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Kamala Harris, de Montréal à la Maison-Blanche

FILE- In this Sept. 6, 2018, file photo Sen. Kamala Harris, D-Calif., listens as President Donald Trump's Supreme Court nominee, Brett Kavanaugh, answers her question during the third day of Kavanaugh's Senate Judiciary Committee confirmation hearing on Capitol Hill in Washington. Harris, a first-term senator and former California attorney general known for her rigorous questioning of President Donald Trump’s nominees, entered the Democratic presidential race on Monday. (AP Photo/Jacquelyn Martin, File) Photo: The Associated Press
Ugo Giguère, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — L’école secondaire Westmount pourrait peut-être un jour compter parmi ses anciens élèves… la première femme présidente des États-Unis.

Ex-élève de l’établissement de Montréal, la sénatrice démocrate Kamala Harris a en effet annoncé lundi qu’elle se lance dans la course à la présidence des États-Unis en vue de l’élection de 2020.

La nouvelle a été accueillie avec joie et fierté à l’école secondaire Westmount, à Montréal, où la femme de 54 ans a effectué ses études secondaires.

«On a appris la nouvelle à la télévision. J’étais très fière! On a publié la nouvelle sur notre page Facebook et sur Twitter. Elle est un modèle pour nous tous et peut-être encore davantage pour les jeunes filles et les jeunes personnes noires», a commenté l’enseignante Sabrina Jafralie.

Depuis l’an dernier, celle-ci tente d’inviter Mme Harris à rencontrer les élèves montréalais. Elle souligne que la politicienne représente un modèle pour la nouvelle génération d’étudiants.

Selon Mme Jafralie, les élèves sont bien au fait que la vedette démocrate a arpenté les mêmes couloirs qu’eux. «Ça fait partie des anecdotes intéressantes, comme saviez-vous que Leonard Cohen est un diplômé de l’école? Ou saviez-vous que la possible future présidente des États-Unis est une diplômée de l’école?», partage-t-elle avec fierté.

Les tentatives de l’école pour attirer l’attention de la politicienne sont malheureusement demeurées pour l’instant sans réponse. «Je pense qu’elle devait déjà être dans les préparatifs pour annoncer sa candidature», mentionne Mme Jafralie qui dit avoir interpellé la sénatrice californienne sur ses différents comptes de médias sociaux.

«Ce n’est probablement pas elle qui gère ses comptes de médias sociaux, mais on va continuer de l’inviter. On n’a pas vraiment essayé de parler avec son équipe», explique l’enseignante, qui compte sur l’appui de la conseillère d’orientation et de la directrice adjointe dans ses démarches.

«Sa sensibilité envers les enjeux d’immigration et son message qui place les gens en premier et le gouvernement en deuxième représentent des messages positifs pour nos jeunes», poursuit celle qui enseigne le programme d’éthique et culture religieuse.

Jeunesse à Montréal

Fille d’un professeur d’économie d’origine jamaïcaine et d’une chercheuse spécialisée dans la lutte contre le cancer du sein d’origine indienne, Kamala Harris est née en 1964, à Oakland en Californie.

Dans les années 1970, sa mère, Shyamala Gopalan, devient professeure à l’Université McGill et chercheuse à l’Hôpital général juif de Montréal. Elle s’installe donc au Québec et ses deux filles poursuivent leurs études à l’école secondaire Westmount.

Wanda Kagan, aujourd’hui coordonnatrice à la division de médecine interne à l’Hôpital général juif de Montréal, avait raconté ses souvenirs d’enfance à La Presse canadienne dans un précédent reportage qui dressait un portrait de Mme Harris.

Les deux femmes partageaient une passion pour la danse et la future politicienne avait même écrit dans l’album des finissants qu’il s’agissait de son passe-temps favori. Wanda Kagan avait perdu la trace de son amie d’enfance jusqu’à ce qu’elle la voie… à l’émission d’Oprah Winfrey!

«N’importe qui serait surpris de voir son amie avoir du succès et être interviewée par Oprah. Mais en réalité, je ne suis pas surprise de ce qu’elle a accompli, car elle est une battante. Elle est forte, indépendante et s’est toujours battue pour les droits des autres», avait confié Mme Kagan.

Un autre ami d’enfance, Trevor Williams, avait décrit les sœurs Harris comme des élèves studieuses qui accumulaient d’excellentes notes et qui étaient très populaires auprès de leurs camarades de classe.

Diplômée en 1981, Kamala Harris retourne aux États-Unis et obtient un diplôme en économie et en sciences politiques à l’Université Howard à Washington. Elle complétera ensuite un doctorat à l’Université de Californie. Mme Harris est élue procureure générale de San Francisco en 2003, puis procureure générale de la Californie en 2011.

Étoile montante

Le nom de Kamala Harris apparaît sur des listes de candidats potentiels à la présidence depuis 2015, quand le Washington Post l’a présentée comme une possible «prochaine Barack Obama». D’autres médias l’ont suivie de près depuis que l’ex-président Obama lui a accordé son appui pour la course au Sénat en 2016, de même que d’autres ténors du Parti démocrate comme Nancy Pelosi et Joe Biden.

Elle en est à son premier mandat en tant que sénatrice de Californie, mais elle occupe des fonctions importantes au sein du sénat. Elle siège au prestigieux comité restreint du renseignement américain. Ce comité supervise notamment l’enquête sur l’ingérence russe dans la dernière campagne présidentielle.

Mme Harris deviendrait la première femme à remporter la présidence et la deuxième Afro-Américaine à le faire.

Dans une vidéo distribuée par sa campagne, Mme Harris s’engage à «unir nos voix». Elle promet de combattre pour la justice, l’égalité et la décence.

Le chercheur en résidence à l’Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand, Christophe Cloutier-Roy, rappelle que Mme Harris a été l’un des premiers visages identifiés parmi la nouvelle génération de leaders démocrates à la suite de la défaite d’Hillary Clinton en 2016.

«C’est certainement l’une des grosses pointures en vue de l’élection de 2020, estime-t-il. On s’attendait à ce qu’elle annonce sa candidature, mais il y a un an on l’aurait probablement vue comme la favorite alors qu’aujourd’hui c’est un peu moins clair.»

D’autres gros noms risquent de se porter candidats et les aléas des primaires peuvent toujours réserver des surprises, surtout lorsque la liste d’aspirants est longue, prévient le chercheur. Une candidature féminine pourrait cependant avoir une longueur d’avance.

«On surfe un peu sur la vague (des élections de mi-mandat) de 2018, il y a déjà trois ou quatre candidatures féminines, mais il y a aussi des hommes qui ont de bonnes chances comme Beto O’Rourke au Texas», explique M. Cloutier-Roy qui concède tout de même qu’il y a «de très bonnes chances» que les démocrates opposent une femme à Donald Trump.

Si bien des Montréalais sont emballés par le passé de Kamala Haris, la politicienne n’en parle pas vraiment publiquement.

«Ça remonte à plusieurs années et sa vie professionnelle se trouve uniquement aux États-Unis. Bien sincèrement, je ne pense pas que ce soit quelque chose qui va ressortir», croit l’expert de la politique américaine.

Les sénatrices Elizabeth Warren du Massachusetts et Kirsten Gillibrand de New York ont formé des comités exploratoires et leur candidature est pratiquement assurée. Les sénateurs Cory Booker du New Jersey, Sherrod Brown de l’Ohio et Amy Klobuchar du Minnesota songent aussi à se lancer. M. Booker pourrait disputer le vote afro-américain à Mme Harris.

D’autres poids lourds démocrates, comme le sénateur Bernie Sanders et l’ancien maire de New York Michael Bloomberg, envisagent aussi d’être de la course.

Mme Harris a lancé sa campagne à l’occasion de ce qui aurait été le 90e anniversaire de naissance de Martin Luther King.

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