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Cadavre démembré: le suspect est recherché partout

MONTRÉAL – Luka Rocco Magnotta, l’homme de la région de Toronto qui est activement recherché au Canada en lien avec l’assassinat et le démembrement d’un homme, dans un appartement de Montréal, est désormais au coeur d’une chasse à l’homme à l’échelle planétaire.

«Bien que nous ne soyons pas encore en mesure de le confirmer, nous avons toutes les raisons de croire qu’il a quitté le pays», a indiqué le commandant Ian Lafrenière, du Service de police de la ville de Montréal (SPVM).

Son identité et sa description ont d’ailleurs été transmises à Interpol, qui les a affichées sur son site Web, au sein de sa galerie de suspects recherchés. Cela ne se traduit toutefois pas par un relâchement de l’enquête au Canada, a précisé le commandant Lafrenière.

«Il est possible qu’il soit revenu au pays sous une différente identité. On sait que cet homme a l’habitude de voyager avec des noms différents. Il se déguise aussi et porte des perruques.»

Le natif de Scarborough, en Ontario, est soupçonné d’avoir assassiné un homme qu’il connaissait, de s’être livré à une multitude d’outrages sur le cadavre, de l’avoir découpé et d’avoir envoyé des membres, par la poste, aux bureaux du Parti conservateur du Canada et du Parti libéral du Canada, à Ottawa.

Le suspect aurait filmé son méfait pour ensuite mettre la vidéo en ligne sur le Web. Ces images ont été examinées, mercredi, par les enquêteurs du SPVM.

Le tronc de la victime a été retrouvé dans une valise gisant dans un amas d’ordures derrière un immeuble à logements de l’arrondissement Côte-des-Neiges à Montréal.

D’autres parties du cadavre ont été découvertes dans un appartement de l’immeuble.

Luka Rocco Magnotta est également connu sous les pseudonymes Eric Clinton Newman et Vladimir Romanov. Il aurait aussi tourné dans des films pornographiques.

Il semble qu’il n’ait aucun antécédent judiciaire mais au cours des dernières années, il a été très actif sur le Web, laissant plusieurs traces de cette façon.

En quête de notoriété?

Bien que Magnotta soit toujours au large et qu’il n’ait donc pas encore été soumis à une expertise psychiatrique, certains experts croient pouvoir tracer des éléments de son profil psychologique à partir des faits connus jusqu’ici.

«Nous avons affaire ici à quelqu’un qui a un besoin maladif d’attention», affirme Jim Van Allen, un expert en profilage criminel à la retraite de la police provinciale de l’Ontario. «Je crois qu’il a voulu choquer le public et gagner de la notoriété.»

Selon lui, le fait d’avoir filmé et mis en ligne les éléments les plus répugnants de son crime sont une première qui pointent directement en ce sens, d’autant plus qu’il tentait de se mettre en marché sur le Web depuis plusieurs années comme modèle masculin, comme acteur de films pornographiques tout en affichant sa bisexualité.

«Toute l’information qu’il a publiée sur internet semble être destinée à générer de l’attention (…) C’est la première fois que nous voyons un crime de cette nature publié sur internet. Habituellement, quand des criminels enregistrent des crimes de cette nature, ils le gardent pour eux», raconte M. Van Allen.

Un autre expert, le psychiatre Benoît Dassilva de l’Institut Philippe-Pinel, abonde dans le même sens.

«La recherche de notoriété peut faire partie de certains tableaux cliniques. Comme pour beaucoup de délinquants sexuels ou de psychopathes. Ça leur donne un sentiment de grande importance», a indiqué le docteur Dassilva.

«(Les criminels de ce genre) trouvent une satisfaction dans le fait que les gens parlent d’eux. Le fait d’envoyer des parties de membres, ce qui est extrêmement rare, une des motivations possibles c’est simplement de faire parler de lui, d’escalader dans l’horreur, dans le cas unique et inhabituel. Plus c’est rare dans l’horreur, plus les gens en parlent et plus ça pourrait faire son bonheur.»

Jim Van Allen croit d’ailleurs que cet envoi postal était une stratégie délibérée: «Il n’a pas de lien connu avec un parti politique et je crois qu’il n’a même pas de ressentiment envers eux. Je crois plutôt qu’il connaît assez bien les médias pour avoir choisi deux cibles qui allaient certainement lui fournir un impact majeur dans les médias. Je crois que c’était sa stratégie, son intention.»

Le docteur Dassilva prévient toutefois qu’en l’absence d’évaluation, il est beaucoup trop tôt pour en arriver à ce genre de conclusion avec certitude.

«Ça peut aussi être un autre tableau complètement. Ça se peut que le délit ait été commis au départ à la suite d’un conflit avec la victime et que ce soit après qu’il ait eu l’idée de faire la suite qu’on connaît. Il se peut que ce ne soit pas un individu qui ait du plaisir à faire parler de lui mais qu’il ait plutôt une grande crainte d’être arrêté et qu’il essaie de se cacher», avance-t-il.

Les deux hommes sont cependant convaincus qu’il cherchera à savoir ce qu’on dit de lui.

«S’il a un accès à internet, il sera derrière un ordinateur pour voir ce que les journaux disent à son sujet. Il fouillera certainement pour voir ce que disent les médias», affirme Jim Van Allen.

Il doute cependant que Luka Rocco Magnotta cherche à se faire prendre, même s’il laisse des traces partout.

«Il est certainement trop confiant. Tout ce que fait cet individu aide les policiers à suivre une trace de preuves incriminantes, à l’identifier et à le trouver», explique le policier à la retraite. «Mais les gens qui veulent se faire prendre appellent toujours le 9-1-1 ou se rendent. Je ne crois pas que ce soit le cas ici.»

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