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Joe Becker expose son univers

Photo: Joe Becker

Dès mercredi, le peintre Joe Becker présente sa plus grande exposition à vie au Centre Phi. Soixante-neuf œuvres où l’on retrouve des créatures étonnantes… et reconnaît quelques visages célèbres.

Joe Becker aime faire voyager ses personnages de toile en toile. Comme cette grande bestiole bleue que vous voyez à droite et qui célèbre ici un anniversaire. Une bestiole que Joe a utilisée plusieurs fois, dans plusieurs œuvres, avant de la représenter en train de se faire… dévorer par des rats.

Dans son travail, l’artiste ontarien résidant à Montréal représente aussi des personnalités connues. Comme Justin Bieber, dont il a peint un portrait, surmonté de l’inscription «Bieber Fever!». Ou encore Michael Jackson, qu’il a souvent placé dans des postures peu avouables. «Si on veut faire de la peinture populiste, le meilleur moyen d’y arriver, c’est d’utiliser des figures que tout le monde connaît déjà, explique l’artiste en nous faisant faire le tour de sa future expo. J’utilise souvent des personnages plus ambigus, imaginaires, mais lorsque je mets en scène des individus célèbres, j’obtiens un impact immédiat.»

Celui qui avoue consommer «beaucoup de télé un peu trash» a également peint Oprah Winfrey dans une position assez inaccoutumée, à savoir accroupie, en train de… déféquer. «On voit toujours Oprah très bien mise, guindée. Je trouvais ça drôle de la représenter dans une situation… différente. Mais cette toile-là, elle reste chez moi. Dans ma collection personnelle. Je ne pense pas qu’elle plairait à beaucoup de gens!»

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Néanmoins, nous rassure Becker, on pourra voir l’animatrice dans l’expo. Ah oui? «Ouais! Dans la toile où je l’ai peinte en train de se faire conduire en enfer!»

Les limbes sont d’ailleurs très présents dans l’œuvre de l’artiste, qui fait présentement sa maîtrise en arts à Concordia. À ce sujet, il dit avoir été inspiré par des périples muséaux en Europe. «Je me suis retrouvé devant les tableaux de David Teniers représentant la tentation de saint Antoine. Je suis tombé en amour. Tous ces petits démons, toutes ces goules… ça m’a complètement soufflé. Quand je suis rentré au pays, j’avais uniquement envie de peindre ça.» C’est pourquoi, à son retour, il a créé une toile en hommage au peintre flamand. «J’ai revisité The Rich Man Being Led to Hell de Teniers Le Jeune en y incorporant mes personnages récurrents à moi. Et pour mieux faire sentir qu’on est en enfer, j’ai ajouté des pentagrammes et des inscriptions comme ‘’Whitney Houston était ici.’’»

Choquant l’humour de Joe Becker? «C’est ma façon de communiquer», répond-il en souriant. Et est-ce qu’il arrive à communiquer facilement avec tout le monde? «Non! Pas du tout! s’esclaffe-t-il. Il y a plein de gens qui ne comprennent pas du tout mon sens de l’humour! Et c’est ce qui rend les choses d’autant plus intéressantes pour moi!»

Il remarque ensuite que ce qu’il aime dans son art, c’est «qu’il peut créer son petit monde à lui, avec ses personnages à lui». Des personnages qu’il peut placer où bon lui semble. «Et lorsque je suis tanné, complète-t-il, je peux tout simplement les abandonner et en utiliser d’autres.» Ou les envoyer en enfer? «Absolument!»

Le 5 avril 1994, quelques secondes après
Kurt, «tout simplement Kurt», est la toile que Joe Becker a signée et qu’il préfère. «Peindre une œuvre circulaire, c’est extrêmement difficile, confie-t-il. Mais j’ai toujours rêvé de le faire! Pour celle-ci, je me suis inspiré des œuvres de Hans Holbein, qui a réalisé des portraits magnifiques, immaculés.»

«J’ai souvent des images qui me viennent en tête, enchaîne-t-il. Des idées qui me tournent dans l’esprit. Avec Kurt, j’avais envie de le montrer quelques secondes seulement après son suicide. De quoi aurait-il l’air? me suis-je demandé.» Cette peinture circulaire n’est d’ailleurs pas la seule où Becker ait représenté le regretté leader de Nirvana, un groupe qu’il «adorait lorsqu’il était ado». Le chanteur grunge se pointe dans plusieurs toiles de l’artiste. Notamment dans celle où on le voit apparaître sous les mots : «Courtney did it!» – C’est Courtney qui l’a fait. «J’avoue, je suis fasciné par toutes ces conneries de théories du complot, explique Becker. J’ai même lu un livre de Ian Halperin sur le sujet dernièrement. Il y a vraiment une partie de moi qui croit qu’il a été assassiné, tout comme je crois que Paul McCartney est mort en 1966. Ces histoires me captivent…»

Joe Becker

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art-renata-credit-phi-create-george-fok_c100Huit jours l’esprit léger avec Renata

Commissaire invitée du Centre Phi dès demain, Renata Morales présente sa Semaine de 8 jours faite de mode, de musique et d’arts visuels.

Être commissaire invitée, ça vient avec un grand sentiment de liberté?
En fait, ça vient avec un sentiment de ne pas vraiment comprendre et de se demander «Pourquoi moi?!» (Rires) Je travaille avec l’équipe créative du Centre Phi et je les adore, mais quand le comité m’a choisie, je leur ai demandé: «Êtes-vous sûrs?» Je prends ça très à coeur, très au sérieux. Je suis fan de cette bâtisse qui offre tant de possibilités!

Vous avez invité Joe Becker à participer à votre semaine. Un coup de coeur?
C’est l’histoire de ma vie! Vous savez, des fois, quand on rencontre quelqu’un et qu’on sait que, si on ne saisit pas la chance, on va manquer quelque chose d’important? Eh bien, il y a plein de gens avec lesquels ça m’est arrivé: Grimes, Ty Segall, The Oh Sees… du monde à L.A., du monde à Montréal. Pour ce qui est de Joe, j’ai vu une toile, une seule! C’était une photo dans un iPhone, comme ça. Et j’ai tout de suite voulu le rencontrer! Il peint 80 heures par semaine, c’est un gars super cool, discipliné. J’admire les gens qui sont complètement définis par ce qu’ils font, qui ont la chance de le faire et qui l’apprécient.

On connaît votre amour pour la musique, des plus éclectiques, qui est bien reflété dans votre programmation nocturne!
Oui, chaque soir, il y aura des artistes vraiment super! Comme Jef Barbara, qui est une force de la nature! Mais en fait, ce sont tous des forces de la nature! (Rires) Il y a des artistes comme Slim Twig et U.S. Girls qui ne sont pas accessibles à tout le monde, mais qui sont des musiciens avec énormément de mérite!

Vous leur avez donné un «mot d’ordre» à suivre?
La seule chose que je leur ai dite, c’est: «Il faut que vous vous éclatiez, à la fois dans les vêtements et dans les chansons que vous allez chanter! Vous ne pouvez pas être fatigués parce que vous êtes en tournée. Il faut que ce soit une fête chaque soir!»

Et avez-vous une consigne pour les visiteurs?
Il faut qu’on soit dans un esprit léger, même si la musique est forte! Il n’y a pas d’horaire à suivre : si ça te tente de rester, tu restes, si tu veux acheter quelque chose, tu achètes. Tu peux aussi prendre un verre, faire des photos… Phoebe [Greenberg, fondatrice du Centre Phi] s’est arrangée pour qu’il y ait de la bière à une piasse, donc même si les gens doivent payer 15 $ pour un billet, ils auront droit à un bar démocratique! N.W.

Joe Becker
Au Centre Phi
Dans le cadre de la semaine de 8 jours de Renata Morales
Dès mercredi (et jusqu’au 22 juin)

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