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Embrasse-moi comme tu m’aimes: Inespéré et inattendu

Embrasse-moi comme tu m'aimes Photo: Sébastien Raymond/Collaboration spéciale

Le riche univers d’André Forcier s’offre une nouvelle toile foisonnante avec le bien nommé Embrasse-moi comme tu m’aimes.

Il y a vraiment de tout dans l’inclassable treizième long métrage du réalisateur de L’Eau chaude, l’eau frette, que ce soit cet humour satirique qui fait mouche, une langue riche et parfois rimée à la Prévert, une poésie magique digne de Jean Vigo et, chose peut-être plus rare chez lui, une sensualité qui semble étouffer un jumeau (Émile Schneider) et sa jumelle (Juliette Gosselin), qui vivent une relation quasi incestueuse.

«Les amours impossibles m’ont toujours fasciné, confie le cinéaste en entrevue. Et l’idée d’incarner le fantasme, je trouvais ça très beau.»

Campée à Montréal en 1940 sur fond de Deuxième Guerre mondiale, cette création complètement imprévisible qui a ouvert le dernier Festival des films du monde met en scène des personnages éclatés qui ont soif de liberté, qui ont des préoccupations modernes, et ce, sans tomber dans les traditionnels crucifix qui semblent constamment peupler les œuvres historiques québécoises.

«Il y avait des gens modernes dans l’ancien temps, comme Marguerite [interprétée par Mylène Mackay], qui est contre le nazisme», rappelle André Forcier, qui est sur une bonne lancée depuis Je me souviens et Coteau Rouge. «Et je déplore qu’il y ait eu peu de Canadiens français qui se soient engagés contre le nazisme. On ne savait pas ce que c’était. On était vraiment mal informés. On était endormis par le discours de Camillien Houde.»

«Être dans un film de Forcier, c’est toute une expérience. Ça repousse les limites. C’est traverser le rêve vers la réalité. C’est un univers qu’on ne voit pas ailleurs, comme une espèce de tableau vivant ou une peinture colorée.» – Luca Asselin, qui incarne un jeune homme désireux d’aller combattre les nazis

La grande et la petite histoire convergent ainsi de nouveau vers une proposition où l’imagination folle est au pouvoir et où la distribution de grande classe réunit les noms les plus populaires du cinéma québécois, que ce soit Roy Dupuis, Céline Bonnier, Rémy Girard, Antoine Bertrand… et même Denys Arcand. «J’ai cette fabuleuse chance d’avoir travaillé avec de grands acteurs qui ont apprécié leur relation de travail avec moi, explique l’auteur du mémorable Au clair de la lune. Et j’en ai profité. C’est certainement la plus belle liste de vedettes sur un film québécois cette année.»

Répliques cultes
Le cinéma d’André Forcier a toujours été parsemé de répliques cultes, et son nouveau film, Embrasse-moi comme tu m’aimes, ne fait pas exception avec des phrases imagées comme celles-ci: «Si je pouvais peloter un Spitfire, je ne serais pas dans cet ascenseur» ou «Je vais essayer de le frencher que sa sœur va s’étouffer». «J’ai un certain sens du dialogue, concède le cinéaste. J’aime bien les répliques métaphoriques. Un dialogue doit avoir une mélodie, comme une chanson.»

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