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Globe and Mail : Doug Ford aurait déjà vendu du haschich

Diana Mehta et Will Campbell - La Presse Canadienne

TORONTO – L’homme qui a vigoureusement défendu le maire de la plus grande ville du Canada au moment où ce dernier était mêlé à des allégations de consommation de crack a passé la journée de samedi à dénoncer avec autant d’énergie une autre allégation, celle-là à l’effet qu’il avait lui-même déjà vendu du haschich pendant plusieurs années à Toronto.

Furieux, le conseiller municipal Doug Ford, le frère aîné du maire de Toronto Rob Ford, a nié avec véhémence des allégations publiées dans un grand quotidien canadien, dénonçant au passage ce qu’il a qualifié «d’attaques persistantes à l’endroit de sa famille».

Dans un dossier qui a couvert cinq pages, samedi, le Globe and Mail soutient que Doug Ford a été un vendeur de haschich durant les années 80 — des accusations que M. Ford et son avocat ont qualifiées de fausses.

Le Globe dit avoir recueilli ses informations à la suite d’interviews avec dix personnes qui, selon le journal, ont grandi avec Doug Ford. Les sources du Globe incluent deux anciens fournisseurs de haschisch, trois revendeurs dans la rue et des consommateurs occasionnels de haschisch. Selon le Globe, les sources ont accepté de parler seulement si on leur garantissait l’anonymat.

Selon le quotidien, les sources ont prétendu que M. Ford a été un «vendeur très important (a go-to dealer)» de haschisch pendant plusieurs années.

Le Globe dit avoir tenté de contacter plusieurs policiers à la retraite affectés aux enquêtes sur la drogue à cette époque; l’un d’eux a dit n’avoir aucun souvenir d’avoir rencontré les Ford tandis que plusieurs autres n’ont pas répondu.

«Elles ne sont pas vraies», a affirmé M. Ford à La Presse Canadienne, au sujet des allégations. «Savez-vous qui peut être le juge et le jury de tout ceci? Le peuple», a-t-il renchéri.

Lorsque questionné à savoir s’il avait déjà vendu du haschisch, M. Ford, visiblement mécontent, a répondu «non, je n’en ai jamais vendu».

Le reportage du Globe and Mail a été publié à peine 24 heures après que le maire Rob Ford eut mis fin à un mutisme d’une semaine, en lien avec une présumée vidéo dans laquelle il fumerait ce qui semble être du crack. M. Ford a déclaré vendredi qu’il ne consomme pas de crack et qu’il n’a aucune accoutumance à cette substance.

Doug Ford, qui est apparu en public tel un pilier pour son frère, s’est retrouvé sous les réflecteurs samedi, après que le Globe eut cité des sources, décrites comme étant des vendeurs de drogue et des consommateurs, qui affirmaient que le bras droit du maire aurait prétendument vendu de la drogue dans le secteur ouest de Toronto, bien longtemps avant qu’il ne sollicite un mandat au conseil municipal.

Le quotidien — qui dit avoir découvert l’information au cours des 18 derniers mois pendant qu’il travaillait sur un dossier plus élaboré sur la famille Ford — a précisé qu’il n’avait pu trouver aucune confirmation que M. Ford avait été formellement accusé de possession illégale ou trafic de drogue.

Dans ses explications aux lecteurs quant à la pertinence de publier ce reportage, la direction du Globe a noté que les frères Ford détiennent une emprise sur une grande partie du secteur des affaires de la ville de Toronto et qu’ils ont fait campagne sur des plates-formes anti-drogue.

«Le reste du conseil municipal, et les citoyens dans leur ensemble, méritent de comprendre le profil moral de leurs leaders. Dans la plupart des cas, publics ou privés, le caractère est important», a écrit le rédacteur en chef du Globe, John Stackhouse, dans une chronique accompagnant le reportage.

Lorsque questionné sur la possibilité d’intenter une poursuite contre le Globe, M. Ford a répondu qu’il n’avait pas encore pris de décision.

«Nous n’écarterons pas cette possibilité», a-t-il déclaré. «Je suis en contact avec mes avocats en ce moment même.»

M. Ford s’en est cependant pris à M. Stackhouse, lors d’une entrevue accordée à une station de télévision locale.

«John Stackhouse, vous êtes, selon moi, un être humain dégoûtant», a-t-il lancé, en regardant directement vers la caméra, lors d’une interview accordée à CP24. «Si vous avez une famille, si vous avez des enfants, aimeriez-vous que je fasse du journalisme d’enquête sur vous?».

M. Stackhouse a fait fi des attaques personnelles de Doug Ford.

«Il peut s’en prendre à nous autant qu’il le désire, ce n’est pas ce qui importe et ce n’est probablement pas la question à laquelle la plupart des Torontois veulent une réponse en ce moment», a-t-il déclaré en entrevue.

M. Stackhouse a ajouté que le Globe avait maintes fois tenté d’obtenir les commentaires de M. Ford avant la parution du reportage.

«La famille (Ford) est, à juste titre, frustrée mais pendant un certain temps, elle a refusé de parler au public ouvertement et de façon transparente sur des questions très sérieuses.»

Lors de l’entrevue qu’il a accordée à CP24, Doug Ford a parlé de son implication communautaire à titre de membre du club Rotary, pendant plusieurs années, et ajouté que lui et sa famille travaillent avec vigueur pour le bien-être de Toronto.

«Tout ce que nous avons fait, c’est de ‘servir d’abord’», a affirmé M. Ford, en utilisant la devise du club Rotary.

«Je suis l’un des rares politiciens dans ce pays qui redonne son salaire à la communauté et plus», a-t-il ajouté.

Mais au moins un conseiller municipal est d’avis que la ville de Toronto, et tous ceux qui surveillent ce qui s’y passent, a besoin que les frères Ford amorcent une discussion franche sur les allégations qui pèsent sur eux.

«Ce serait profitable pour tout le monde, pour Toronto et pour eux-mêmes, s’ils faisaient preuve d’honnêteté, parce que tout le monde veut passer à autre chose», a déclaré le conseiller Josh Matlow. «Mais plus longtemps ceci va durer, plus ce sera difficile pour tous ceux impliqués.»

M. Matlow a ajouté qu’il n’était pas surpris des prétentions du Globe, affirmant que l’allégation selon laquelle Doug Ford a déjà été un vendeur de drogue «est l’un des secrets les mieux connus, depuis longtemps, à l’Hôtel de Ville».

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