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Les minières craignent un moratoire sur l'uranium

QUÉBEC – L’Association minière du Québec (AMQ) craint qu’une décision du ministre de l’Environnement, Daniel Breton, ouvre la porte à un moratoire sur l’industrie de l’uranium au Québec.

Le directeur des communications de l’AMQ, André Lavoie, a pointé vers l’intention du ministre Breton d’entreprendre une vaste évaluation environnementale de cette filière.

«On est quand même préoccupés par le fait que l’intention de tenir des audiences génériques pourrait être une façon d’avaliser une forme de moratoire sur l’uranium au Québec», a-t-il dit lors d’une entrevue.

M. Lavoie a expliqué que le regroupement de minières est néanmoins favorable à une évaluation des pratiques environnementales du secteur de l’uranium, dans la mesure où le processus n’ira pas jusqu’à remettre en question l’industrie elle-même.

«On comprend que les gens peuvent avoir des questions et qu’on y réponde, a-t-il dit. Mais est-ce qu’il doit en avoir ou pas de l’exploration et de l’exploitation, si c’est oui ou non, on n’est pas d’accord sur un générique qui irait sur le oui ou le non mais sur comment on peut mieux faire les choses.»

La semaine dernière, M. Breton a affirmé qu’il souhaitait que le Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) examine les impacts de l’ensemble de l’industrie de l’uranium au Québec.

Actuellement, aucune mine d’uranium n’est en activité au Québec, mais la société Ressources Strateco (TSX:RSC) a obtenu l’autorisation de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) pour entreprendre des activités d’exploration à son site de Matoush.

Réagissant à cette décision, M. Breton avait alors déclaré son souhait de voir le BAPE se pencher sur l’industrie de l’uranium avant que l’entreprise aille plus loin.

M. Lavoie a déploré que le ministre nuise ainsi à Ressources Strateco, dont le projet d’uranium est situé à 275 km au nord de Chibougamau.

«On déplore un peu que le projet Strateco soit pris en otage par l’annonce de l’intention du ministre et qu’il soit retardé dans son programme d’exploration», a-t-il dit.

Selon l’AMQ, Strateco s’est conformé à toutes les exigences de la CCSN, ce qui a mené l’agence fédérale à lui délivrer les autorisations demandées.

M. Lavoie s’est d’ailleurs désolé que M. Breton ait mis en doute, la semaine dernière, la neutralité de la décision de la CCSN en affirmant qu’elle donnait «toujours son accord à tous les projets liés au nucléaire et à l’uranium».

«On trouve dommage qu’on mette en doute le travail de la CCSN, a-t-il dit. C’est un organisme indépendant, ce n’est pas rien, c’est sérieux, ça réglemente toute la production et l’utilisation de l’énergie.»

Une porte-parole du BAPE a déclaré mardi qu’aucune demande formelle n’avait encore été formulée pour amorcer la démarche d’évaluation générique de la filière de l’uranium.

«On n’a pas eu de mandat à ce sujet», a dit Diane Paquin.

Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs est de son côté incapable de dire si cette démarche aurait entre-temps un impact sur les activités de l’industrie de l’uranium.

La semaine dernière, une autre tuile est tombée sur la tête de Strateco quand le Grand Conseil des Cris a opposé un refus définitif à son projet, situé à 210 km de la communauté de Mistissini.

Les Cris ont aussi brandi un rapport d’évaluation environnementale indiquant que leur appui est une condition incontournable à l’émission de permis d’exploration par le gouvernement du Québec.

Deux regroupements de médecins, Médecins pour la survie mondiale et l’Association canadienne des médecins pour l’environnement, ont diffusé mardi des communiqués appuyant M. Breton dans sa démarche avec le BAPE et le moratoire sur l’uranium, en raison des risques pour la santé et l’environnement.

Deux provinces, la Nouvelle-Écosse et la Colombie-Britannique, ont déjà décrété des moratoires sur l’industrie de l’uranium.

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