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Lino Zambito admet avoir participé à un système

Photo: PC

MONTRÉAL – L’entrepreneur en construction Lino Zambito a admis, devant la Commission Charbonneau, avoir participé à un système entre entrepreneurs en construction à Montréal et avoir payé au clan sicilien une part de 2,5 pour cent de la valeur des contrats que son entreprise Infrabec décrochait à Montréal.

Jeudi après-midi, M. Zambito a commencé à raconter à la commission ses péripéties avec ce qu’il a appelé une clique d’entrepreneurs en construction dans le secteur des égouts et des canalisations, qui se répartissaient d’avance les contrats entre eux, à tour de rôle. Il a nommé neuf entreprises dans ce secteur à Montréal.

Il a aussi avoué avoir payé une part de 2,5 pour cent de la valeur de ses contrats au clan Rizzuto et avoir fait affaires avec une compagnie faisant de la fausse facturation, afin d’obtenir ainsi suffisamment d’argent liquide pour payer son dû au clan.

«On était conscient qu’il y avait certaines ententes entre entrepreneurs qui faisaient que les territoires étaient partagés. En ne faisant pas partie de la clique d’entrepreneurs, c’est sûr que c’était difficile pour une entreprise comme la nôtre, nouvelle, d’aller soumissionner à Montréal et de tenter de décrocher un contrat quelconque. C’était des marchés qui étaient fermés hermétiquement», a-t-il raconté.

Il a néanmoins tenté sa chance pour un premier contrat de réfection d’égouts à Montréal et l’a obtenu en soumissionnant pratiquement au prix coûtant, afin de faire son entrée dans le marché.

M. Zambito a relaté que dès son premier contrat avec la Ville de Montréal, qu’il a obtenu avant de participer lui-même au système, un ingénieur de la Ville, surveillant de chantier, lui a confié que les autres entrepreneurs du secteur étaient mécontents.

«Il avait eu vent que les autres entrepreneurs n’étaient pas contents du fait que j’aie eu un contrat à Montréal, puis il m’avait fait comprendre et sous-entendre qu’il avait été mandaté un peu pour me rendre la vie dure lors de l’exécution de mes travaux», a-t-il témoigné.

Il a dit n’avoir guère eu le choix d’entrer dans cette «clique» pour obtenir des contrats à son tour. Sinon, pour obtenir un contrat, il devait présenter une soumission si basse qu’il la faisait au prix coûtant et ne faisait pas de profits.

C’est celui qui obtenait le contrat qui devait se charger d’appeler les autres pour les aviser que c’était à son tour de décrocher le contrat et de vérifier: «c’est correct avec toi?», a-t-il relaté.

Il a affirmé que «c’était semblable ailleurs» et que ce système n’était pas limité à Montréal.

Il a aussi raconté qu’il versait sa part de 2,5 pour cent à un autre entrepreneur en construction dans le secteur des trottoirs, Nicola Milioto, qui se chargeait ensuite de la porter au clan Rizzuto.

Les policiers qui ont précédemment témoigné devant la commission ont décrit M. Milioto comme le «middle man» entre les entrepreneurs en construction et la mafia montréalaise. M. Zambito affirme avoir agi ainsi parce que cela lui «facilitait» la tâche.

Bien qu’on l’ait aperçu dans une vidéo tournée au club Consenza, quartier général de la mafia, il a dit ne s’y être rendu que trois à cinq fois. «J’évitais le plus possible d’aller au Consenza. C’était connu et médiatisé que ces gens-là étaient des gens qui étaient, on pourrait dire, fichés, suivis par la police. Et moi j’étais là comme entrepreneur pour gagner ma vie et opérer une compagnie de construction», a-t-il justifié.

Pour payer une telle somme en argent liquide, M. Zambito a admis avoir fait affaires avec des compagnies faisant de la fausse facturation. L’une d’elle, par exemple, lui louait déjà des camions. «C’était très facile de rajouter 10, 15 camions fictifs par jour. On se faisait facturer pour. On faisait le paiement par chèque. Ils se gardaient un certain pourcentage sur le montant et le reste nous était remis en argent comptant», a raconté M. Zambito.

M. Zambito n’est plus actif dans la construction aujourd’hui; il exploite maintenant un restaurant.

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