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L’étonnante popularité des courses de la mort

Photo: Tough Mudder

Les courses «extrêmes» – où les participants côtoient souvent le danger en ayant à conquérir obstacles et inconfort – connaissent une popularité grandissante. Les trois plus grandes entreprises qui offrent ce style d’évènements ont enregistré un chiffre d’affaires combiné de plus de 150 M$ en 2012, quatre ans seulement après le début de leurs activités. Regard sur le phénomène curieux des courses de la mort.

C’est quoi?

Les trois plus importantes compagnies de course extrême, en terme de chiffres d’affaires, sont Tough Mudder, Warrior Dash et Spartan Race.

  • Tough Mudder (70 M$ en 2012)

Il y a une controverse autour du Tough Mudder, puisque le fondateur, Will Dean, a été accusé d’avoir volé le concept à une course qui existe depuis les années 1970 au Royaume-Uni, le Tough Guy.

On estime que 500 000 personnes ont participé à la cinquantaine d’évènements tenus un peu partout sur la planète en 2012.

Les participants peuvent s’attendre à devoir sauter dans de l’eau glacée, ramper sous des barbelés et se faire électrocuter durant la course de 16km à 18km.

  • Warrior Dash (50 M$ en 2012)

D’après Clayton Dorge, directeur des évènements chez Warrior Dash, 1 million de personnes ont participé à une des courses organisées par l’entreprise depuis sa fondation en 2009.

La course de 5km, qui nécessite entre 45 minutes et une heure à compléter, force les participants à traverser plusieurs obstacles comme le feu et boue.

Le travail d’équipe est encouragé. Comme le Tough Mudder, la course n’est pas chronométrée, pour éviter la compétition entre les participants.

  • Spartan Race (30 M$ en 2012)

C’est probablement la course le plus connue à Montréal, avec deux évènements Spartan Race montréalais organisés cet été (le 25 mai et le 30 juin).

Il y a quatre types de Spartan Race: la Spartan Sprint, de 5km, la Super Spartan, de 13km, la Spartan Beast, de 20km, et la Spartan Death Race. Cette dernière est considérée comme la plus difficile de toutes les courses extrêmes.

Les participants ignorent tant la longueur de la course que les obstacles auxquels ils feront face. Ils savent seulement qu’ils auront à endurer au moins 48 heures de torture physique et mentale dans la brousse vermontoise, le tout sans dormir. Plus de 90% des participants, qui doivent avoir complété au préalable les trois autres catégories de Spartan Race, ne réussissent pas à compléter la Death Race.

À titre d’exemple, on a déjà demandé aux participants d’une course passée d’apporter un vélo de montagne. Arrivés à la course, les participants ont dû lancer la chaîne de leur vélo dans un lac et transporter le vélo sur leur dos tout au long de la course de près de 72 heures.

Pourquoi participer?

Pour Clayton Dorge, directeur d’évènements chez Tough Mudder, la réponse est simple.

«Si tu veux avoir des bras comme Keira Knightley, fais un marathon. Si tu veux avoir l’air d’un homme des cavernes, fais un Tough Mudder! lance-t-il au bout du fil. Il y a beaucoup de gens qui font du jogging ou qui s’entraînent. C’est devenu une mode de plus en plus populaire depuis 15 ou 20 ans. Nous avons pris ce concept et dit aux gens, “Tu t’emmerdes dans les marathons? Viens faire quelque chose de différent”.»

L’ennui provoqué par la culture du fitness semble être au cœur du phénomène. «Tu cours dans les bois ou dans la boue, ce n’est pas redondant. Moi, je ne suis pas capable de courir 25 km sur de l’asphalte. Je trouve ça long et plate, a confié à Métro Jean-Christophe Brien, professeur de Crossfit de 24 ans qui a déjà deux Spartan Race derrière la cravate. Le temps passe vite. Quand tu cours, il faut que tu regardes autour de toi, que tu fasses attention où tu mets tes pieds, tu ne penses pas à ta performance. Pour moi, c’est moins dur de faire ça que de faire un marathon.»

«Les gens vont au gym pour se pousser physiquement, mais ils s’entraînent dans des boîtes stériles, lèvent des haltères sans but précis et se demandent, “pourquoi est-ce que je fais ça?” C’est carrément déprimant!», ajoute M. Dorge.

L’idée de vouloir atteindre ses limites physiques figure aussi au nombre des raisons qui poussent les gens à se lancer dans la course extrême.

Étudiant de 20 ans de Polytechnique, Jean-Françcois Morin s’est inscrit à la Spartan Death Race, la plus difficile et la plus ardue de toutes les courses extrêmes.

Le jeune athlète, qui a 15 ans de compétition nationale en natation à son actif et qui a complété six Spartan Race de tous les niveaux, espère pouvoir être du minime 10% des participants qui arrivent à compléter la course ultime.

«Ce qui m’intéresse, c’est le fait que ce soit un challenge, une aventure. Quand j’ai vu que ça existait, la Spartan Death Race, je me suis dit “ça va être une bonne manière de se mesurer!”, s’exclame-t-il au téléphone. Les organisateurs font tout pour nous décourager, pour nous faire abandonner. Ça me fait un peu peur, et je sais que ça va être une sorte de torture, mais… [rires] Je veux voir si je suis assez tough.»

Il y a aussi l’aspect social. Plusieurs courses ne compilent pas de palmarès, et ne décernent aucun prix à ceux qui finissent en premier.

«Les gens créent des liens lors de l’évènement. Quand ils terminent la course, ils ont automatiquement quelque chose en commun avec les autres participants. Ils ont vécu les mêmes expériences, les mêmes embûches, et peuvent en parler», a soutenu Alex Patterson, représentant de Warrior Dash.

Obstacles à souligner

Arctic Enema (Tough Mudder)
Les participants doivent plonger dans un mélange d’eau et de glaçons.

Storming Normandy (Warrior Dash)
Il faut ramper sous des barbelés.

Electroshock Therapy (Tough Mudder)
Arrivés à la fin de la course, les participants doivent sprinter sous un auvent où pendent des fils électrifiés.

Warrior Roast (Warrior Dash)
Les participants doivent sprinter dans de la braise enflammée.

Funky Monkey (Tough Mudder)
Il s’agit de traverser un étang en se suspendant, avec les mains, à des barres de métal graissées.

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