Exposition Selfie à la Galerie Mekic: Au-delà du cliché

Le selfie, cette détestable habitude de prendre une photo de soi pour la partager sur les médias sociaux, résume bien notre époque. Le «moi», placé au centre de l’univers, cherche à se mettre en scène, peu importe le prix. En réponse à ce phénomène, 13 artistes ont proposé une réflexion toute personnelle sur l’égoportrait dans l’exposition Selfie, présentée à la Galerie Mekic.

Qui de mieux pour parler de l’égoportrait que des représentants de la génération des 35 ans et moins, qui sont tombés très tôt dans la marmite des téléphones dits intelligents et des médias sociaux? La Galerie Mekic, maison culturelle du Moyen-Orient, a demandé à 13 jeunes créateurs canado-iraniens de mettre à nu le narcissisme ambiant de la société. «Ils ont réussi à mettre en rapport notre propre petitesse et notre désir d’être exposé, d’être reconnu», résume Olga Pudelko, responsable de la galerie.

Jeu de miroirs, superpositions, effet de série, le collectif a usé de tous les artifices pour dépeindre un phénomène devenu mondial.

Certaines œuvres sont plus symboliques, comme celle de Payam Mofidi, qui a peint un autoportrait collectif de son pays, l’Iran, représenté par  une grande maison abandonnée dans une terre déserte submergée d’eau.

Le marathon de survie, de Hadi Jamali, troublante de véracité, revisite le mythe de Sisyphe. L’œuvre sur vidéo montre des quidams qui grimpent à contresens l’escalier roulant d’un métro. Ils s’exposent à notre vue une courte seconde, mais aussitôt qu’ils s’arrêtent, ils redescendent. Le manège se répète encore et encore jusqu’à ce que le spectateur se lasse. «Peut-on résister à la pression de la société et décider de ne pas vouloir monter l’escalier», s’interroge Mme Pudelko?

L’exposition Selfie est présentée jusqu’au 14 juillet à la Galerie Mekic, 4438, rue de la Roche.