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La parole aux enseignants

Photo: Archives Métro Média

La Semaine des enseignantes et des enseignants, décrétée par le ministère de l’Éducation, se déroule jusqu’au 8 février sous le thème «À l’écoute de nos profs». Aucune activité spéciale n’est organisée par le gouvernement, mais plusieurs écoles soulignent le travail de ces professionnels auprès des jeunes. Comme c’est l’occasion d’apprendre de leur expérience sur le terrain, Métro a donné la parole à certains d’entre eux.

Carolann Grilli

Enseignante de 1re année à l’école Harfang-des-Neiges, à Pierrefonds

Est-ce que le ministère de l’Éducation et la société devraient écouter davantage les profs?
Absolument. Le problème avec le ministère, c’est que les fonctionnaires, dans leurs bureaux, sont déconnectés de la réalité. Ce sont les profs qui savent ce qui fonctionne avec les élèves, mais nous ne sommes pas entendus.

Si on vous consultait, qu’est-ce que vous diriez?
Le programme est beaucoup trop chargé, à tout le moins en 1re année. Il est conçu comme si on avait des élèves parfaits qui comprennent tout de suite les notions après une seule explication. Dans la réalité, on a des élèves avec des déficits d’attention, de l’hyperactivité, des problèmes d’apprentissage et de comportements, à qui il faut d’abord enseigner comment se comporter dans une classe.

Qu’est-ce qui fonctionne bien dans le système d’éducation?
C’est le travail exceptionnel des enseignants. Ce sont des mères, des médecins, des psychologues. Ils portent un paquet de chapeaux, s’investissent et mettent de l’énergie dans plusieurs projets hallucinants.

Patrick Lebeau

Enseignant de 1re, 2e et 4e années à l’école secondaire Henri-Bourassa

Est-ce que le ministère de l’Éducation et la société devraient écouter davantage les profs?
Évidemment. Il faut écouter nos demandes pour que la situation s’améliore. Ce n’est pas pour rien que beaucoup de profs délaissent la profession ou tombent en dépression.

Si on vous consultait, qu’est-ce que vous diriez?
Il faut diminuer le nombre d’élèves et le nombre de cas problème par groupe. Il faut aussi augmenter les services comme les psychoéducateurs, les travailleurs sociaux, les éducateurs spécialisés et les activités parascolaires. Dans un monde idéal, on aurait aussi des ressources technologiques adéquates, comme des ordinateurs et des iPad.

Qu’est-ce qui fonctionne bien dans le système d’éducation?
Dans un quartier défavorisé comme celui où je travaille, c’est l’énorme implication des enseignants et des autres membres du personnel qui aide les jeunes à rester accrochés à l’école.

Michel Lord

Enseignant de 6e année à l’école
Saint-Antoine-Marie-Claret, à Ahuntsic

Est-ce que le ministère de l’Éducation et la société devraient écouter davantage les profs?
Le gouvernement prend des décisions sans jamais consulter les enseignants. La valeur de l’éducation et des professeurs a aussi diminué dans l’opinion publique. Les gens mettent tous les problèmes sur le dos des enseignants, et le gouvernement ne réagit pas.

Si on vous consultait, qu’est-ce que vous diriez?
Qu’on a du matériel désuet, des classes trop pleines, des services d’orthopédagogie au minimum, de la psychoéducation à peu près inexistante, alors que les enfants vivent beaucoup de problèmes d’anxiété, d’apprentissage et de comportement. Mais on nous demande des rendements et des niveaux de réussite toujours plus élevés dans nos classes. On a aussi des conditions de travail épouvantables.

À quoi peut servir la Semaine des enseignantes et des enseignants?
Tant que le gouvernement ne fait rien de concret avec ça, ce n’est que de la poudre aux yeux.

Chantal Pilon

Directrice adjointe à l’école Harfang-des-Neiges, à Pierrefonds

Que faites-vous de spécial lors de cette semaine ?

C’est l’occasion pour les enfants et les parents de remercier leurs professeurs. Les parents et la direction leur paient de petites surprises. Lundi, par exemple, il y aura un petit déjeuner pour eux. Autre exemple : des enfants vont lire des messages à l’intercom pour leur professeur.

Est-ce que le travail des enseignants devrait être reconnu davantage ?

Oui, ils sont rarement perçus comme des professionnels, malgré qu’ils aient eu à suivre une formation universitaire et de la formation continue. Et c’est un travail très demandant. Les parents devraient penser davantage aux enseignants. Tout le monde devrait le faire, d’ailleurs. J’invite chacun, cette semaine, à retourner voir des enseignants qui les ont marqué pour les remercier.

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