Îles-de-la-Madeleine: mise en garde du BAPE
QUÉBEC – Les promoteurs intéressés à exploiter le pétrole ou le gaz du sous-sol des Îles-de-la-Madeleine devraient d’abord prouver que leurs travaux se feront sans impact négatif sur l’approvisionnement en eau, conclut un rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) rendu public mardi.
De plus, selon lui, compte tenu de la fragilité de l’archipel et de l’importance d’assurer la pérennité de la ressource en eau potable, le ministère du Développement durable devrait participer au processus d’octroi de permis de forage des puits de gaz ou de pétrole.
L’enquête sur les effets liés à l’exploration et l’exploitation des ressources naturelles sur les nappes phréatiques aux Îles-de-la-Madeleine, notamment ceux liés à l’exploration et l’exploitation gazière, avait débuté en mai dernier.
La commission d’enquête était présidée par le commissaire Michel Germain, qui a produit un rapport de près de 200 pages.
L’archipel madelinot apparaît donc plus vulnérable que l’ensemble des autres régions du Québec, tant du point de vue économique, que social et environnemental, conclut le BAPE, qui réclame un renforcement de la réglementation.
«Comme pour la majorité des petits espaces insulaires, les menaces environnementales qui pèsent sur le territoire des Îles-de-la-Madeleine sont nombreuses, rendant cet archipel plus vulnérable que la majeure partie du Québec», peut-on lire dans le rapport.
Les principales préoccupations des Madelinots en ce domaine sont les suivantes: la protection de l’eau potable, la régénération du couvert forestier, la gestion des matières résiduelles, les impacts potentiels attribués aux changements climatiques, l’érosion des berges, sans compter l’éventuelle exploration et exploitation des ressources naturelles, dont les hydrocarbures.
L’organisme estime de plus que pour mieux protéger les nappes phréatiques il faudrait voir à réduire la consommation de combustibles fossiles, omniprésente sur le territoire madelinot.
Dans une perspective plus large, les Îles-de-la-Madeleine devraient avoir leur propre stratégie énergétique, dont un des objectifs pourrait être précisément de réduire la quantité de combustibles fossiles utilisée sur le territoire, écrivent les auteurs du rapport.
Au total, la commission d’examen a reçu 24 mémoires et a tenu plusieurs séances publiques au cours des derniers mois.
Elle souligne également que plusieurs participants aux audiences publiques auraient souhaité que la consultation ne porte pas uniquement sur les enjeux liés à la nappe phréatique, mais plus largement sur l’ensemble des effets de l’exploration et l’exploitation des ressources naturelles, surtout du gaz, sur ce territoire réputé fragile.
Par conséquent, en cas d’une éventuelle découverte significative de gaz naturel ou de pétrole sur les Îles-de-la-Madeleine, le BAPE juge qu’une possible exploitation de ces ressources souterraines devrait être évaluée dans le cadre d’une consultation publique. Une telle consultation devrait intégrer les aspects sociaux, économiques et écologiques, aux yeux du BAPE, qui rappelle que les Madelinots souhaitent aussi avoir leur mot à dire sur une telle éventualité.
Pour mener à bien ses travaux, la commission a pu appuyer sa réflexion sur un document produit en 2012 par l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), qui a fait la synthèse des connaissances actuelles sur les eaux souterraines aux Îles-de-la-Madeleine. L’équipe de chercheurs de l’UQAR devait notamment évaluer quel serait l’impact de l’exploration et l’exploitation éventuelle du gaz naturel dans l’archipel.