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Retrouver la paix loin des bombes

Moriss a fui les bombardements d'Alep pour s'installer avec sa famille à Montréal. Photo: Delphine Jung - TC Media

Moriss, qui s’est installé à Montréal avec sa femme et son fils, fait partie des 10 000 réfugiés qui ont fui les bombes et les balles pour retrouver la paix au Canada. D’Alep à Mercier-Est, le père de famille raconte son périple.

Béret enfoncé sur la tête, bottes d’hiver et gros manteau, Moriss, 62 ans, se présente au Carrefour solidarité d’Anjou. C’est ici, dans ce centre où lui et sa famille recevront des cours de français, que TC Media l’a rencontré.

Arrivé le 28 décembre sur le sol montréalais, accompagné de sa femme, Soad et de leur fils, Anwar, Moriss peine encore à raconter la violence dont il a été témoin.

«Nous habitions dans un quartier tranquille. Aujourd’hui, tous les secteurs de la ville peuvent être pris sous les bombes», explique-t-il par l’entremise d’une interprète.

Lorsqu’on lui demande ce que cela lui fait de quitter sa maison et le reste de sa famille, c’est le silence. Moriss ne répond pas. Les larmes lui montent aux yeux. C’est la seule réponse qu’il se sent capable de donner aujourd’hui.

«Avant, on vivait tous ensemble»

Pourquoi partir si loin alors que l’Europe était presque à leur porte? «Nous n’y avons même pas pensé. Nous sommes venus chercher la stabilité dans un pays où il n’y a pas de tensions religieuses».

Il évoque un passé désormais révolu dans son pays: «Avant, on vivait tous ensemble, chrétiens et musulmans.»

Aujourd’hui, marqué par la tristesse, il ajoute: «Ce sont ces malades islamiques qui ont amené la guerre dans mon pays. Aujourd’hui, les jeunes ne savent plus ce qu’il y a dans le Coran. Ces gens en profitent pour leur mettre des idées dans la tête », analyse-t-il, la voix une nouvelle fois gagnée par l’émotion.

La paix

Un an après avoir fait une demande d’immigration, Moriss et sa famille arrivent au Québec au tout début de l’hiver. La neige est surprenante?  «Il y en a aussi en Syrie», lance-t-il avec le sourire.

La famille est accueillie par François Baril, le curé de l’église Saint-François d’Assise, à Mercier-Est. Il leur trouve un logement au presbytère en attendant qu’ils deviennent un peu plus autonomes. «C’est le frère de Moriss que je connais depuis 25 ans qui m’a demandé de les héberger», raconte-t-il.

«Les gens que j’ai rencontré ici, c’était comme s’ils avaient toujours été mes amis, que je les connaissais depuis longtemps», souligne Moriss, marqué par l’accueil chaleureux qu’il a reçu.

Pour le moment, il ne pense pas encore à chercher un emploi. «On veut d’abord apprendre le français», lance cet ancien professeur de physique-chimie. Sa femme, elle, a une formation en architecture et son fils de 31 ans, en informatique.

C’est Flora, l’enseignante du Carrefour solidarité d’Anjou, qui leur donnera des leçons. Cet organisme œuvre depuis 1992 en faveur de l’intégration des nouveaux arrivants à Montréal. Et même s’il avait suivi des cours il y a longtemps, son français est un peu rouillé. Venu aujourd’hui avec un paroissien, il devra, à l’avenir, apprendre à se rendre jusqu’au Carrefour seul.

Malgré tout, son cœur est encore ailleurs. Lorsque la paix sera revenue en Syrie, c’est là-bas, qu’il voudra retourner.

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