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La FMSQ veut des balises en procréation assistée

Photo: Jacques Boissinot/La Presse canadienne

MONTRÉAL – La Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) estime que le temps est venu d’ouvrir le débat sur la mise en place éventuelle de balises au programme de procréation assistée afin d’éviter les abus, une explosion des coûts et d’éventuelles dérives éthiques.

Le président de la Fédération, le docteur Gaétan Barrette, a soutenu en conférence de presse, mercredi, que Québec ne pouvait plus continuer sur la même voie.

«Dans la FIV (fécondation in vitro), au moment où on se parle, c’est un peu un bar ouvert», a imagé le docteur Barrette, selon qui le mot a commencé à se passer à l’extérieur de la province.

«Nous sommes à la veille du tourisme médical procréatif. Au Québec, pour avoir accès à la procédure, il faut que la femme — pas le mari — ait une carte d’assurance-maladie, c’est tout. Et pour avoir une carte d’assurance-maladie, il faut être au Québec pendant trois mois. C’est tout», a déclaré le président de la Fédération.

Il a d’ailleurs précisé que ses membres avaient documenté au moins deux cas où des femmes de l’extérieur du Québec avaient agi ainsi.

Reprenant à son compte un cas récemment évoqué par le ministre de la Santé, Réjean Hébert, où un enfant conçu grâce au programme a dû être confié à sa naissance à la Direction de la protection de la jeunesse, le docteur Barrette a fait valoir que des balises et la création d’un guichet unique mettraient un terme à ce genre de situation. Il a rappelé que des balises existent par exemple pour l’adoption et, sans se prononcer en faveur de critères similaires pour la fécondation in vitro, il a dit croire que ce débat devait être fait, comme il doit aussi être mené, selon la Fédération, sur l’imposition d’une limite d’âge pour avoir droit à l’intervention.

«Est-ce que c’est justifié d’avoir des balises? La réponse, évidemment, c’est oui, a-t-il soutenu. Est-ce qu’on a des balises dans d’autres secteurs de la santé? La réponse est évidemment oui. Le seul secteur en santé que je connaisse où il n’y a pas de balises de quelque nature que ce soit, c’est dans la fécondation in vitro.»

La Fédération ne remet nullement en question le programme de procréation assistée dont elle reconnaît le succès technique, mais le docteur Barrette a souligné qu’il ne fallait pas se laisser éblouir par un succès technique. Il a écorché au passage l’ancien ministre de la Santé et père du programme, Yves Bolduc, qui l’a qualifié de «meilleur programme au monde».

«Il y a certains politiciens, lorsqu’ils parlent de ce programme-là, on a l’impression d’entendre Elvis Gratton: c’est le plus meilleur programme au monde!» a raillé le docteur Barrette.

«Non. C’est le plus ouvert au monde, mais ce n’est pas nécessairement le meilleur programme au monde. Mais c’est un programme nécessaire qu’on pense devoir baliser de façon plus précise», a-t-il dit.

Bien que prudente sur la nature exacte de ces éventuelles balises, la Fédération ne craint pas de s’avancer dans un cas précis: selon elle, le programme doit être soumis à la règle du médicalement requis.

La Fédération croit de plus qu’il faut réviser le tarif accordé aux praticiens du secteur privé. Le docteur Barrette note que les services de fertilisation in vitro offerts dans le secteur public sont sous-utilisés et que les professionnels migrent vers les cliniques privées, ce qui indique, selon lui, que les frais versés aux cliniques privées pour cette procédure sont exagérés.

Enfin, la Fédération, de même que deux associations membres, celle des pédiatres et celle des obstétriciens-gynécologues, dénoncent l’absence de registre pour documenter les effets du programme, et ce, même si un tel registre était prévu dans les crédits gouvernementaux.

La présidente de l’Association des pédiatres du Québec, la docteure Pascale Hamel, qui participait à la conférence de presse en compagnie de son homologue de l’Association des obstétriciens-gynécologues, le docteur Robert Sabbah, a déploré que l’on n’ait aucune façon d’identifier et de suivre les enfants issus de cette procédure et, donc, de savoir s’ils présentaient des problématiques de santé particulières.

«On voudrait qu’il y ait, dans ce registre, les techniques utilisées, les taux de grossesses, le taux de succès, le taux de grossesses multiples, les naissances vivantes et naissances prématurées et on voudrait aussi voir ce qu’il en est de la mortalité néo-natale, a-t-elle indiqué. Rien de tout ça n’a été fait, nous n’avons aucun chiffre.»

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