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Harper s'accroche à l'enjeu du niqab

OTTAWA – Stephen Harper est revenu sur l’enjeu du niqab, mercredi, réitérant qu’il étudierait la possibilité de l’interdire pour la réception de services gouvernementaux et contredisant ainsi son ministre responsable de la fonction publique fédérale.

Puis, la campagne conservatrice a mis en ligne une nouvelle publicité attaquant Justin Trudeau sur cet enjeu du port du niqab.

En mars, Tony Clement, président du Conseil du trésor, avait déclaré qu’il n’était pas question d’interdire le niqab aux fonctionnaires fédéraux, qu’on ne pouvait imposer une telle interdiction «dans un milieu de travail ou dans la vie privée».

Le ministre expliquait à ce moment-là pourquoi la seule interdiction envisagée par son gouvernement concernait les cérémonies de citoyenneté.

Mercredi, à Saskatoon, le premier ministre sortant a déclaré — à la surprise générale — que son gouvernement «dit la même chose depuis des mois maintenant».

«Le gouvernement libéral du Québec a déposé un projet de loi devant l’Assemblée nationale qui demande qu’on révèle l’identité quand on livre ou quand on reçoit des services publics. C’est aussi simple que ça», a rappelé M. Harper à propos du projet de loi 62 à Québec.

«Nous avons indiqué que nous examinerons cette loi avant de déterminer les prochaines étapes. Mais le gouvernement libéral du Québec a agi de façon très responsable. Nous sommes capables de faire la même chose à Ottawa», a-t-il assuré.

Gilles Duceppe ne croit pas à cette soudaine conversion de M. Harper, conversion dont la première manifestation s’est faite vendredi dernier, durant le débat au réseau TVA.

«M. Harper est toujours ouvert en période électorale, et quand il est majoritaire (à la Chambre des communes), il ne fait strictement rien», a accusé le leader bloquiste au cours d’un point de presse à Montréal.

«Aucune victoire électorale ne vaut la peine de monter les Canadiens les uns contre les autres», a plaidé, de son côté, Justin Trudeau qui était à London en Ontario, mercredi matin.

Le chef libéral a, encore une fois, accusé son rival conservateur de chercher à «éveiller la peur» et à «créer de la division», une tactique «indigne» du poste de premier ministre. «Il doit arrêter ça», a réclamé M. Trudeau.

La campagne conservatrice ne semble pas du tout prête à entendre l’appel lancé par le chef libéral, bien au contraire.

«Justin Trudeau pense que la majorité des Québécois n’a pas raison», peut-on voir apparaître à l’écran dans une nouvelle publicité de 30 secondes qui attaque la position de M. Trudeau sur le niqab. Sur fond sonore digne d’un film de catastrophe, la publicité qui n’est disponible que sur le site du Parti conservateur clame également: «Justin est totalement déconnecté des valeurs québécoises».

À Edmonton, Thomas Mulcair s’en est aussi pris au discours conservateur.

Après avoir reproché, encore une fois, à M. Harper d’utiliser le niqab comme «arme de distraction massive», le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) s’en est pris à C-24, la loi qui permet à Ottawa de retirer la citoyenneté canadienne à quelqu’un qui a la double citoyenneté.

En Alberta, cette semaine, un candidat conservateur a recommandé à un professeur d’université d’origine nigériane de renoncer à sa première citoyenneté pour se mettre, lui et ses enfants, à l’abri d’une expulsion du Canada.

«J’ai passé ma vie à essayer de bâtir des ponts. M. Harper préfère brûler les ponts», a lâché M. Mulcair.

«C’est juste le plus récent chapitre, dire que les gens devraient renoncer à leur origine ethnique, religieuse, peu importe. Ça, c’est du grand Stephen Harper», a ajouté le chef du NPD, reprochant au premier ministre sortant «un comportement indigne d’un premier ministre».

Thomas Mulcair rappelle ses promesses aux autochtones

Devant un forum de l’Assemblée des Premières Nations (APN) à Edmonton, mercredi matin, M. Mulcair a brossé le tableau de deux Canadas où le gouffre entre la réalité autochtone et celle des autres Canadiens s’élargit. Et il a promis de combler l’écart qui sépare ces deux réalités.

Le chef néo-démocrate a dressé la liste de ses promesses aux autochtones — d’un meilleur financement de l’éducation à l’amélioration des logements en passant par une enquête sur les femmes assassinées ou disparues.

Il a reproché à Stephen Harper de rester de glace devant les demandes répétées pour cette enquête qui serait mise sur pied dans les 100 premiers jours d’un gouvernement néo-démocrate. Il s’en est également pris à Justin Trudeau qui a révisé sa promesse de financement pour les écoles des réserves.

«Après 148 ans de gouvernements conservateurs et libéraux successifs, on est toujours rendu au même point. Vous ne croyez pas que c’est maintenant le temps de voter NPD pour un vrai changement à Ottawa?», a demandé M. Mulcair à son public formé de membres des communautés autochtones.

À 12 jours des élections, son rival libéral avait effacé le nom de Thomas Mulcair de son discours.

À London, tôt mercredi matin, M. Trudeau a livré les attaques habituelles contre le chef conservateur. Il a insisté sur la nécessité de changer de gouvernement. Mais alors que depuis 66 jours, il répétait que le NPD ne peut pas livrer ce changement, au 67e jour, il n’a fait aucune allusion à son adversaire néo-démocrate.

À son arrêt de campagne en Saskatchewan, M. Harper a promis d’améliorer le congé parental sans que ça coûte un sou à l’État. Le chef conservateur a ainsi promis d’allonger le congé qui passerait de 12 mois à 18 mois, sans que le parent en congé reçoive davantage de prestations d’assurance-emploi.

Les eaux usées de Montréal

Le dossier du déversement des eaux usées montréalaises dans le fleuve Saint-Laurent a encore été commenté par les chefs en campagne.

M. Duceppe s’en est pris aux déclarations des néo-démocrates, du Parti vert et aussi, bien sûr, des conservateurs, accusant les trois partis d’utiliser «deux poids, deux mesures» en s’en prenant à Montréal tout en épargnant Toronto et Vancouver.

«Nous encourageons la Ville à rencontrer Environnement Canada et à considérer d’autres possibilités pour régler cette affaire», conseillait de son côté M. Harper, tandis que M. Trudeau répétait qu’il fallait laisser les «scientifiques» et les «experts» décider dans ce dossier.

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