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Parachèvement de l’A19 : l’autoroute de la discorde

Photo: Amine Esseghir/TC Media

Les citoyens étaient nombreux au conseil d’arrondissement du 9 février, à demander au maire Pierre Gagnier pourquoi il appuyait le projet de parachèvement de l’autoroute 19. Pour eux, c’est une source permanente de désagrément et un danger pour les résidents aux abords de l’intersection du boulevard Henri-Bourasssa avec l’avenue Papineau. Pour le maire, cette route ne changera rien à la situation existante. Compte rendu d’un débat tendu.

«Je suis surpris et inquiet de votre appui au parachèvement de l’autoroute 19. Je voulais savoir si vous l’avez fait en votre nom personnel ou au nom des résidents d’Ahuntsic», s’est interrogé Normand Parisien. Ce résident d’Ahuntsic est également président de Transport 2000, une association qui défend le développement des transports durables.

En quête d’appui du maire
«J’ai eu l’impression que mon maire ne défendait plus les intérêts des résidents de mon district», a regretté Karel Mayrand, directeur de la fondation David Suzuki, qui habite le Sault-au-Recollet. «Je suis vice-président de la commission des transports de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), a indiqué M. Gagnier, pour expliquer sa présence, le 3 février, à Laval, avec les maires de la Rive-Nord. Je suis très à l’aise avec cette position parce que 81 villes des 82 qui composent la CMM approuvent le projet.»

Pour lui, l’élargissement du tronçon qui relie la route 440 à la 640 ne changera rien au flux de voiture qui débouche à Ahuntsic. «Quand on parle de la 19, ici, elle existe déjà», soutient-il. Il cite à sa décharge les propos de Richard Bergeron, ancien chef du parti municipal Projet Montréal qui, dit-il, «n’est pas l’ami des automobiles et qui soutient ce projet.» Par ailleurs, M. Gagnier a présenté les chiffres du débit des véhicules sur l’A19, qui serait en baisse.

En toute transparence
«Aurez-vous le courage de consulter les citoyens d’Ahuntsic sur cette question pour savoir s’ils sont derrière vous?», a demandé M. Mayrand. «Je ne me cache pas, a répondu M. Gagnier, qui est prêt à relever le défi. J’ai été élu par vous, je suis là pour vous écouter. Je ne suis pas borné.» Devant la multiplication des questions de citoyens sur l’A19, le maire Pierre Gagnier a limité le nombre des interventions à trois.

Circulation de transit
Ces plaidoyers ont irrité Harout Chitilian, conseiller de Bordeaux-Cartierville.  «J’entends les gens parler de l’A19, mais je voudrais qu’ils fassent preuve de solidarité avec les résidents de l’ouest, qui voient leur quartier défiguré par la circulation de transit. Depuis cinq ans, personne ne s’est levé pour parler de leur situation déplorable.»

Il a mis également en parallèle les choix de société que la collectivité doit faire. Beaucoup de projets de condos, favorisant la densification et réduisant les déplacements, ont été rejetés par les résidents d’Ahuntsic-Cartierville.

Préoccupation générale
Le parachèvement de l’autoroute 19 préoccupe les citoyens d’Ahuntsic, reconnaît Pierre Desrochers, conseiller de Saint-Sulpice et président du comité exécutif de la Ville de Montréal. On va s’assurer que les impacts soient contrôlés. Il n’est pas question que cela se fasse au détriment des citoyens du quartier.»

Il assure que les élus sont en attente des conclusions du rapport du Bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE). Le ministre de l’Environnement a jusqu’au 15 mars pour le rendre public. M. Desrochers a annoncé aussi que des aménagements pour 32 M$ seront réalisés sur l’avenue Papineau entre la rue de Louvain et le boulevard Crémazie. Ils ont pour but de réduire la vitesse automobile et assurer une plus grande sécurité pour les piétons.

«Avec ma collègue Émilie Thuillier, nous plaidons pour un boulevard urbain, a rappelé Lorraine Pagé, conseillère du Sault-au-Recollet. Selon elle, cela doit se faire non seulement pour régler des problèmes de sécurité et de qualité de vie, mais aussi pour des questions de couts. Elle a prévenu du même coup que le projet est loin de faire l’unanimité chez les élus de l’arrondissement. Pour elle, l’erreur a été commise dès le départ, quand on a fait déboucher une autoroute dans un quartier résidentiel.

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