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La tortue rouge: la beauté de la pureté

Photo: Collaboration spéciale

Première production du mythique Studio Ghibli à l’extérieur du Japon, La tortue rouge de Michael Dudok de Witt, nommé aux Oscars dans la catégorie du Meilleur film d’animation, nous rappelle que la poésie est universelle.

Le studio à qui on doit les plus grands classiques de l’animation contemporaine (Le voyage de Chihiro, Mon voisin Totoro, Le tombeau des lucioles) a embauché le Néerlandais Michael Dudok de Witt sur la seule base de son court métrage Père et fille, lui donnant carte blanche pour ce projet qui a pris plusieurs années avant de voir le jour.

«Traditionnellement, chez eux, ce sont les réalisateurs qui décident, explique le sympathique metteur en scène au bout du fil, à Londres. J’ai collaboré étroitement avec les producteurs et ils m’ont soutenu en me laissant ma liberté.»

Riche et profonde allégorie sur la beauté de la nature et le cycle de la vie, ce film raconte l’histoire d’un héros échoué sur une île qui pourrait être un proche parent du personnage incarné par Toshiro Mifune dans les Sept samouraïs de Kurosawa. La tortue rouge a nécessité l’apport de la cinéaste Pascale Ferran (Lady Chatterly) afin de dénouer tous les nœuds subtils du scénario et de l’adapter en conséquence.

«Je ne voulais pas juste raconter une chouette aventure de Robinson sur son île déserte. Ça ne m’excitait pas. J’avais une profonde satisfaction à essayer d’exprimer le tout de la façon la plus pure et la plus simple possible, tout en gardant l’attention du spectateur.» –Michael Dudok de Wit, cinéaste, expliquant ce qui l’habitait sur La tortue rouge

Une collaboration qui a permis au film d’atteindre des sommets. À l’instar de L’île nue de Kaneto Shinto, il ne comporte ni dalogue, ni narration. Ce sont les images majestueuses et les quelques mélodies qui guident le récit. La sobriété permet à la poésie de prendre la place qui lui revient et de bouleverser au passage.

«C’est un travail de dépouillement, explique Michael Dudok de Wit. C’est un scénario qui était beaucoup trop riche. Il fallait graduellement éliminer les choses qui n’étaient pas essentielles. C’est un processus qui simplifie, qui purifie tout en gardant la richesse et la puissance. Ça, c’est un processus qui me fascine. Il n’y a pas de règles fixes, parce que c’est très intuitif.»

Ne pas suivre la mode

Les dessins animés comme La tortue rouge sont rarissimes et ce n’est pas un hasard. Le long métrage a beaucoup plus à voir avec les films en prises de vues réelles qu’avec l’animation traditionnelle. «Dans l’animation maintenant, la tendance générale est de faire des plans plus courts et de faire tout de façon très agitée, d’avoir beaucoup de couleurs et de dialogues, soupire son réalisateur Michael Dudok de Wit. Je trouve les règles de cinéma dans les prises de vue réelles beaucoup plus intéressantes. Je vois des films où il y a des silences, où on reste très longtemps sur des paysages, et ça, ça m’attire beaucoup plus.»

 

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