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François Legault: un homme inquiet

Photo: Paul Chiasson/PC

Inquiet de la situation économique du Québec, François Legault est prêt à se battre jusqu’au bout pour faire valoir ses idées. Métro a discuté avec le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), qui croit toujours pouvoir devenir premier ministre le 7 avril prochain.

Qu’est-ce que vous avez à offrir aux Montréalais?
La plus grande partie de mon Projet Saint-Laurent est à Mont-réal. Je veux faire de Montréal une immense zone d’innovation, capable de rivaliser avec Boston, avec San Francisco, avec ce qui se fait de mieux dans le monde. Depuis 10 ans, la métropole a subi une réduction d’à peu près 30% de ses investissements privés, alors qu’il aurait fallu les doubler. Il y a donc énormément de travail à faire. Il faut d’abord une meilleure concertation entre les municipalités, le 450 et le 514, Montréal International et surtout Investissement Québec. Il faut être capable d’offrir des incitatifs et être très proactif dans la recherche internationale d’investissements privés pour le Grand Montréal. Ça va être mon obsession et ma priorité pour Montréal.

Êtes-vous prêt à accorder plus de pouvoirs à Montréal?
On est très ouverts. Il y a de plus en plus une compétition entre les villes, et celles-ci doivent avoir beaucoup plus de marge de manœuvre, surtout quand il s’agit de la métropole.

Avez-vous des projets d’infrastructure à mettre de l’avant pour Montréal?
On dépense déjà beaucoup en infrastructures. Avec le Parti québécois, le budget annuel de 8G$ est passé à 9,5G$. Les libéraux veulent même l’augmenter à 11G$. Tout cet argent-là s’en va sur la dette qu’on laisse à nos enfants. Le développement du transport en commun, le recouvrement de l’autoroute Ville-Marie, ce sont tous des projets intéressants, mais on ne veut pas s’engager tant qu’on n’a pas vu l’ensemble des projets d’infrastructure. Ensuite, en fonction des priorités et de la capacité de payer des Québécois, on décidera lesquels seront réalisés.

Quelle est votre position par rapport aux régimes de retraite des employés municipaux?
La CAQ veut donner le pouvoir aux municipalités de décréter les conditions de travail des employés. Pourquoi on veut faire ça? Pour rétablir le rapport de force entre la direction de la Ville de Montréal et ses syndicats et enfin régler le problème des déficits accumulés des régimes de retraite.

On a appris durant la campagne que l’Unité permanente anticorruption (UPAC) enquête sur le financement illégal au PQ, de même qu’au PLQ. Est-ce que ça devrait être un enjeu électoral?
Absolument. Ce n’est pas un hasard si le PLQ et le PQ ont déclenché des campagnes électorales sans qu’on soit allé au fond du dossier de la corruption avec la commission Charbonneau. Jacques Duchesneau l’avait dit: l’UPAC a des choses à reprocher autant au PQ qu’au PLQ. Ça va probablement sortir dans les prochains mois, et les gens risquent de regretter leur choix s’ils votent pour eux.

Est-ce dur pour le moral de voir autant de sondages vous accorder de faibles intentions de vote?
Ce n’est pas dans ma nature de baisser les bras. J’ai connu des périodes difficiles dans ma vie. Chez Air Transat, ça n’a pas été facile au début. Ce que je souhaite, c’est que ces intentions de vote soient temporaires.

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Que répondez-vous aux citoyens qui regardent les sondages et qui se disent qu’un vote pour vous est un vote perdu?
S’ils votent pour le PLQ ou le PQ, c’est là que leur vote sera perdu parce qu’il n’y aura pas de changement. On a besoin d’un virage au Québec. Ça fait 40 ans qu’on vote en fonction de notre allégeance constitutionnelle, pour ou contre un référendum, mais on a besoin de beaucoup plus que ça.

Qu’est-ce qui peut encore vous faire gagner?
Ma performance au deuxième débat des chefs peut changer la donne. Ce qui sort sur l’UPAC, aussi, c’est très important. Les Québécois qui jusqu’à quelques jours étaient très inquiets d’avoir un gouvernement péquiste majoritaire qui ferait un référendum n’ont plus peur de cette possibilité. Ils vont pouvoir se concentrer sur d’autres enjeux comme les taxes et l’économie.

Si vous gagnez votre siège dans L’Assomption, assurez-vous que vous terminerez votre mandat, même dans l’opposition?
Oui, je m’engage à terminer mes quatre années à Québec. Pour les gens de L’Assomption et pour mes deux fils, parce que je suis très inquiet de la situation économique au Québec.

Qu’est-ce qui vous inquiète tant?
L’écart de richesse entre le Québec et le reste du Canada ne cesse de se creuser. On est la province la plus endettée et où les familles sont les plus surtaxées. Ce qui m’inquiète, c’est que mes enfants et mes petits-enfants ne soient pas capables de réaliser leurs rêves au Québec et soient obligés d’aller à San Francisco, à New York, à Boston ou ailleurs.

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Questions en rafale

  • Qu’est-ce que vous aimez des campagnes électorales? Passer 33 jours complets avec l’équipe dans l’autobus.
  • Votre plat préféré en campagne? Puisque c’est le temps des sucres, je dirais la tire d’érable, mais aussi les poutines, la pizza, le St-Hubert.
  • Quel est votre rituel pour tenir le coup en campagne? Essayer de me coucher tôt et de lire.
  • Quel livre lisez-vous présentement? Le dernier roman d’Henning Mankell, Un paradis trompeur.
  • Une anecdote de campagne? Mon épouse chante dans l’autobus. Je suis parfois obligé de lui dire de ne pas chanter trop fort pour que je puisse me concentrer sur le prochain discours.
  • Votre mentor? Lucien Bouchard.
  • Un mot pour décrire le nouveau maire Denis Coderre? Dynamique.

Cette semaine
Métro présente cette semaine une entrevue par jour avec les chefs des principaux partis de cette campagne électorale provinciale.

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