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Un quartier à l'image de ses résidents

Le 1846, avenue du Mont-Royal n’est pas un commerce vacant comme les autres. Au mois de décembre, deux étudiants de l’école HEC s’y sont installés afin d’interroger les résidents du quartier sur le type de boutique qu’ils voudraient y voir s’implanter.

« Notre objectif, c’est de redonner la parole aux citoyens pour qu’ils puissent construire un quartier qui leur ressemble. Grâce à notre entreprise, les gens peuvent voter et dire ce dont ils ont besoin », explique Louis Delaoustre, cofondateur de Potloc, une nouvelle firme d’étude de marché.

Plus d’une vingtaine de locaux sont vides sur l’avenue du Mont-Royal. Un soir, en discutant autour d’un verre, M. Delaoustre et son associé, Rodolphe Barrere, ont déploré ce nombre élevé.

« On se disait qu’il manque des choses dans notre quartier et qu’on aimerait qu’elles se retrouvent dans les commerces vides. Mais personne ne nous permettait d’exprimer ce besoin. C’est à ce moment qu’on a eu l’idée de demander aux gens du quartier ce qu’ils aimeraient avoir dans les locaux vides. Une façon de relier l’offre et la demande », raconte M. Barrere.

Rapidement, les deux jeunes entrepreneurs sont passés à l’action. Ils ont d’abord approché la Société de développement de l’avenue du Mont-Royal (SDAMR). Cette dernière les a aidés à cibler quelques propriétaires d’espaces commerciaux vacants qui peinent à louer leur local. Le premier qu’ils ont contacté a tout de suite aimé l’idée et a signé une entente de partenariat.

Une semaine plus tard, les deux associés ont pris possession du lieu et y ont posé des affiches. Par une froide journée du mois de décembre, ils ont offert du café aux passants en échange d’un vote.

« Tous les participants ont été emballés par le projet. Ils rentraient en disant n’y rester qu’une minute, mais y demeurait une dizaine parce qu’ils prenaient le temps de réfléchir. Il y avait même des gens qui discutaient de leur choix entre eux », raconte M. Barrere.

Entre le 12 et le 31 décembre, 532 personnes se sont prononcées en personne à la boutique Potloc. De plus, une centaine d’autres ont exprimé leur choix sur Internet.

Bien que les gens sondés aient eu le droit de voter pour le type de commerce de leur choix, les opinions ont souvent été dans le même sens. D’ailleurs, les 20 idées les plus populaires ont récolté 90 % des suffrages.

En tête de liste, une épicerie biologique. En deuxième place, une galerie d’art.

Redynamiser les artères commerciales

« C’est intéressant pour le propriétaire, parce qu’en connaissant les véritables demandes des gens du quartier, il pourra trouver le bon locataire, celui qui restera. Pour le résident, c’est intéressant aussi puisqu’en votant, il pourra avoir les magasins dont il a besoin. Ça aidera aussi les commerçants, puisque la clé du commerce au détail, c’est l’emplacement », souligne M. Delaoustre.

Au propriétaire du local vacant, Potloc remettra un rapport détaillé de la consultation.

« En discutant avec les gens, ça nous permet de comprendre le besoin réel et de qualifier les votes. Par exemple, lorsque les gens nous disent qu’ils veulent une épicerie biologique, ils nous disent aussi qu’ils veulent des produits sans gluten ou sans lactose. Ça nous donne des renseignements très pertinents pour le futur commerçant », explique M. Delaoustre.

Dans le milieu du développement commercial, le projet des deux entrepreneurs est bien apprécié.

« Ça pourrait être un bon outil de travail, dit John Fogarty, vice-président de la SDAMR. La mixité des commerces, c’est extrêmement important pour une artère commerciale. »

« Le besoin est saisissant. Il y a beaucoup de propriétaires qui ont de la difficulté à combler tous ces pieds carrés d’espace commercial disponibles, explique Stéphanie Birbe, agente de communication à la CDEC Centre-Sud/Plateau Mont-Royal. L’initiative de Potloc est extrêmement intéressante puisqu’elle redonne la parole aux citoyens. »

À la suite de ce projet pilote, les deux associés veulent étendre leur concept à d’autres arrondissements de la métropole.

« Les mairies ont des plans de redynamisation des artères et nous voudrions travailler en partenariat avec eux pour faire des Potlocs dans différents endroits clés », soutient M. Barrere.

Selon eux, les artères commerciales de Hochelaga-Maisonneuve, du centre-ville et de Griffintown pourraient bénéficier de leur expertise. De plus, ils projettent travailler avec d’autres municipalités du Québec. D’ailleurs, ils ont déjà entamé des discussions avec la Ville de Longueuil.

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