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Marois: voter CAQ, c'est faire plaisir à Harper

GATINEAU, Qc – «Voter pour la CAQ, c’est faire plaisir à Stephen Harper. On ne peut pas lui faire ce cadeau-là!»

Dans le combat sans merci qu’elle livre à la CAQ pour obtenir le vote des banlieues du 450 et ainsi une majorité, la chef péquiste Pauline Marois a lancé une nouvelle attaque contre son adversaire caquiste.

Vendredi soir à Saint-Eustache, elle l’a associé au premier ministre fédéral, peu populaire au Québec, pour mettre en garde les électeurs nationalistes contre la tentation caquiste.

Devant une salle de militants chauffés à blanc, elle a rappelé que François Legault s’est dit Canadien, qu’il n’entend pas faire de revendications constitutionnelles, et qu’il a obtenu l’appui du quotidien torontois National Post.

«À l’heure où on se parle, le choix de Stephen Harper, c’est la CAQ de François Legault», a-t-elle déclaré à ses partisans de la circonscription de Deux-Montagnes, où un transfuge péquiste passé à la CAQ, Benoît Charette, essaie de se faire réélire.

Plus tôt en matinée, à quelques centaines de mètres à peine du parlement fédéral, à Gatineau, la chef péquiste Pauline Marois en a profité pour lancer un ultimatum à Stephen Harper et un message à Thomas Mulcair.

Si elle est élue première ministre, elle demandera à rencontrer le premier ministre conservateur rapidement, dans les jours ou semaines qui suivent, pour poser ses exigences au fédéral.

Elle arriverait avec sa liste: le rapatriement des pouvoirs en matière d’assurance-emploi, de langue, de culture, et de communication. Mais elle est restée vague sur le délai qu’elle donnerait au premier ministre conservateur pour accéder à ses revendications.

Elle se défend d’avoir une attitude de confrontation et affirme qu’elle serait polie, respectueuse mais «ferme» avec son vis-à-vis fédéral. Elle veut ainsi passer, dit-elle, du «fédéralisme de correspondance» – d’échange de lettres – de M. Charest à des échanges «directs, francs», assortis de moyens tels que des lois et motions.

«Je constituerai mon équipe ministérielle, et dans les jours qui vont suivre, dans les semaines qui vont suivre — ce sera très court — je prendrai contact avec M. Harper (si je suis élue)», a-t-elle déclaré dans un point de presse à l’hôtel de ville de Gatineau, vendredi matin, tout près du parlement d’Ottawa, sur l’autre rive de la rivière des Outaouais.

Elle estime qu’il est possible d’avancer sur les quatre fronts simultanément. Cependant, elle a aussi laissé entendre que les négociations avec M. Harper pourraient être élargies, plus «globales», sans élaborer davantage.

Quant à savoir quand M. Harper devra concéder les pouvoirs à un éventuel gouvernement péquiste, c’est une «question de mécanique», selon elle, et elle verra comment y donner suite.

Cependant, le référendum ne serait pas un outil de négociation, a précisé la chef péquiste. Mais le fédéral ne pourra que prendre au sérieux la démarche, menée par parti souverainiste désireux de tenir un référendum, a-t-elle indiqué. Et en cas d’échec, la population devra «tirer ses conclusions» sur la valeur réelle de la reconnaissance de la nation québécoise par Ottawa, a-t-elle dit.

Elle semble peu encline non plus à relayer ses exigences à l’opposition néo-démocrate, qui constitue pourtant l’essentiel de la députation québécoise aux Communes. Elle a plutôt rappelé qu’il restait bien quelques sièges au Bloc.

«J’aimerais bien connaître la position de M. Mulcair par rapport à l’orientation que je porte comme chef du Parti québécois. (…). J’aurai certainement de très bonnes relations avec M. Mulcair que je connais très bien.»

Inquiétée par la lecture des récents sondages suggérant que la majorité pourrait lui échapper, elle a aussi insisté pour dire qu’un gouvernement minoritaire serait un recul pour la souveraineté.

«Diviser les voix des souverainistes, c’est faire reculer notre projet de souveraineté», a-t-elle lancé vendredi midi, devant des militants réunis à Buckingham, dans Papineau, un fief libéral dominé autrefois par Norman MacMillan mais qui pourrait basculer aux mains du PQ, selon un sondage réalisé par Segma, au début de la semaine, et commandité par Le Droit et une station de radio locale.

Elle répondait ainsi à la co-porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, qui courtise l’électorat péquiste insatisfait en soutenant que le PQ n’a pas le monopole de la souveraineté. Aux yeux de Mme Marois, il faut dissiper les chimères de Québec solidaire pour échapper aux attaques concertées des libéraux et des caquistes.

«Dans un gouvernement minoritaire, ce sera très difficile de faire avancer au rythme où je le souhaiterais notre projet de souveraineté, parce que j’aurai devant moi deux partis d’opposition fédéralistes», a-t-elle détaillé en point de presse à Gatineau en matinée.

«Je crois qu’il y a une illusion dans le fait que les gens pourraient imaginer qu’un siège ou deux de Québec solidaire pourraient faire toute la différence. Nous nous ferons attaquer de toutes parts par deux partis fédéralistes.»

Mme Marois faisait campagne en Outaouais vendredi, un territoire réputé fédéraliste et libéral, mais qui serait tenté d’autres formations. Le chef de la CAQ, François Legault y a aussi fait campagne en début de semaine.

Aux militants, elle a renouvelé son appel à la mobilisation, pour faire sortir le vote et convaincre un indécis.

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