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La coquine tranchante

À 50 ans, l’actrice et humoriste Francine Lareau n’est pas connue du grand public. Ou du moins, pas encore. Loin d’en concevoir de l’amertume, elle en rigole et s’en est même inspirée pour écrire son premier spectacle humoristique Chus pas connue (encore) , présenté à Montréal l’automne dernier. La résidente du Plateau-Mont-Royal, qui gagne à être connue, compte reprendre son show d’ici le début de l’été … Rencontre.

Francine Lareau a gradué du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en 1982. Peu de temps après, elle décrochait le rôle de Suzanne Dufour dans un téléroman culte des années 80 : Épopée rock. Dans les années 1980-1990, elle apparaît dans d’autres feuilletons québécois tels que Terre Humaine, Bouscotte, 4 et demi ou Scoop.

Lorsque des raisons personnelles l’amènent à s’éloigner des plateaux de tournage, elle ouvre une école de théâtre. Puis, exploitant son côté créatif, elle se tourne vers l’organisation d’événements et le développement de concepts humoristiques.

Mais la coquine tranchante – c’est ainsi qu’elle se qualifie – s’ennuie de la scène et ressent une dangereuse envie de plonger dans l’arène de l’humour. « J’ai toujours voulu faire de l’humour. C’est ma force, je suis douée pour le bonheur ! », lance celle qui, il y a plusieurs années, écrivait sur commande des numéros d’humour pour l’émission Les Démons du midi avec Gilles Latulippe.

« Je ne suis pas quelqu’un qui peut attendre que le téléphone sonne pour une audition. Et je ne voulais pas être une vieille aigrie de 80 ans », ajoute Francine Lareau.

À 50 ans, elle décide de franchir le cap et de laisser jaser la comique en elle. « J’ai fait le saut l’année dernière, mais ça fait des années que j’écris des monologues, que je prends des notes dans un cahier. Je suis une comique! Quand j’interprète un rôle, je lui amène du rythme, de la vie, de la couleur », souligne la comédienne qui a récemment joué dans le film La Route des Cieux de Jean-Pierre Lefebvre et dans la populaire série Les Boys.

D’actrice à comique

À l’automne 2011, Francine Lareau présentait à Montréal son premier spectacle intitulé Chus pas connue (encore) . Un titre qui, de son propre aveu, en dit long sur le contenu du show. « Je pars de moi, de ce que j’ai vécu en tant qu’actrice pas connue ! Quand tu dis à des gens que tu es comédienne, ils te demandent souvent « tu joues dans une émission? » Et quand tu leur réponds non, ils te demandent « est-ce que tu vas jouer bientôt quelque part ? », souligne-t-elle, ajoutant qu’elle a choisi d’aborder avec humour la pression extérieure inhérente au métier d’actrice. « Ça m’a inspiré un numéro où une actrice rencontre un plombier… C’est un show rempli d’autodérision, sans amertume, très vivant, coloré, un peu bande dessinée et théâtre italien. Je viens de la scène et ça se sent, j’apporte ce bagage avec moi ». Dans cet enchaînement de monologues, construit selon une structure où « tout se suit et s’imbrique », le thème de l’attente semble bien présent. « Dans n’importe quel métier, si tu es dans l’attente, tu ne prends pas confiance en toi et tu ne développes pas tes talents. Mon message, en sous-texte, c’est de ne pas attendre, de faire ce que t’as à faire, de te prendre en main », lance-t-elle. Pour la comédienne et humoriste, se responsabiliser, dans une société où râler contre tout et tout le monde est plus simple que de se remettre en question, devient un enjeu primordial. « Par le biais de mon spectacle, j’envoie une coupe de flèches politiques, mais je m’adresse aussi à monsieur et madame tout-le-monde. Si chaque personne était responsable de sa propre vie, on en changerait des affaires, estime-t-elle. Mais attention, le spectacle n’est pas moralisateur, je suis une comique! », répète, pimpante, la créatrice. À l’aide de ses observations du monde, Francine Lareau semble ainsi s’adonner à une critique sociale exempte de cynisme. « Mon défi était de faire un show sans être trash. Il y a déjà des gens qui sont super bons là-dedans. Une critique sociale peut être aussi forte si on le fait avec un gros smile. Moi, je passe par la candeur et ça peut être dangereux, car tu ne vois rien venir! ». Forte de l’expérience qu’elle a acquise l’automne dernier, Mme Lareau compte remonter sur scène d’ici le début de l’été avec une version revisitée de Chus pas connue (encore). « Il y aura des ajouts et du peaufinage, mais je garderai ma propre couleur, mon énergie, ma vitalité! », assure-t-elle. D’ici là, vous pouvez aller consulter sur Internet les capsules intitulées « La folle de U tube », où Francine Lareau, se filmant avec son Iphone, s’inspire de la Folle de Chaillot – une pièce de théâtre de Jean Giraudoux – pour créer un personnage joyeusement déjanté. Informations : www.francinelareau.com

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