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Le cœur du quartier Milton-Parc

Photo: Catherine Bouchard/TC Media

La brigadière, Fatima Douffik, éclaire l’intersection de la rue Saint-Urbain et l’avenue du Mont-Royal avec son sourire depuis sept ans maintenant. La Marocaine d’origine incite le civisme d’automobilistes et cyclistes avec sa courtoisie et sa bonne humeur, tous les jours d’école.

À ce coin de rue très passant, un feu de circulation assure l’arrêt des véhicules. Les cyclistes, eux, poursuivraient à grande vitesse leur chemin, si ce n’était de l’intervention de Mme Douffik. Elle se met au milieu de la piste cyclable, brandit sa pancarte d’arrêt avec un grand sourire et salue les personnes qu’elle vient d’arrêter. Une fois les enfants traversés, après un chaleureux au revoir de ces derniers, la dame souhaite une bonne journée aux automobilistes et cyclistes à l’arrêt.

«Ils passent très rapidement et c’est dangereux pour les tout-petits. En tant que brigadière, je dois savoir où est le danger, alors je me mets dans la piste cyclable. C’est important pour moi de faire preuve de courtoisie en arrêtant les gens. Ça incite les bonnes habitudes de partage de la route», remarque la brigadière.

Pour elle, la politesse encourage le respect de tous les usagers de la route.

Une deuxième maman
Plus qu’une simple agente de la circulation, la Maghrébine cultive la confiance des parents en faisant un suivi avec eux sur les habitudes de leurs enfants, toujours guidée par son amour profond pour les jeunes.

«Je suis comme leur deuxième maman. Lorsqu’ils ne viennent pas à l’école, j’appelle leurs parents pour m’assurer que rien ne leur est arrivé, qu’ils n’ont pas été happés ou kidnappés. Je m’inquiète! Il y a aussi des ruelles peu recommandables tout près. S’ils les empruntent, j’en parle à leurs parents», assure la mère de trois garçons.

L’ami de la Montréalaise d’adoption, Walid, propriétaire de la tabagie sur Mont-Royal, à deux pas de là, n’hésite pas à dire qu’elle est l’âme du quartier.

«Fatima, c’est le cœur du quartier! Tout le monde la connaît ici.»

À peine deux pas dehors avec Mme Douffik et elle se fait saluer à trois reprises.

«Quand je suis arrivée dans le quartier, il y a dix ans, ce n’était pas comme cela. Personne ne se saluait, les gens étaient dans leur coin. J’arrivais directement du Maroc et pour moi, c’était impensable. À force de saluer et sourire à tout le monde, ça a développé cette habitude. Des personnes âgées se confient à moi maintenant. Les jeunes que je fais traverser une fois au secondaire et au cégep continuent à venir me voir et me raconter ce qui se passe dans leur vie. Je crois qu’on ne les écoute pas suffisamment», continue la Marocaine.

Mme Douffik a acheté, avec son mari, une résidence à Anjou récemment. Elle fait donc une heure de transport en commun pour l’aller, mais pas question pour elle de laisser tomber ses «chéris», tels qu’elle les appelle.

«Les parents me font confiance! Certains écoliers sont très petits et ils viennent seuls, parce que leurs parents me disent qu’ils les savent en sécurité avec moi. Des enfants ne traversent pas si je ne les fais pas passer. Comment ne pas les aimer?», conclut-elle.

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