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Nico, 1988: le chant du cygne

Photo: Films We Like

Trente ans après sa disparition, une des plus mythiques chanteuses allemandes revit sous les traits de l’actrice Trine Dyrholm dans le film Nico, 1988.

«Au départ, je ne connaissais pas grand-chose de Nico, mis à part ses liens avec Andy Warhol, le Velvet Underground, et le fait qu’elle était mannequin, admet au bout du fil la comédienne danoise avec son accent ensorcelant. La réalisatrice (Susanna Nicchiarelli) m’a même confié que je ne lui ressemblais pas et que ma voix ne sonnait pas comme la sienne. Mais elle m’a aussi dit que j’étais la bonne personne pour l’incarner et que nous allions travailler ensemble afin de trouver notre version de Nico.»

C’est ce qu’elles firent. Découverte il y a exactement 20 ans dans le renversant Festen, l’interprète de 46 ans, qui a régulièrement été dirigée par Susanne Bier et Thomas Vinterberg, possédait toutefois un atout majeur dans son jeu : elle est également chanteuse.

«Ça m’a évidemment servi, avoue-t-elle. Le plus gros défi fut de trouver la voix de Nico. C’était très important de ne pas tomber dans l’imitation. On est allé, en studio, on a essayé différentes façons de chanter, et le personnage est apparu. Les chansons sont traitées comme des monologues, des discours émotionnels issus de son esprit.»

Se déroulant pendant les trois dernières années de son existence, Nico, 1988 emprunte la voie du road movie poétique et mélancolique.

Alors que les spectacles et les entrevues journalistiques s’enchaînent, l’insaisissable Chelsea Girl vit des joies et des peines immenses, notamment auprès de son fils.

Vivre au quotidien avec ce statut de légende n’est pas toujours de tout repos.

«C’était quelqu’un de très complexe, qui souffrait, note celle qui apparaît au générique de A Royal Affair. Je pense que c’est nécessaire dans l’art de laisser la parole à ces individus multidimensionnels et d’aborder des sujets essentiels, comme la solitude. C’est important de plonger dans le chaos des personnages.»

Parsemé d’archives et ayant un format d’image rappelant les vieilles VHS, le biopic est ponctué de pulsations qui agissent comme autant de flashs de mémoire renvoyant à la jeunesse de l’héroïne, qui l’a marquée au fer blanc.

«Nico est née en 1938 et elle est morte en 1988, avant l’effondrement du mur de Berlin, rappelle Trine Dyrholm. Elle disait en entrevue : “Lorsque je pose ma tête sur l’oreiller et que je ferme les yeux, ce sont les bombes que je vois.” Quand tu grandis à Berlin et que tu es Allemande, c’est nécessairement toi la fautive. Tu vis avec un sentiment de culpabilité immense. Le développement de ton identité ne peut qu’en souffrir, et le film porte là-dessus. Elle mentait tout le temps sur son père, sur son passé… Grandir dans un monde violent finit par avoir une grande incidence sur une personne.»

«Ce fut de loin le personnage le plus difficile que j’ai eu à jouer de toute ma carrière», avoue Trine Dyrholm.

Nico, 1988. À l’affiche ce jeudi.

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