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L’autre côté de novembre: rester ou partir

" L'AUTRE COTE DE NOVEMBRE" Photo Philippe Bosse Photo: Philippe Bosse / Syfy

Quitter son pays ou y demeurer? Ces choix de vie deviennent tous les deux possibles dans le film L’autre côté de novembre, de Maryanne Zéhil.

La cinéaste d’origine libanaise a choisi de déménager au Québec. Même si son troisième long métrage n’est pas autobiographique, il s’avère très personnel. «Le temps passe et à un moment donné, je me suis rendu compte que non seulement une partie de moi était restée là-bas, mais qu’une partie de moi était morte là-bas, explique la réalisatrice en entrevue. Quelle personne je serais aujourd’hui si je n’étais pas partie?»

«La mémoire comme outil nécessaire à la survie, c’est quand même un beau sujet.» – Pascale Bussières, exposant le thème qui se trouve au cœur de L’autre côté de novembre.

Elle s’est donc amusée à créer deux existences parallèles à son héroïne (interprétée par Arsinée Khanjian, muse d’Atom Egoyan), qui habiterait le Québec et le Liban. Tout la ramène à son passé, à ce destin parsemé de souvenirs et de fantômes que n’aurait pas renié le maître Krzysztof Kieslowski (La double vie de Véronique). Des ellipses de lieux et de temps qui permettent de lever le voile sur un secret dissimulé.

«C’est un film qui a été écrit de manière très logique, confie la metteure en scène, qui avait réalisé La vallée des larmes et De ma fenêtre, sans maison. Par contre, quand je l’ai structuré, j’en ai fait quelque chose d’éclaté, comme notre mémoire. Notre mémoire, peu importe l’âge qu’on a, ce n’est jamais structuré, ce n’est jamais logique.»

Ce lien au monde, cette sensation d’avoir véritablement existé peut se dérober en situation de déracinement ou d’alzheimer. «Quand je regarde un film comme ça, je trouve que ça fait écho à un problème de société, de condition humaine, auquel on doit faire face : l’oubli et la solitude, développe l’actrice Pascale Bussières, qui incarne une amie du personnage principal. Et à plus forte raison quand on décide de partir, de quitter son pays. Pour les apatrides, ça doit être extrêmement éprouvant, parce que les souvenirs les plus vivantes appartiennent à un passé qu’ils ont quitté.»

La réalisatrice, Maryanne Zéhil

À prendre 
ou à laisser
En multipliant les allers-retours entre le Québec et le Liban, d’hier à aujourd’hui, L’autre côté de novembre aura tôt fait de déstabiliser le spectateur, et sa réalisatrice, Maryanne Zéhil, en est consciente.

«Quelqu’un de carré et de pragmatique pourra 

peut-être avoir un peu de mal à suivre parce qu’il a besoin de logique, d’être dirigé, avoue-t-elle. Il faut se fier à notre intuition, parce que c’est un film senti. La phrase “Quand le public est prêt à sentir avant de comprendre, que de films lui montrent et lui expliquent tout” de Robert Bresson est très chère à mon cœur. C’est un film dans lequel j’invite le public à embarquer de façon intuitive, de façon émotionnelle, sans trop chercher le cartésien. Tu embarques ou pas.» 
martin gignac

L’autre côté de novembre, en salle vendredi.

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