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Thomas Mulcair: «On ferait différemment»

Photo: Yves Provencher/Métro

Métro publie jusqu’à vendredi une série d’entrevues avec les chefs des principaux partis prenant part aux élections fédérales.

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Thomas Mulcair, chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), se place en opposant direct de Stephen Harper dans cette campagne électorale, mentionnant fréquemment les décisions du gouvernement actuel qu’il souhaiterait renverser à l’aide d’un financement nouveau.

Est-ce que le fédéral devrait faire plus pour le dévelop­pement de Montréal?
On peut faire beaucoup plus pour Montréal. Montréal a déjà été, il y a 50 ans, la ville la plus importante du Canada. Il faut, surtout au niveau économique, tout faire pour faire revivre Montréal. Le gouvernement fédéral de M. Harper ne fait strictement rien pour Montréal. Par exemple, il ne donne pas un sou pour fêter ses 375 ans. Alors que nous, on va travailler avec Montréal pour fêter ça, mais aussi pour laisser un héritage à la suite de cet événement marquant de l’histoire du Canada, qui tombe la même année que les 150 ans du Canada. Une très gentille façon de dire que Montréal était ici 225 ans avant la Confédération.

Y a-t-il un lieu que vous trouvez particulièrement inspirant à Montréal?
Ça risque de vous étonner, mais c’est l’Oratoire Saint-Joseph, qui est en plein cœur de la circonscription que j’ai gagnée trois fois. C’est un endroit unique. On peut y aller et rencontrer des gens de différentes confessions religieuses qui l’utilisent comme lieu d’inspiration. On peut marcher complètement en haut de la coupole et c’est la seule place que je connais à Montréal où on peut voir parfaitement jusqu’à la fin des Cantons-de-l’Est, jusqu’aux Laurentides et où on peut voir les deux côtés de l’île de Montréal.

Pour faire suite aux demandes du maire de Mont­réal, que pensez-vous du péage sur le pont Champlain?
C’est un non catégorique. Ça fait des années qu’on le dit. Il y a des centaines de milliers de familles qui ont fait des choix basés sur l’existence de cette infrastructure sans péage. On ne va pas commencer à bouleverser leur budget et leur vie en leur disant que, dorénavant, ce n’est plus ça.

La Ville réclame aussi des investissements supplémentaires de près de 600M$ pour divers programmes. Est-ce qu’un gouvernement du NPD pourrait et voudrait accorder ces subventions à Montréal?
Oui, et même plus encore. La chose la plus importante que j’ai apprise, c’est qu’il faut planifier à long terme. Trop souvent, les plans du gouvernement sont à très courte vue. Nous, on veut que le maire de Montréal puisse planifier sur le long terme. On a un plan sur 20 ans. Au cours de cette période, juste pour les transports et l’infrastructure, on remet 8,7G$ à Montréal.

Vous souhaitez également mettre fin aux coupes à Radio-Canada et restaurer le service de livraison à domicile de Postes Canada. Où iriez-vous chercher l’argent pour assurer ce financement?
Tout ce que nous disons a été chiffré dans les moindres détails dans un plan très détaillé. Par exemple, les chiffres que je viens de vous donner comprennent aussi un transfert d’une taxe existante sur l’essence. On va augmenter les impôts des grandes corporations de 2%. Ça va produire des milliards de dollars de revenu pour l’État et permettre de financer ce genre de choses. Et puis, Postes Canada fait de l’argent, donc ça ne change pas les livres du gouvernement si on garde le service de courrier à domicile. On deviendrait le premier et unique pays de l’OCDE à ne plus avoir de service de livraison de courrier à domicile. C’est totalement absurde. On va renverser cette décision. Chaque quartier qui a perdu son service de livraison de courrier à domicile va le retrouver avec un gouvernement du NPD.

Pour Radio-Canada, on va annuler les coupes, mais on va aussi rétablir le financement de 115M$. Pour ce faire, j’ai donné l’exemple des grandes sociétés qui vont payer leur juste part, on va également annuler le fractionnement du revenu, instauré par M. Harper, qui coupe des milliards de dollars au gouvernement, et qui ne bénéficie qu’à 15% de la population, soit les familles les plus riches. Par ailleurs, en ce moment, si on achète des actions de sa société, on n’est pas taxé au même niveau. C’est une échappatoire fiscale qui bénéficie aux mieux nantis. On va l’annuler. Cela représente 500M$ qui vont être transférés directement pour lutter contre la pauvreté des enfants. Je n’accepte pas que, dans un pays aussi riche que le Canada, il y ait des centaines de milliers d’enfants qui vont à l’école le matin sans avoir mangé.

«La jeune génération sera la première de l’histoire du Canada à être dans une situation moins bonne que la génération précédente. C’est quelque chose que je veux renverser.» –Thomas Mulcair

Vous dites que les grandes sociétés doivent payer leur juste part d’impôt. Vous n’avez pas peur de leur réaction?
Elles sont taxées actuellement à 15%, on va monter ce taux à 17%. C’est encore plus bas que la moyenne en vigueur avec les conservateurs et inférieur à ce que c’était avec les libéraux. Elles comprennent qu’on a un gouvernement qui va commencer à s’occuper du monde.

Vous n’êtes pas contre Énergie Est, à condition qu’il y ait une étude environnementale sérieuse. Vous regrettez également que le Canada ne soit pas dans le marché de l’énergie propre. Comment pouvez-vous être en faveur d’un projet comme Énergie Est, et faire en même temps l’éloge du marché de l’énergie propre?
Il est évident que je n’approuverais jamais Énergie Est avec le système de M. Harper. Il a évacué un ensemble de législations environnementales: la loi sur la protection des eaux navigables, la loi sur les pêches, la loi sur les espèces en périls, et j’en passe… Il n’y a plus de système crédible d’évaluation environnementale. Nous, on va ramener un système d’évaluation environnementale digne de ce nom. Il sera crédible et beaucoup plus rigoureux, avec des gens indépendants dignes de la confiance du public. Et on évaluera sur la base de ça. Si les gens se sentent rassurés, s’ils savent qu’on va faire une analyse réelle, le public aura confiance. Mais je ne préjuge pas. Il y en a qui ont préjugé dans un sens, et d’autres ont préjugé dans un autre sens. La science commande qu’on regarde les preuves et c’est ça que l’on ferait.

Quelle serait la première chose que vous feriez en arrivant au pouvoir?
Il y a un certain nombre de choses qu’on peut faire immédiatement, comme changer l’âge de la retraite pour le ramener à 65 ans. M. Harper a décidé que la sécurité de la vieillesse ça commençait, pour la jeune génération, seulement à 67 ans. Il n’avait pourtant jamais annoncé ça en 2011, il n’avait pas de mandat pour le faire. On va le ramener à 65 ans, et on peut le faire tout de suite. On a aussi un programme pour les garderies, abordables, de qualité, et à un tarif de 15$ par jour maximum à travers le Canada. On va s’asseoir tout de suite avec les provinces pour commencer à discuter là-dessus. Ça va être un chantier constant pour notre gouvernement parce qu’il y a beaucoup de choses à corriger.

***
En rafale

Un mot pour décrire:
Stephen Harper? Expérimenté.
Elizabeth May? Verte.
Justin Trudeau? Nouveau.
Gilles Duceppe? Passé.

Ce dont le Canada a le plus besoin en ce moment? D’un gouvernement qui va enlever les inégalités dans notre société.
Un député d’un autre parti que vous admirez? James Rajotte, député conservateur dans Edmonton-Leduc (Alberta).
Votre mentor? Mon mentor politique était Claude Ryan.
Qu’est-ce que vous aimez des campagnes électorales? Rencontrer les gens.
Votre plaisir coupable pendant les campagnes électorales? Parfois, tard en soirée, on se rend chez Tim Hortons et on mange des Timbits.
Qu’est-ce que vous faites pour vous détendre pendant une campagne électorale? Je marche tous les matins pendant 45 minutes.

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