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Québec invite les étudiants, mais pas la CLASSE

Patrice Bergeron et Magdaline Boutros - La Presse Canadienne

QUÉBEC – La ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, a ouvert une porte, jeudi, aux associations étudiantes, qui l’ont rapidement refermée.

Dans un point de presse à Québec, jeudi matin, elle a invité les leaders de la contestation étudiante à une rencontre le plus tôt possible, dès vendredi, mais sans l’association étudiante la plus militante, la Coalition large de l’association pour une solidarité syndicale étudiante (la CLASSE). Elle défiait ainsi le front commun des associations. Les meneurs du mouvement ont toutefois dit non.

La ministre a pris acte de la condamnation de la violence réitérée par les fédérations étudiantes des cégeps (FECQ) et des universités (FEUQ), mais déplore que la CLASSE refuse toujours d’affirmer clairement qu’elle renonce à la violence.

«J’ai demandé à mon cabinet d’entrer en contact avec les deux associations étudiantes (FECQ et FEUQ) pour qu’on discute de la tenue d’une rencontre, a-t-elle annoncé jeudi avant d’entrer au caucus libéral. (…) Je suis disponible, le plus vite possible, dès demain (vendredi), pour qu’on puisse s’asseoir.»

La ministre a toutefois réaffirmé qu’il est hors de question de remettre en cause la hausse des droits de scolarité. Elle a d’ailleurs ignoré la recommandation d’un ancien ministre libéral, Claude Castonguay, qui suggère au gouvernement de reporter la hausse prévue cette année et de dialoguer avec les étudiants.

«Je pense qu’il faut laisser une rencontre avec les étudiants se dérouler, a-t-elle répondu. Il y a d’autres sujets qui peuvent être soulevés.»

L’opposition péquiste a pour sa part vertement critiqué l’inflexibilité du gouvernement et de la ministre. En commission parlementaire pour l’étude des crédits du ministère de l’Éducation, la porte-parole péquiste en cette matière, Marie Malavoy, a rappelé que le mouvement de grève dure depuis 66 jours — «du jamais vu» au Québec — et qu’il n’est pas près de s’estomper.

«La situation est devenue aujourd’hui insoutenable», a-t-elle déclaré à la période de questions à l’Assemblée nationale.

Du côté des fédérations étudiantes, la FEUQ et la FECQ affirment ne pas comprendre l’empressement de la ministre à tenir une réunion dès vendredi, alors qu’elle refuse de rencontrer les leaders étudiants depuis dix semaines.

«On lui demande d’attendre que la CLASSE se positionne sur les actes de violence, puisqu’elle sera en congrès cette fin de semaine», a fait valoir la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins.

Le porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois, a confirmé que l’organisation débattra de la question lors de son congrès cette fin de semaine, à Montréal. La CLASSE s’était pour l’instant limitée à se dissocier des actes de violence.

M. Nadeau-Dubois croit toutefois que la ministre de l’Éducation cherche tout simplement à diviser le mouvement étudiant. «Rien n’indique que Mme Beauchamp ne trouverait pas une autre raison d’exclure la CLASSE, même si nous révisions notre position de dissociation», a-t-il soutenu en entrevue.

La ministre semble toutefois avoir ouvert une brèche dans la solidarité étudiante, puisque la FECQ a affirmé qu’elle participerait à la réunion même si la CLASSE n’y était pas.

«Nos membres nous ont dit qu’il fallait profiter d’une rencontre. La crise prend une ampleur sans précédent, c’est important de se mettre en mode solution», a indiqué le président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin.

Il réitère toutefois son souhait de voir la CLASSE à la table de négociation. «Si on veut trouver de manière durable une solution au conflit, il faut que l’ensemble des associations étudiantes soient représentées», a-t-il rappelé.

Face à l’ampleur de la crise, Martine Desjardins demande l’intervention du premier ministre Jean Charest pour dénouer l’impasse.

«Si Mme Beauchamp est incapable d’aborder le sujet des droits de scolarité parce que c’est rendu une question d’ego, on pense que le premier ministre devrait reprendre le dossier des mains de la ministre de l’Éducation et s’assoir avec les associations étudiantes, et ce, sans conditions», a soutenu la présidente de la FEUQ, reprenant ainsi la proposition de l’ancien ministre libéral Claude Castonguay.

Mme Beauchamp a dit être déçue de la réponse des associations, mais a rappelé que sa porte restait ouverte.

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