Des souliers blancs pour Concepciòn

Une neige abondante tombait sur Montréal, alors qu’une vingtaine de personnes s’étaient réunies pour marcher sur l’avenue du Parc, en mémoire de Concepciòn Costacans, happée mortellement sur l’artère. Sur un poteau de l’intersection Duluth et du Parc trône désormais des chaussures blanches avec un bouquet de fleurs rappelant la dernière balade de la Montréalaise de 62 ans.

Durant la cérémonie, une minute de silence a été respectée, où seul le vrombissement des voitures se faisait entendre. Les membres de la famille peinaient à contenir leurs larmes.

«On ne pensait pas venir, mais vu que nos amis proches sont présents, on s’est dit qu’il fallait qu’on soit là aussi. Ce n’est pas facile. C’est la première fois qu’on est sur les lieux de l’accident», relate le fils de Mme Cartacans, Jonathan.

Le conjoint de la victime, André Benyamin, était particulièrement ébranlé.

«C’est drainant de retourner sur les lieux de l’incident. Je suis sans mot devant cet hommage et je suis content qu’autant de gens y aient participé. J’espère que les choses vont changer pour assurer la sécurité des piétons.»

Cet événement tragique a enlevé à ce Montréalais d’origine iranienne sa complice de longue date.

«Ça fait 37 ans qu’on était marié. On ne pense jamais que ça puisse se terminer comme cela», dit-il.

Sécurité
Chaque année, sur l’avenue du Parc, 15 piétons sont blessés gravement ou tués, selon Piétons Québec. Le regroupement, créé en juin dernier, réclame plus de sécurité.

«On devrait être en mesure de traverser la rue sans craindre pour sa vie.», s’indigne le porte-parole, Félix Gravel.

Ce dernier a réclamé que toutes les artères de Montréal soient sécurisées.

Tensions
Une chaîne humaine s’est créée spontanément à la fin de la cérémonie sur l’avenue du parc.

Lorsque le feu a tourné au vert, les automobilistes ont démontré des signes d’impatience. Ils blasphémaient, klaxonnaient et véhémaient contre les piétons. Un véhicule utilitaire sport a passé entre la chaîne humaine et même par-dessus le terre-plein pour continuer sa route.

Le tout n’a duré qu’une trentaine de secondes et les piétons ont rapidement libéré la voie.