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Faut-il encourager l’économie verte?

Photo: Métro

Conjuguer croissance économique et défense de l’environnement, voilà ce que vise l’économie verte, sujet sur lequel écologistes et environnementalistes s’opposent.

Leurs visions feront l’objet de deux colloques (ici et ici), en marge du Sommet de Québec sur les changements climatiques mardi.

Non

Dominique BernierL’économie verte, telle que présentée par les grandes instances internationales, stipule qu’on peut conjuguer croissance économique et défense de l’environnement grâce à l’innovation technologique et à des mécanismes financiers tels que la Bourse du carbone. En fait, c’est un recul par rapport au concept de développement durable, qui manquait déjà beaucoup de mordant, car on évacue presque complètement l’aspect social et on limite grandement l’aspect environnemental pour privilégier l’aspect économique.

Derrière l’économie verte, ce sont les lobbys industriel et financier qui tirent les ficelles. Il s’agit de brader la nature pour relancer la finance. Le plus bel exemple, c’est la Bourse du carbone, un des piliers de l’économie verte, qui a été un échec en Europe. En bref, ce système concède des droits de polluer aux grands émetteurs, qui peuvent soit faire des efforts pour être plus verts, soit acheter des crédits à des entreprises ayant réduit leurs émissions. Le problème, c’est que le prix de la tonne de Co2 est demeuré tellement faible qu’il est plus payant pour les entreprises de continuer à polluer.

Et comme ce système est très facile à frauder, en plus de coûter très cher à faire fonctionner. ce sont les citoyens qui paient la note, alors que la spéculation sur les crédits d’émission fait gagner des millions aux grands pollueurs. En outre, les projets financés dans les pays du Sud par ce moyen sont souvent douteux. Il suffit de penser aux agrocarburants qui permettent d’obtenir des crédits d’émission alors qu’ils entrainent dans leur sillage la déforestation et l’accaparement des terres. Bref, la Bourse du carbone encourage une forme de néocolonialisme.
Dominique Bernier, militante écologiste spécialisée en agroenvironnement. Conférencière samedi lors du colloque Économie verte: pièges et alternatives.

 

Oui

Karel MayrandOn est devant un dilemme, que fait-on? Doit-on se départir du système capitaliste, ou doit-on chercher à le réformer? Nous on fait le pari d’essayer de changer le modèle économique de l’intérieur en travaillant avec des entreprises progressistes pour revoir les procédés industriels, ou diminuer les émissions de gaz à effet de serre dans les domaines des transports ou de la construction de bâtiments. L’idée, avec l’économie verte, c’est de transformer l’économie pour réduire la consommation d’énergie et de ressources.

Est-ce que ce sera suffisant pour renverser la tendance au réchauffement climatique, c’est dur à dire. Mais certains mécanismes comme la Bourse du carbone ou les mesures d’écofiscalité sont des pas dans la bonne direction. Au moment de la création de la Coalition Switch, il y a deux ans, les écologistes et les gens d’affaires qui ont fait le pari de travailler ensemble se sont fait traiter de traitre des deux côtés, mais je pense qu’on a obtenu plus de gains ainsi qu’en s’opposant. Ceci dit, c’est vrai que l’économie verte n’est pas une solution à l’ensemble des problèmes environnementaux.

C’est plutôt une réponse immédiate à certains problèmes actuels. Personnellement, je pense qu’à moyen terme la question de la décroissance ou de la croissance nulle sont des sujets qui ne pourront être ignorés.
Karel Mayrand, cofondateur de SWITCH-L’alliance pour une économie verte

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