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Lutte aux GES: toute politique a un prix

OTTAWA – Toute mesure visant à réduire les émissions de carbone a un prix, et ce peu importe ce qu’en disent Stephen Harper ou Thomas Mulcair.

Qu’il s’agisse d’un système d’échange de crédits d’émissions, d’une taxe sur le carbone en bonne et due forme, ou encore de la réglementation secteur par secteur prônée par le gouvernement fédéral, chaque politique visant à diminuer la quantité de gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère vient avec un prix élevé — ainsi qu’avec des bénéfices importants.

Les différences abondent toutefois entre les diverses propositions. Qui en paie le prix? Le tarif du carbone dissimule-t-il certaines choses? La politique choisie est-elle efficace pour réduire les émissions polluantes afin de respecter les engagements internationaux?

Ces questions sont à peine abordées dans le cadre des salves conservatrices contre les propositions néo-démocrates sur le climat ayant lancé la reprise de la session parlementaire, cette semaine.

«Ce qui m’inquiète, c’est qu’il n’y a aucune possibilité de tenir un débat rationnel à propos de bonnes politiques de lutte contre les changements climatiques au Canada. En ne mettant pas de prix sur le carbone, vous ne pouvez réussir», a lancé, frustré, le député libéral Stéphane Dion.

«Il ne s’agit pas de la seule solution, mais certainement d’une partie de la solution.»

Les troupes de Stephen Harper accusent le Nouveau Parti démocratique (NPD) de tenter d’imposer une «taxe sur tout» au public, par l’entremise de sa proposition de mise en place d’un système d’échange de crédits d’émissions.

«Les Canadiens et les gens du monde entier savent que nous avons un gouvernement assez intelligent pour rejeter des idées stupides comme une taxe sur le carbone de 20 milliards $», a dit M. Harper à la Chambre des communes, lundi.

Un système de crédits d’émissions est différent d’une taxe sur le carbone. Les deux politiques réduiraient les émissions polluantes et auraient un coût qui devrait être défrayé par l’industrie et les consommateurs d’une façon ou d’une autre, mais elles fonctionnent de manière différente.

En vertu d’un système de crédits d’émissions, les principaux pollueurs paierait le gouvernement pour acheter des crédits d’émissions de gaz à effet de serre (GES), pour ensuite les échanger auprès des entreprises réussissant à réduire leurs émissions de façon plus importante, afin que ces dernières soient récompensées financièrement.

Une taxe sur le carbone, de son côté, a entre autres fait ses preuves en Colombie-Britannique, où le gouvernement a pu réduire l’impôt des particuliers avec les revenus provenant des principaux émetteurs.

«L’idée qu’une taxe ou qu’un système de crédits nuiraient à l’économie est complètement erronée. Les résultats prouvent plutôt le contraire. En fait, c’est l’absence d’un prix sur le carbone qui nuit à l’économie», a lancé Stewart Elgie, un professeur de l’Université d’Ottawa, président du groupe de réflexion Sustainable Prosperity.

Selon les analyses de certains experts, toutefois, le système de réglementation secteur par secteur privilégié par les conservateurs coûterait en fait bien plus cher que le système de crédits d’émissions recueillant la faveur du NPD. Cette solution imposerait également une importante gestion gouvernementale, en plus de mener à des décisions politiques imprévisibles, ont fréquemment déploré les entreprises.

Au dire de Josh Laughren, directeur du climat et de l’énergie au sein de la branche canadienne du World Wildlife Fund (WWF), l’imposition d’un prix sur le carbone n’a mauvaise presse que dans l’univers fermé d’Ottawa.

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