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Négociations rompues entre Québec et les étudiants

Alexandre Robillard - La Presse Canadienne

QUÉBEC – La sortie de crise semblait s’éloigner mercredi, concernant la hausse des droits de scolarité, après la décision de la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, d’exclure une association étudiante de la table des négociations.

Mme Beauchamp a jugé que la Coalition large de l’association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) avait une position trop ambiguë au sujet de manifestations qui ont mal tourné au cours des dernières heures à Montréal.

«On ne peut pas dire qu’on se dissocie d’un événement et en faire la promotion en même temps sur son site Internet, a-t-elle dit lors d’un point de presse. Je déplore sincèrement que la CLASSE ait choisi son camp, soit celui de la perturbation.»

La ministre a affirmé que la CLASSE avait été avisée qu’elle n’était plus la bienvenue autour de la table de négociation, mise en place lundi après-midi après que les associations étudiantes aient convenu d’une trêve empêchant les perturbations.

«Ils se sont exclus de la table de discussion, a-t-elle dit. Donc, ils l’ont appris par notre négociateur.»

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) ont réagi en suspendant le processus de négociation et en proposant que les représentants de la CLASSE soient intégrés à la délégation de FEUQ.

Les représentants des deux associations étudiantes attendent la réponse de Mme Beauchamp, mais ont indiqué que les pourparlers ne pourront se poursuivre sans la CLASSE.

Lors d’un point de presse, le porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois, a accepté cette invitation de la FEUQ mais il a estimé que la raison invoquée par Mme Beauchamp est un faux prétexte.

«Le prétexte qu’avance Mme Beauchamp pour nous exclure cache la vraie raison, a-t-il dit. Et cette vraie raison là elle est très simple: Mme Beauchamp ne veut pas parler de la hausse des frais de scolarité et c’est pour ça qu’elle exclut la CLASSE aujourd’hui. Cette décision de Mme Beauchamp est visiblement une autre stratégie pour saboter les discussions qui pourtant avaient cours dans les 40 dernières heures.»

M. Nadeau-Dubois a affirmé que la CLASSE s’était dissociée des récents événements invoqués par Mme Beauchamp. Le porte-parole a expliqué que son regroupement n’était pas responsable de la mise à jour d’un calendrier, sur son site Internet, où des manifestations sont annoncées.

«Le calendrier d’actions, auquel Mme Beauchamp fait référence, est une plate-forme ouverte pour diffuser l’information concernant l’ensemble des actions étudiantes qui ont lieu depuis le début de la grève, a-t-il dit. (…) Nous avons été très clairs, très, très clairs, tout au long de la journée d’aujourd’hui sur le fait que la manifestation d’hier (mardi) n’était pas organisée ni appelée par la CLASSE.»

Le présidente de la FEUQ, Martine Desjardins, a déclaré que la CLASSE n’était pas responsable de tous les débordements qui peuvent se produire en marge des négociations.

«Je peux vous confirmer qu’ils n’étaient pas à l’origine de la création de cette manifestation, a-t-elle dit. Ils se sont dissociés encore ce matin. La ministre cherche encore des conditions pour exclure un groupe des négociations. C’est encore une preuve de sa mauvaise foi et donc on fait encore appel à son sens des responsabilités.»

Estimant que la CLASSE ne peut être tenue responsable des agissements de tous les «groupuscules étudiants», le président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin, a affirmé que la décision de Mme Beauchamp ne fera qu’attiser les tensions et il a réclamé que le premier ministre Jean Charest se saisisse du dossier.

«Les gestes que posent le gouvernement en ce moment jettent de l’huile sur le feu et vont créer encore plus de contestation», a-t-il dit.

M. Bureau-Blouin a précisé que depuis le début des discussions, la hausse de 75 pour cent des droits de scolarité, rejetée par les étudiants, n’avait été qu’effleurée, les représentants gouvernementaux abordant plutôt l’aide financière aux études.

Alors qu’une manifestation se préparait en soirée à Montréal, M. Nadeau-Dubois a été le seul des trois représentants étudiants à ne pas lancer d’appel au calme aux manifestants, affirmant que ce n’est pas le mandat qu’il a reçu des membres de la CLASSE.

«La position que m’ont donnée ces 100 000 personnes en congrès en fin de semaine, elle est claire: c’est de condamner la violence physique envers les individus. Mais je n’ai pas le pouvoir d’appeler au calme et je ne le ferai pas, ce n’est pas mon rôle», a-t-il dit.

La chef péquiste Pauline Marois a affirmé que le gouvernement doit mettre fin au conflit en suspendant la hausse des droits de scolarité pour l’année 2012.

«Ce conflit a déjà coûté près de 40 millions $ aux contribuables québécois, a-t-elle dit. L’exaspération est à son comble, la population en a ras-le-bol: maintenant, ça suffit. Le premier ministre doit assumer ses responsabilités, prendre le dossier en main et régler ce conflit.»

Mme Marois a lancé un appel au calme, soutenant que les gestes de violence servent le premier ministre.

«Ça fait maintenant 72 jours que dure la crise étudiante du Québec, a-t-elle dit. La tension, elle est palpable et elle entraîne des gestes incontrôlés.»

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