménages n’ont pu rembourser leurs emprunts.

Ces événements n’ont pas besoin d’arriver, il suffit que le doute s’installe et qu’un vent de panique s’installe parmi les investisseurs pour que l’économie soit fragilisée. M. Gaudreau suggère donc, au moment d’acheter une propriété, de prévoir des hausses des taux d’intérêts. Il croit également que la SCHL devrait réinvestir dans le marché locatif, particulièrement dans le logement social.

La SCHL n’a pas répondu aux questions de Métro.

Un pas dans la bonne direction
Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a annoncé le 21 juin un resserrement des règles hypothécaires de la SCHL.

  • La période maximale d’amortissement des prêts passe de 30 à 25 ans
  • Le montant maximum d’un prêt de refinancement passe de 85% de la valeur marchande de la propriété à 80%

Selon l’IRIS, il s’agit d’un pas dans la bonne direction, mais demeure insuffisant.

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