Soutenez

Comprendre le mouvement étudiant

Photo: Archives Métro

Richard Poulin, André Frappier et Bernard Rioux ont tenté de comprendre la dynamique du mouvement populaire et de la lutte étudiante qui ont animé le Québec le printemps dernier dans le livre Le printemps des carrés rouges.

L’année 2012 passera vraisemblablement à l’histoire pour la mobilisation monstre de la population québécoise, qui est survenue au cours du printemps. Tournant d’abord autour de la question de la hausse des frais de scolarité, le débat a vite englobé des enjeux plus larges. Les trois auteurs du livre Le printemps des carrés rouges ont voulu examiner les causes et les enjeux du conflit.

«C’est une analyse du mouvement du printemps passé, avec une attention particulière portée aux négociations qu’il y a eues entre les fédérations étudiantes et le gouvernement, et dans laquelle il y a des informations inédites du négociateur», explique le sociologue Richard Poulin, co-auteur du livre. Tout ça dans un contexte mondial effervescent, attribuable en partie au printemps arabe et au mouvement des indignés, rappelle-t-il.

Les auteurs estiment que, si le mouvement a pris autant d’ampleur, c’est qu’il s’attaquait finalement aux politiques néo-libérales du gouvernement Charest, notamment à la question de l’utilisateur-payeur. «Tout découle du budget Bachand de 2010, qui touchait l’ensemble de la population. L’augmentation des taxes, des frais d’Hydro-Québec, la taxe santé… Et le mouvement étudiant a été l’étincelle qui a permis aux gens d’exprimer leur ras-le-bol», estime André Frappier, co-auteur. Sans oublier le refus de négocier du gouvernement et la répression policière, qui ont alimenté la grogne populaire, ajoute Richard Poulin.

L’ouvrage s’attaque également au rôle joué par les syndicats dans les négociations, un échec selon les auteurs. André Frappier a d’ailleurs été militant au sein du syndicat des travailleuses et travailleurs des postes et de la FTQ avant d’être candidat pour Québec solidaire dans Crémazie aux dernières élections. «Les centrales syndicales ont donné un certain soutien matériel, mais en ce qui concerne l’appui à la lutte, ils ont fait faux bond, affirme le co-auteur. On essaie donc d’expliquer pourquoi elles n’ont pas mis leur poids dans cette lutte, qui bénéficiait à tout le monde.»

Après l’élection du Parti québécois, cette lutte perd-elle sa pertinence? Rien n’est moins sûr, selon les auteurs.«Le changement de gouvernement a permis une victoire, mais elle est fragile», croit Richard Poulin. Le sociologue affirme toutefois que les conséquences de cette lutte se feront sentir dans la société, puisqu’elle a permis une politisation de la jeunesse et une démocratie participative du reste de la population. «Et ça, ça ne disparaît pas, c’est une expérience toujours extraordinaire, estime M. Poulin. Les gens s’en souviennent et sont capables de remettre ces institutions sur pied si besoin est.»

Le printemps des carrés rouges
M éditeur
En magasin mercredi

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.