Soutenez

Drames familiaux, détecter les situations à risque

L'appartement où a eu lieu le drame à Drummondville Photo: Paul Chiasseon/La Presse Canadienne

Une rupture difficile, un conflit autour de la garde des enfants, la dépression, sont autant de facteurs qui sont observés dans les drames familiaux. Le drame de cette famille de Drummondville survient lui, 10 jours à peine après que le comité d’experts sur les homicides intrafamiliaux ait déposé un rapport dans lequel il insistait sur l’importance de détecter des situations à risque.

Ce rapport, déposé le 22 novembre, avait été rédigé à la demande de l’ancien ministre de la Santé, Yves Bolduc. «Plusieurs [drames] ont lieu dans un contexte de rupture conflictuelle, particulièrement lorsqu’il y a des conflits autour de la garde, ce sont des éléments qui reviennent, explique Gilles Tremblay, président du comité qui a rédigé le rapport. Si, en plus, un des deux conjoints vit une période dépressive ou une histoire de violence conjugale, on peut arriver avec des situations encore plus à risque.»

Bien souvent, ces facteurs s’accumulent quelques mois, voire des années avant le passage à l’acte. Le nombre de femmes et d’hommes commettant des filicides, un homicide d’un enfant par un de ses parents, est relativement comparable. Dans près de 60% des cas, l’homme est l’auteur du crime.

Le désespoir et la colère sont deux sentiments souvent présents chez les parents qui commettent ces actes, ajoute le Dr Louis Bérard, directeur des services professionnels de l’Institut Philippe-Pinel. «Ils ont l’impression qu’il n’y avait pas de solutions au geste terrible qu’ils ont posé», poursuit-il.

Un motif est toutefois plus particulier à l’homme: la vengeance. «On retrouve plus souvent chez les hommes le motif de faire de la peine à l’autre ou de vouloir priver l’autre de ses enfants», souligne M. Tremblay. Mais autant chez la femme que chez l’homme, on remarque le sentiment que la vie n’a aucun sens pour soi et les enfants dans un contexte de rupture conjugale. «C’est souvent associé avec un suicide après ou une tentative de suicide», a ajouté M. Tremblay.

Aussi curieux que cela puisse paraître, il peut y avoir un élément d’altruisme, indique le Dr Bérard. «Ils se disent «mes enfants vont beaucoup trop souffrir, je ne peux pas les abandonner à leur père ou à leur mère, on va mourir ensemble», sans qu’il n’y ait nécessairement de la colère à l’égard de l’autre», dit-il.

Chaque année, le Québec compte environ 30 à 35 homicides intrafamiliaux, dont 6 à 8 filicides. De façon générale, la tendance du taux d’homicide intrafamilial est en baisse depuis 30 ans, bien qu’en 2011, il y a eu une légère hausse des cas d’homicides d’enfants par leurs parents. Mais peu importe leur nombre, ces drames suscitent toujours beaucoup de réactions dans la population. «Il y a quelque chose sur le plan de l’imaginaire collectif qui est grand et qui vient nous chercher», indique M. Tremblay.

Tel-Aide rappelle qu’il existe divers centres d’écoute à travers le Québec.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.