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Pipeline inversé: jusqu'à 200 M$ d'investissements

MONTRÉAL – La pétrolière Valero Energy (TSX:VLO), propriétaire d’Ultramar, pourrait investir jusqu’à 200 millions $ au Québec si elle réussit à obtenir un approvisionnement de pétrole de l’Ouest canadien à la suite de l’inversion du pipeline numéro 9 d’Enbridge.

Cette nouvelle source amènerait Valero à investir 110 millions $ au terminal pétrolier d’Ultramar à Montréal-Est afin d’y stocker le pétrole brut. Celui-ci serait ensuite transporté par bateau à la raffinerie de Lévis, où un autre investissement de 30 millions $ serait requis afin d’aménager les installations de manutention et d’entreposage adéquates.

Enfin, une soixantaine de millions de dollars seraient requis pour des ententes de partenariat avec des armateurs pour la flotte de pétroliers devant acheminer le brut de Montréal à Lévis.

Si le projet d’inversion du pipeline va de l’avant, la raffinerie de Lévis serait ainsi approvisionnée en pétrole brut léger provenant de gisements conventionnels en Alberta, en Saskatchewan et au Dakota du Nord. La pétrolière pourrait également utiliser du pétrole provenant des sables bitumineux mais seulement s’il a préalablement été transformé en pétrole synthétique, a expliqué le directeur des affaires publiques et gouvernementales chez Ultramar, Michel Martin.

«En aucun cas, pour nous, est-il question d’aller chercher du pétrole lourd dans l’Ouest ou du bitume, parce que notre raffinerie n’est pas configurée pour traiter ce type de pétrole», a-t-il précisé.

Valero estime que cet approvisionnement lui fournirait un important avantage concurrentiel puisque le prix du pétrole de l’Ouest canadien est de loin inférieur à celui du pétrole d’outre-mer.

«Pour des raisons de compétitivité, tous cherchent en ce moment à avoir accès d’une façon ou d’une autre au pétrole de l’Ouest, a indiqué M. Martin. L’inversion de la ligne 9 d’Enbridge serait pour nous un atout-clé, crucial et absolument stratégique dans ce contexte-là.»

Michel Martin ajoute que cette nouvelle source d’approvisionnement aurait un impact positif sur le trafic de pétroliers sur le fleuve Saint-Laurent.

«En termes de nombre de navires, il y aurait moins de navires dans la portion Montrél-Lévis qu’il y en avait à la fin de l’année 2012 — ce seraient des navires de plus grande taille, soit, mais en moins grand nombre — et on aurait aussi un nombre beaucoup plus réduit de pétroliers dans l’estuaire du Saint-Laurent pour amener le pétrole qui vient d’outre-mer», a-t-il fait valoir.

Ce raisonnement est vrai pour le Golfe et l’estuaire du Saint-Laurent, puisque le pétrole en provenance de l’Ouest remplacerait celui qu’Ultramar raffine présentement en provenance du Kazakhstan, de l’Angola, du Nigeria et d’Algérie.

En contrepartie, cependant, il faut souligner que le transport par pétrolier sur le fleuve entre la raffinerie de Lévis et le terminal de Montréal-Est, comme celui par train, avait été complètement éliminé par Ultramar depuis la mise en service, en décembre dernier, du nouveau pipeline reliant la raffinerie de la rive-sud de Québec à ses entrepôts montréalais. Un approvisionnement de brut par pipeline à Montréal signifierait une reprise de ce transport maritime.

L’Office national de l’énergie tiendra des audiences publiques au Québec et en Ontario sur le projet d’inversion d’Enbridge.

Il s’agirait, en fait, d’une «ré-inversion» puisque le pipeline avait été construit dans les années 1970 pour transporter le pétrole de l’Ouest vers l’Ontario et le Québec. Le flux avait été inversé à la fin des années 1990 lorsque le prix du brut en provenance de la Mer du Nord avait chuté et que celui du pétrole de l’Ouest était devenu moins compétitif.

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