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Les démons: la bête rôde

Photo: Funfilm distribution

En décortiquant l’enfance, Les démons impose de façon surprenante le réalisateur québécois Philippe Lesage dans l’univers de la fiction.

Les films sur les peurs d’enfants ne sont pas communs. Surtout ceux qui se déroulent en dehors d’un registre fantastique à la Labyrinthe de Pan. De nature plus réaliste, Les démons épouse le regard de Félix (Édouard Tremblay-Grenier, qui a été choisi parmi 500 enfants), un préadolescent de 10 ans en pleine crise identitaire et sexuelle qui se détache de l’influence de ses parents (Pascale Bussières et Laurent Lucas) pour découvrir la complexité du monde qui l’entoure.

«Je ne crois pas à l’idée que les enfants sont purs et innocents, explique Philippe Lesage. Il y a quelque chose de sombre et de bien à la fois dans l’enfance.»

Errant dans une banlieue comme les autres, Félix s’imagine plein de choses, projetant ses peurs qui sont parfois fantasmées… et parfois réelles! «On vit dans une société qui entretient beaucoup cette paranoïa-là, avance le réalisateur, qui s’est fait le plaisir de revisiter sa propre enfance. On met beaucoup de choses dans la tête de nos enfants.»

Même s’il s’en dégage une sorte de quiétude, Les démons rappelle, à l’instar d’un opus de Michael Haneke, que la menace est palpable et qu’elle attend parfois au coin de la rue pour se manifester. «Tout le film est construit sur la tension, avoue le metteur en scène. Je pense qu’elle se développe tranquillement, insidieusement, un peu malgré nous, de manière un peu floue, et qu’elle finit par atteindre son paroxysme.»

«On n’est pas dans un petit film gentil sur l’enfance. Il va se passer des choses méchantes.» – Philippe Lesage, à propos du film Les démons

Ayant fait sa marque dans le documentaire (Ce cœur qui bat) et l’essai (Laylou), Philippe Lesage a conservé cette démarche d’observation minutieuse où les longs plans servent à la fois à entrer dans la tête des personnages et à créer une atmosphère particulière, enrobant ses dialogues dans une improvisation naturaliste et parfois crue que n’aurait pas reniée un Pialat ou un Cassavetes.

«Mon bagage comme documentariste a complètement métamorphosé ma façon d’aborder la fiction, concède le principal intéressé. En documentaire, il faut une patience incroyable pour suivre un personnage, car souvent, il ne se passe rien… Mais je ne vois pas beaucoup de distinctions entre le documentaire et la fiction. Pour moi, il faut que ça soit du cinéma.»

Offrir autre chose
Cinéphile averti, Philippe Lesage sait exactement ce qu’il veut et surtout ce qu’il ne veut pas.

«Je m’ennuie de plus en plus souvent au cinéma, confie le réalisateur. J’ai le goût de faire des films que j’ai envie de voir en tant que spectateur. D’offrir beaucoup de liberté et des moments de contemplation, de beauté. Et aussi de faire vivre quelque chose de tendu et d’angoissant qui peut me remettre en question ou me faire réfléchir à ma vie, me déranger un peu, me bousculer.»

Les démons
En salle dès vendredi

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