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Mission: démystifier le paranormal

Photo: Getty Images/iStockphoto

bouton paranormalToute la semaine, Métro publie des articles consacrés au paranormal.
Mardi: Entrevue avec un sceptique
Mercredi: Des endroits touristiques lugubres
Jeudi: Des histoires d’OVNI
Vendredi: La cryptozoologie et Les malédictions dans le sport

Naturel ou surnaturel? Voilà la question. Depuis huit ans, Patrick Sabourin et Izabelle Descheneaux, fondateurs d’APPA Paranormal, cherchent à démystifier certains phénomènes paranormaux. «On n’est pas là pour convaincre personne, on est là pour faire notre job», affirme d’emblée Patrick. Et leur «job», c’est d’enquêter et d’analyser des lieux où des manifestations surnaturelles, généralement liées à la vie après la mort, auraient eu lieu. «On croit qu’il y a quelque chose [après la mort]. Quoi? On ne le sait pas, c’est pour ça qu’on cherche», confie-t-il.

Les deux, qui forment un couple dans la vie, ont toujours été intrigués par le surnaturel, ayant chacun été témoin de phénomènes inexplicables plus jeunes. En 2006, après avoir regardé Ghost Hunters (TAPS), une émission de téléréalité dont les protagonistes sont des chasseurs de fantômes, ils décident de se lancer dans l’aventure. Équipés de lampes de poche et de leurs téléphones, ils ont commencé à arpenter les cimetières. Ils ont maintenant plus de 170 enquêtes à leur actif. Et ils ne facturent pas leurs services.

«L’équipe en ce moment est vraiment complète. On est allés chercher des membres de qualité. Nous sommes très structurés», s’enorgueillit le tatoueur de 42 ans qui a accueilli Métro chez lui à Saint-François-de-Laval.

L’équipe compte aujourd’hui une dizaine de personnes, qui ont pour la plupart vécu des phénomènes inexplicables dans leur vie, mais c’est une équipe restreinte de 4 à 6 personnes qui se rend sur les lieux «hantés». APPA Paranormal suit un protocole d’enquête rigoureux pour chaque cas étudié, tient à préciser le couple.

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Les fondateurs d’APPA Paranormal, Patrick Sabourin et Izabelle Descheneaux. Photo: Rachelle McDuff/Métro.

Première étape: la pré-enquête. C’est là que Marie-Josée Lamoureux, une intervenante en psychiatrie qui travaille dans le domaine de la santé mentale depuis 18 ans, entre en jeu. Elle est là pour évaluer si la personne qui a requis les services de l’entreprise n’est pas un «cas de santé mentale», explique-t-elle. Son constat le plus courant? «Les gens vivent un deuil, répond-elle sans hésitation. Quand on est en deuil, on a parfois l’impression qu’on sent la personne décédée.» Marie-Josée se voit comme une sceptique. «Je suis la fille qui démolit à chaque fois leurs preuves. Des fois, ils font des liens, mais j’amène une autre perspective, car je suis très rationnelle. C’est pour ça que je suis dans l’équipe.»

Avant de se rendre dans une résidence habitée ou dans un lieu abandonné présumé hanté, une équipe de recherchistes se renseignent sur l’endroit en question en colligeant de l’information sur l’historique du bâtiment et des lieux avoisinnants. «Ça peut prendre une semaine pour faire des recherches avant d’aller sur le terrain et on doit ensuite monter l’enquête», souligne Patrick.

Deuxième étape: l’enquête sur le terrain. Munis de leur attirail, qui comprend entre autres le K2, les enregistreuses numériques, les caméras, le Magneto EMPump et le Trinity (voir plus bas), les membres de l’équipe scannent d’abord l’endroit pour trouver des sources de courants d’air, de champs électromagnétiques ou statiques déjà existantes, des bruits ou ombrages étranges qui pourraient interférer avec leurs appareils et fausser les analyses. Consigne primordiale: les téléphones doivent être fermés car ils émettent des ondes électromagnétiques.

Parmi les phénomènes surnaturels dont ils ont déjà été témoins ou qu’ils ont captés sur leurs appareils, notons les hausses et les baisses de température ou de pression atmosphérique, des apparitions, des phénomènes de voix électronique et des hauts niveaux d’électromagnétisme.

«Des fois, on ressent un malaise [dans un endroit]. Nos épaules deviennent lourdes, nos mains sont moites. On a de la misère à respirer, des maux de tête. Des fois on doit sortir tellement l’atmosphère est lourde», confie Izabelle, qui a vécu une expérience troublante lors d’une enquête. «J’ai déjà ressenti subitement une grande tristesse. Je ne pouvais pas m’empêcher de pleurer. C’était capoté de vivre ça.»

L’investigation, qui dure environ 4 heures, est enregistrée sur caméra infrarouge et sur enregistreuse numérique. «Le numérique c’est plus fiable. Avant, on utilisait un ruban magnétique. Quand tu effaçais des anciennes pistes et que tu réenregistrais par dessus, ça pouvait arriver qu’il y ait des parasites sur la bande ce qui peut fausser l’analyse. Avec le numérique, tu ne peux pas entendre une voix qui était là avant comme c’était possible avec les cassettes», précise Éric Chicoine, directeur technique chez APPA et analyste informatique dans la vie.

Patrick et Éric ont mis sur pied le Projet Anubis (du dieu de la mort égyptien) qui vise à chercher et concevoir de nouveaux appareils de détection ou d’analyse de phénomènes paranormaux pour leur permettre de les répertorier et de les documenter de façon concrète. «Il n’existe pas de certitude [au niveau du paranormal]. Il nous manque des outils ce qui fait qu’on n’est pas capable de détecter hors de tout doute ces phénomènes. Mon rôle c’est d’analyser les choses, le matériel qu’on a utilisé ou de créer des instruments qui nous permettront de le prouver un jour», croit Éric.

Troisième et dernière étape: l’analyse du matériel, car même si rien ne semble s’être produit sur le terrain, les caméras ou les enregistreuses peuvent avoir capté quelque chose. Et l’examen des «preuves» prend du temps. «Il faut être passionné pour passer une quarantaine d’heures à analyser quand on a aussi une job à temps plein», affirme Patrick.

Parmi les membres d’APPA Paranormal, il y a aussi Patricia Lavoie. Depuis onze ans, elle fait du nettoyage énergétique. Quand une personne veut harmoniser sa maison APPA lui réfère Patricia. «J’aide les personnes autant au niveau émotionnel que physique et au niveau énergétique des lieux. Je fais beaucoup de nettoyage de lieu» explique-t-elle. Pour harmoniser un endroit, elle utilise un instrument nommé antenne de Lecher. «C’est un peu le même principe que les sourciers qui utilisent les fréquences vibratoires de l’eau. Tout a un taux vibratoire. Je prends mon antenne et j’envoie un signal (la fréquence vibratoire) et quand ça revient, l’antenne capte la fréquence et bascule», résume-t-elle. Une foule de choses peuvent créer des perturbations dans un endroit. «Elles peuvent provenir d’une entité ou du sol. S’il y a un courant d’eau qui passe dans le sous-sol, ça émet des vibrations et ça peut perturber le sommeil. Quand t’es centré, c’est beaucoup plus facile de prendre des décisions, t’es moins émotif, t’es plus productif.»

Bien qu’APPA Paranormal se targue d’être sérieuse, les équipes du genre ont souvent mauvaise presse.

Patrick reconnait que même l’émission de TAPS a trompé les téléspectateurs en inventant des faux phénomènes paranormaux. Et il y a eu l’affaire Roger Mainville, l’homme qui parlait aux entités avec une table, dans l’émission Rencontres paranormales à TVA qui a été dénoncée par plusieurs scientifiques il y a quelques années. «On a tous payé pour ça, déplore Patrick. Nous, on charge rien pour nos services. Ça nous servirait à quoi d’inventer des affaires et de faire nos charlatans? On ne gagnerait rien.»

Quelques appareils utilisés par APPA Paranormal

En plus des caméras à infrarouge et des enregistreuses numériques l’attirail comprend entre autres:

K2K2
L’appareil le plus populaire chez les «chasseurs de fantômes». Il détecte les champs magnétiques. Il est muni de lumières de différentes couleurs qui s’allument lorsqu’il y a des champs magnétiques.

EM PumpLe Magneto EMPump
Une des créations d’APPA. Selon Patrick, les entités drainent énormément d’énergie pour pouvoir communiquer ce qui fait que les batteries des différents appareils se vident rapidement sur les lieux d’investigation. Cet appareil est une bobine qui émet des impulsions électromagnétiques dans un spectre large, afin de donner plus d’énergie à une entité pour se manifester.

REPORTAGE Mel meterMel Meter
Inventé par un homme dont la fille s’appelait Melissa et qui est décédée. Il calcule le niveau de statique, les champs électromagétiques et la température. Selon APPA, des lumières s’allument pour signifier que l’entité est là et plus l’entité est proche, plus la lumière est foncée.

Trinity
La deuxième création d’APPA. Il est en prériode d’essai et calcule la température, la pression atmosphérique et détecte les champs électromagnétiques dans une pièce.


REPORTAGE TrifieldLe Trifield

Mesure les champs magnétiques naturels. Ça peut mesurer les ondes émises par les micro-ondes, et les champs électromagnétiques.

Ghost box
Scane les fréquences radio mortes AM et FM, communément appelées les white noises.

Hunter
C’est une caméra de chasse à infrarouge que tous les enquêteurs ont. Ça prend des photos en rafale dans le noir total. L’appareil donne aussi la température sur chaque photo. S’il y a une photo floue ou qu’il semble y avoir une apparition, la caméra montre la différence de température avec les 30 autres photos prises en rafales

ParamydeLa paramide
Envoie des pulsions sonores. Quand quelque chose passe devant, elle émet un clignotement.

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Manifestations paranormales?

Métro a demandé à APPA Paranormal de lui raconter quelques anecdotes d’enquête. Voici trois endroits où l’équipe a investigué.

Rivière-La Guerre
C’est dans ce petit village abandonné près de Valleyfield qu’APPA Paranormal a fait sa plus excitante «rencontre paranormale». On y retrouve un cimetière, une chapelle et un presbytère qui datent du début des années 1800. «Il y a une légende urbaine qui raconte qu’il y aurait une petite fille morte de la tuberculose qui aurait été enterrée dans le sous-sol d’une maison vu que c’était l’hiver. Près du presbytère, il y a une grange où tous les corps étaient enterrés pendant l’hiver. On était dans un sous-sol entouré de béton dans le milieu d’un champ où il n’y avait aucunes antennes nulle part. On voulait communiquer avec cette petite fille, mais nous sommes plutôt tombés sur Gordon. On l’a entendu dire son nom», raconte Patrick.

Rivière La Guerre

Photo: Gilles Douaire/Flickr

Un hôpital psychiatrique québécois
«Un agent de sécurité qui travaille dans un hôpital psychiatrique québécois qu’on ne peut nommer, nous a demandé d’aller enquêter. L’énergie était écoeurante!» dit Patrick. «Un moment donné, on est avec l’agent qui cherche ses clés pour nous ouvrir une porte et soudainement on entend: Est-ce que je peux vous aider?», relate Izabelle. Les recherches qu’on a fait sur ce lieu montrent qu’il y avait beaucoup de choses horribles qui se passaient là à une époque. On n’a pas inventé ça», explique Patrick.

Le sanatorium Lac-Édouard
Près de La Tuque, le sanatorium a été construit en 1904. «Quand on y est allé, il ne s’est rien passé, mais durant l’analyse, on a capté un visage dans un cadre de porte. Il y a eu une apparition d’une dame en robe de soirée. La caméra à nfrarouge filme en vert, puis à un moment donné une forme aux teintes roses apparait», raconte Patrick.

La réplique sceptique

Il en faut beaucoup à Dany Plouffe pour prouver hors de tout doute que les phénomènes paranormaux existent. Le porte-parole des Sceptiques du Québec remet en doute les analyses des «chasseurs de fantômes» bien qu’il ne croit pas du tout qu’ils soient malhonnêtes. «C’est quoi le rayonnement électromagnétique? demande-t-il. Eux, ils décident de dire que c’est des fantômes, moi je pourrais dire que c’est des extra-terrestres.»

D’où vient donc la croyance qu’une entité produit des champs électromagétiques? «Le magnétisme est souvent associé au monde du paranormal. C’est simplement une piste de réflexion, mais lorsqu’on a découvert que les aimants attiraient des objets, c’était mystérieux. On ne comprenait pas ce qui se passait. Même si ç’a été expliqué scientifiquement par la suite, le magnétisme est resté lié au surnaturel», avance M. Plouffe qui a un doctorat en physique. Un éventail de raisons peut expliquer les phénomènes captés. «Notre système électrique fonctionne sur 60 hertz, quand on a un instrument [comme le K2] qui capte le 60 hertz, on pourra toujours capter les champs électromagnétiques. Comme lorsqu’un voisin allume ses lumières» explique-t-il.

L’expérience principale qui pourrait démontrer qu’il y a un phénomène inexpliqué par la physique serait «le test du micro-onde». Ce dernier n’émet pas ou peu d’ondes à l’extérieur de son enveloppe métallique car elle bloque les ondes. «Donc, il faudrait mettre un instrument dans une cage métallique, puis faire des tests autour de la cage avec des appareils qui émettent des ondes. Si l’instrument à l’intérieur de la cage ne capte rien, puis qu’après la série de tests terminée l’instrument à l’intérieur capte quelque chose, là on pourrait dire qu’il y a un phénomène explicable par la physique actuelle» affirme-t-il.

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