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Alison Redford s'est inspirée de Nelson Mandela

Dean Bennett - La Presse Canadienne

EDMONTON – Nelson Mandela aura été une source d’inspiration politique, mais aussi humaniste pour la première ministre de l’Alberta Alison Redford élue lundi.

Au début des années 1990, la jeune femme, qui deviendra plus tard la 14e leader de l’Alberta, était alors une avocate d’une vingtaine d’années travaillant au sein de l’équipe de M. Mandela pour tenter de trouver une issue à l’apartheid en Afrique du Sud .

La charge de travail était incroyablement lourde et les enjeux l’étaient tout autant.

Les élections imminentes pouvaient à la fois propulser le pays vers une nouvelle ère d’égalité interethnique ou le plonger dans une autre spirale de violence.

Seule à la piscine de l’hôtel où elle était descendue, Mme Redford se rappelle avoir été approchée par le garde du corps de M. Mandela qui lui a transmis une invitation pour la fête de Nouvel An de «Madiba».

Mme Redford s’est jointe ce soir-là à M. Mandela et à dix autres convives pour un repas intime, dans un hôtel situé à proximité.

Le téléphone était littéralement greffé à son oreille. Des dirigeants de gouvernement devaient être appelés, il fallait échafauder des plans, régler des problèmes. Son infirmière, une jeune Japonaise, se trouvait à ses côtés. Elle était auprès de lui depuis plus d’un an et s’apprêtait alors à quitter son poste. L’infirmière aura été le centre de l’attention de M. Mandela pendant plus d’une heure cette soirée-là, se rappelle Mme Redford.

«La seule chose qu’il voulait, c’était qu’elle s’amuse le soir du Nouvel An. Il demandait aux gens de la faire danser, même si ce n’était pas quelqu’un qui aimait danser. Je n’oublierai jamais cela», raconte-t-elle.

M. Mandela a été le premier président noir élu en Afrique du Sud, en 1994. Pour Mme Redford, c’était le début de sa vie de globe-trotter. Elle a offert ses conseils en matière de droits humains et de système démocratique dans certaines des régions les plus démunies du monde — la Zambie, la Namibie, le Vietnam, le Mozambique et la Bosnie-Herzégovine.

À son retour au Canada, le temps était venu pour elle de décider si elle plongerait en politique. Elle savait qu’un jour elle serait appelée à diriger.

Mme Redford est née à Kimitat en Colombie-Britannique, le 7 mars 1965.

Son père travaillait pour des entreprises de forage. Sa famille a vécu en Nouvelle-Écosse et à Bornéo avant de s’établir à Calgary, alors que la jeune Alison Redford avait 12 ans. À l’école secondaire, elle a été élue présidente des Jeunes conservateurs d’Alberta, un poste habituellement pourvu par des étudiants universitaires.

Elle a obtenu son baccalauréat en droit à l’Université de la Saskatchewan, avant de partir à Ottawa travailler pour le ministre des Affaires étrangères Joe Clark et le premier ministre Brian Mulroney. Alors qu’elle travaillait pour M. Clark, la jeune femme a rencontré M. Mandela pendant sa visite au Canada, en 1990, après sa libération de prison. Peu de temps après, elle partait travailler pour Nelson Mandela.

En 2004, à son retour au Canada, elle était prête à intégrer la politique fédérale. Elle a affronté Rob Anders pour l’investiture conservatrice à Calgary-Ouest, réalisant que la politique peut s’avérer un sport difficile.

M. Anders, qui s’est fait connaître comme étant le seul député à s’opposer à la citoyenneté canadienne honorifique pour M. Mandela, en a fait une affaire personnelle. Il l’a publiquement décrite comme une femme crispée et coincée dans sa tour d’ivoire, qui aurait besoin d’un «soutien magique de personnes aimant les avocates féministes».

Après trois tours de vote, elle a fini par perdre. «C’était une course assez difficile, a mentionné Mme Redford. Ce que j’ai appris, c’est qu’en fin de compte, il faut mener une campagne dont vous serez fier, et continuer à vivre votre vie en dehors de ça.»

En 2008, elle se présente sur la scène albertaine, remportant la victoire dans la circonscription de Calgary-Elbow. Elle est nommée ministre de la Justice. Après le départ du premier ministre Ed Stelmach, Mme Redford voit sa chance se pointer et pose sa candidature à la succession.

On lui donne peu de chance de l’emporter. C’est une recrue et ne compte presque pas d’appui au sein du caucus progressiste-conservateur. L’Establishment du parti a donné son appui à l’ancien ministre Gary Mar.

Mme Redford a une carte dans sa manche: le stratège Stephen Carter.

La candidate est devenue la rebelle de la campagne, se prononçant même contre son propre parti sur certains sujets comme le temps d’attente dans les hôpitaux. Utilisant les médias sociaux, oubliant les rassemblements traditionnels, elle cherche à parler directement aux leaders économiques et communautaires de la province.

Ayant quitté le conseil des ministres, elle se prononce contre la décision du gouvernement Stolmach de couper 107 millions $ dans l’Éducation. Résultat: les commissions scolaires n’ont pas assez d’argent pour payer les enseignants et doivent en licencier un certain nombre. «Cela était insensé. Si on doit trouver 107 $ millions pour dans un budget, pourquoi le prendre uniquement dans l’Éducation.»

Mme Reford a eu alors l’idée géniale de promettre de remettre les 107 millions $. Cette idée donna un deuxième souffle à sa campagne.

Et quelques semaines après sa victoire, elle avait réinjecté les fonds en éducation.

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