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Des manifestants accusent le nouveau spectacle de Robert Lepage d’être raciste

Photo: Getty

Une centaine de manifestants ont traité de «honteux», mardi, les clients d’un théâtre montréalais qui présente un spectacle dirigé par un Blanc et dont les pièces composées par des esclaves noirs sont interprétées par une chanteuse blanche.

Le spectacle à guichets fermés du metteur en scène Robert Lepage, qui est à l’affiche dans le cadre du Festival international de Jazz de Montréal, représente une appropriation raciste de la culture noire, a déploré Lucas Charlie Rose, un artiste hip-hop qui a organisé le rassemblement.

Les Blancs ne devraient pas profiter de l’histoire, de la culture et de la souffrance des Noirs, a-t-il ajouté.

Il a laissé entendre que les descendants des gens qui ont écrit ces chansons n’iront probablement pas voir l’oeuvre de Robert Lepage.

Selon le site du Festival de Jazz, «SLAV : une odyssée théâtrale à travers les chants d’esclaves» permet de «tisser des liens de manière universelle entre différentes pages d’histoire connues et moins connues – ou volontairement oubliées – qui ont mené l’humanité à asservir des peuples».

Betty Bonifassi, une chanteuse montréalaise qui est notamment connue pour son interprétation dans la bande originale du film oscarisé «Les Triplettes de Belleville», détient le rôle principal dans la production présentée au Théâtre du Nouveau Monde (TNM).

Jointe par téléphone mardi, Mme Bonifassi était visiblement irritée et ne semblait pas avoir envie de discuter de la controverse.

«Je n’ai rien à dire; je me prépare pour le spectacle», a-t-elle laissé tomber.

«SLAV» est l’un des événements les plus populaires du festival montréalais, qui commence jeudi et qui se poursuivra jusqu’au 7 juillet.

Le spectacle était présenté pour la première fois mardi. Le théâtre avait ajouté 11 supplémentaires, alors que les billets des cinq premières dates se sont envolés.

Robert Lepage et Betty Bonifassi ont diffusé une déclaration commune, mardi, sur Facebook, pour s’expliquer.

«Oui, l’histoire de l’esclavage sous ses multiples formes appartient d’abord à ceux et celles qui l’ont subi, et à tous ceux qui en ont hérité», ont-ils soutenu.

«Le métissage dans toute sa fécondité artistique et culturelle est au cœur de SLAV, tout autant que l’esclavage. Avons-nous le droit de toucher à ces sujets? Le public en jugera après avoir assisté au spectacle.»

Le militant Vincent Mousseau a fait un discours lors de la manifestation, affirmant que les producteurs du spectacle «prenaient le contrôle de notre douleur, notre souffrance, notre histoire, pour des billets de 60 à 90$».

«Honte à vous», a-t-il lancé.

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