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Donner des ailes à BIXI

La nouvelle n’a pas fait de bruit, mais elle revêt une certaine importance avec l’ouverture de la saison de vélo: une fois encore, BIXI ne prendra pas d’expansion cet été.

En fait, la dernière expansion du réseau de vélos en libre-service remonte à l’été 2013, soit quelques mois avant la grande restructuration orchestrée par l’administration Coderre pour assurer sa survie. Depuis, aucune nouvelle station ni aucun vélo n’ont été implantés sur l’ensemble de l’île.

La situation s’explique assez facilement pour la saison 2014, alors qu’on venait de créer à la va-vite un organisme à but non lucratif pour relancer BIXI, qui s’était placé sous la loi de la protection de la faillite quelques mois auparavant. La priorité était donc là: sortir les vélos du gouffre financier grâce à un modèle d’affaires plus efficace et, surtout, plus transparent.

Puis est venu, l’été dernier, un grand test pour le conseil d’administration du nouvel organisme, qui devait prouver sa compétence en matière de gestion d’actifs. La mission a été accomplie avec succès: BIXI a connu sa meilleure année, avec plus de 38 000 abonnés, une hausse significative de ses clients occasionnels et une augmentation du nombre de déplacements sur deux roues. On n’aurait pas pu demander mieux.

BIXI est donc sur la bonne voie pour la saison 2016, peut-être même en meilleure position que jamais. Il aurait été logique d’assister à une expansion de son rayon d’activité, ne serait-ce que de quelques stations. Je pense notamment à Parc-Extension ou à l’est d’Hochelaga-Maisonneuve, des quartiers où l’on retrouve des familles à revenus moins élevés qui dépendent de l’offre de transport public. Le vélo en libre-service offrirait une option supplémentaire, peu onéreuse, à leur cocktail de transport quotidien.

Mais non, pas cette année. Chez BIXI, on marche d’ailleurs sur des œufs quand cette question est abordée. «On y réfléchit, me confie le directeur du marketing et des communications, Pierre Parent. Mais on a décidé, pour le moment, de continuer à consolider notre réseau.»

Lorsque je demande si un manque de fonds pourrait expliquer ce frein à l’expansion du réseau, M. Parent détourne rapidement la question, m’indiquant que plusieurs autres facteurs doivent être pris en compte, dont la densité des quartiers et les flux de déplacements de la population. En d’autres mots, il faut s’assurer que l’aventure soit rentable pour justifier l’élargissement du service.

Cette logique de rentabilité n’a évidemment rien de mal en soi. Après tout, il faut s’assurer que le service réponde à une demande réelle. Cependant, même si une expansion n’est pas totalement rentable, le réseau de vélos publics ne devrait-il pas être perçu comme un service aux citoyens, en complément du transport en commun? La Ville n’aurait-elle pas avantage à allonger plus que les 2,9 M$ qu’elle débourse actuellement (des peanuts dans le budget municipal) si cette somme freine une croissance organique du réseau?

Pour une ville qui se targue d’être la capitale nord-américaine du vélo, la réponse me paraît évidente: oui, oui et oui. C’est une question de mobilité, mais également de responsabilité environnementale et de santé publique. Si on veut bâtir sur l’erre d’aller actuelle, il faut donner des ailes à BIXI, il faut mettre les bouchées doubles pour rejoindre davantage d’utilisateurs. If you build it, they will come, comme disait l’autre.

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