Soutenez

Euthanasie: il pourrait y avoir des dérapages selon une coalition de médecins

Si le Québec va de l’avant avec son projet de loi 52, qui baliserait l’aide médicale à mourir, il y aura des importants dérapages, et le nombre de cas explosera, du moins selon la Coalition des médecins pour la justice sociale.

En point de presse jeudi, le Dr Paul Saba, président de la Coalition, a fait état de la «pente glissante» dans laquelle se lancerait le Québec s’il va de l’avant avec son projet de loi. «Dès qu’on ouvre la porte, c’est difficile de la fermer, a-t-il lancé. Il y aura des dérives. Les médecins font des erreurs médicales. La médecine, c’est un art. L’euthanasie, c’est l’abandon du patient».

La Coalition a fait témoigner le chimiste belge Dr Tom Mortier, qui mène dans son pays une croisade contre l’euthanasie. «En Belgique, nous avons 10 ans d’avance sur le Québec en la matière, a-t-il suggéré. À l’origine, la loi qui encadre l’euthanasie avait des balises semblables [à celles du projet de loi 52]. Voir ce qui se passe en Belgique maintenant, c’est voir le futur du Québec dans 10 ans si vous procédez avec cette loi».

Dr Mortier a décrit plusieurs cas belges où l’euthanasie aurait été prodiguée à des gens qui ne figureraient pas dans la catégorie de patients touchés par le projet de loi 52 tel que proposé. La mère du chercheur aurait d’ailleurs été euthanasiée pour une dépression. Deux jumeaux auraient aussi eu droit au suicide assisté après avoir appris qu’ils deviendraient aveugles.

Selon la ministre déléguée aux Services sociaux, Véronique Hivon, il n’est aucunement question de mettre fin à la vie de gens qui n’ont pas de maladie terminale incurable qui cause des souffrances intolérables et inapaisables. «Les balises sont très strictes, autant en ce qui a trait aux critères d’admissibilité qu’au processus qui doit être suivi, a-t-elle expliqué au téléphone, jeudi. La personne doit être en fin de vie, donc on ne parle pas d’une personne dont l’état pourrait s’améliorer, et elle doit le demander elle-même et de manière répétée».

Métro a contacté un médecin spécialiste qui prodigue les soins palliatifs depuis plus de 20 ans au Québec, et qui a préféré garder l’anonymat. Il ne croit pas que le projet de loi 52 donne lieu à des dérives. «Je ne pense pas qu’il va y avoir de dérapage. Le projet de loi est très strict, pense-t-il. Honnêtement, chez certains patients, ça leur aurait rendu service [de leur prodiguer l’aide médicale à mourir]. Moi, en tant que spécialiste, dans certains cas précis, j’aurais aimé ça pouvoir le faire».

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.